Une communication biaisée peut devenir pire qu’un virus (Par Mamadou Aïcha Ndiaye)

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Aristode disait qu’:« Il y a autant de différence entre les savants et les ignorants qu’entre les vivants et les morts ».

Parler à un ignorant doit se faire simple, à mon avis, s’adresser à un savant nécessite plus de logos (raison). Partant de cet aveu, je pose la différence de communication entre celle de M. Pape Moussa Thior, présenté, comme expert en santé publique qui dit, je cite: « On sème la panique dans la population, je ne vois pas la raison de s’alarmer… », contre la communication plurielle déployée par l’État su Sénégal, à travers, les Ministères de la Santé et de l’action sociale, le Ministère de l’Intérieur, celui des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur et du Ministère de la famille, du Ministère du Développement communautaire, de l’Équité sociale et Territoriale, pour ne citer que ceux-là.

J’encourage l’union des forces vives de la nation, autour d’un même idéal de combat qui bute, et affaiblit l’espoir d’une autre frange, qui s’inquiète pour le rapatriement des corps, décédés, du Covid-19. Nous suivons l’évolution de cette trame.

M.P.M Thior, doit-on communiquer tout azimut? Si la science se repose en bonne partie sur du rationnel et la religion sur des dogmes, je cherche à comprendre la conviction de cet (expert) interviewé pour comprendre son assertion.
Déjà, son bruit organisationnel occasionne un malaise dans l’organisation du plan de communication et de riposte, harmonisé, de l’état. 

La cause proviendrait d’une communication boiteuse, chaotique, peut-être, comme celle de sa communication. Selon lui : « La crainte de ce qui s’est passé en Europe et en Chine ne peut justifier le couvre-feu, la fermeture des écoles et des lieux de culte… », ou encore, « L’Occident a cherché à nous faire peur… » (source) L’OBS N° 4976, du 30 avril 2020. Ces déclarations mériteraient des éclairages plus poussés.

Les déclarations de Moussa sont-elles fondées? En tout cas, j’ai essayé d’analyser son point de vue. Comment imaginer un différend scénario contraire au confinement recommandé. Pour lui, fallait-il qu’on laisse tout le monde circuler, éternuer partout, serrer la main à toute rencontre, faire des accolades et ne pas rester à la maison ? Moussa Thior devrait encore nous convaincre par une approche scientifiquement démontrée, en sa qualité d’expert en santé publique pour ne pas tomber dans l’aberration.

Je pense que sa communication est discutable à plusieurs niveaux. D’abord, sa communication intervient dans un contexte de crise et, est loin d’être proactive. Ensuite, elle prend le contrepied de la communication de risque qui mise sur l’optimisation du temps, des ressources,car chaque minute compte, selon des chercheurs avertis dans le domaine. 

Or, pour lui, (M. Thior), « tirer profit » est forcément économique. Monsieur Thior, sait en es qualité, que le virus n’attend pas et les morts se ramassent partout. (9) morts présentement pouvaient être plus nombreux si, la pagaille était tue et autorisée au Sénégal, bien que la stratégie soit à panser pour les récalcitrants.

Qui doit parler aux populations, qu’est ce qu’il devrait corriger pour éviter le chaos ? De nos jours, tout le monde communique. Je ne cherche à évaluer le dispositif de communication institutionnel de quelconque ministère mais des efforts sont à stabiliser et des manquements remédiés.

Force est de constater dans notre environnement digital, il suffit d’avoir un téléphone intelligent, une connexion internet, de pouvoir prendre des photos et des vidéos pour diffuser ou partager des informations sans problème. Un surf incontrôlé balafre des forts.

Certains même, se permettent de faire des live et prennent la place des reporters avec des phonétiques et connaissances basiques. Bravo, le génie sénégalais est un riche potentiel. Quand des experts en santé publique agrémentent le débat et sensibilisent autrement, à tout champ, ça devient compliqué. Dans ce siècle, tout le monde est communicant, tout le monde est journaliste. J’ai envie même de dire, que quelque part le mur s’est effondré. Les failles sont incommensurables, les responsabilités divisées. D’aucuns acquiesceront et diront qu’on circule, car il n’y a plus beaucoup à réguler. Soit ! 

Un autre Thior, cette fois-ci, un homonyme (Mamadou) sait, bel et bien que, n’est pas journaliste qui veut, car le terme communiquer, a un sens étymologique. Communiquer, est un mot d’origine latin, « communicarer », « weccoy xalat, kaddu », en wolof. Il paraît que communiquer figure dans le langage français au milieu du XIVème siècle, et peut signifier ‘‘mettre en commun, être en relation’’. Cette communication donc, disais-je, consiste à̀ faire participer, transmettre, révéler, entrer en contact, ou entretenir des relations réciproques.

Au Sénégal, à l’instar de plusieurs parties du monde, on a ajouté de nouveaux verbes dans ce classique terme « communiquer », qui devient dans des circonstances regrettables, maintenant: manipuler, inventer une rumeur, mentir, faire faux, déformer des propos, diffamer, prêcher le faux pour avoir le vrai, publier un doute, toute cette orchestration pour entraîner l’opinion vers des chimères. Pourtant, de nouvelles approches existent pour contrer. Non, seulement ceux qui nourrissent ces troupeaux dans des prairies toxiques, érodent, vicient, et peignent la véracité mais, ils portent atteinte à la dignité, au respect de mesures : sanitaires, civiques, sociales, pire, ces mauvaises informations dérangent et polluent.

Certains hommes communiquent pour informer, échanger des informations, mais ne mettent plus en avant la vérité. Ils expliquent un avis sans laisser le soin aux connaisseurs, aux experts de ce domaine de le faire. Si d’autres sont attendus pour élucider une situation, consulter une entité, séduire un partenaire stratégique ou social, les mauvaises langues se délient et souillent le plan et installent le doute.

Par exemple, je suis persuadé que toutes les campagnes de vaccination ne visent pas à diminuer la population mondiale. J’en suis convaincu. Pourquoi donc cette communication qui a fini de faire le tour du monde, du Sénégal, tente de décourager mes sœurs de Bignona, de Kadji Madia, de Barkédji, de Kholkhol, de Linguère, de Goxu-mbacc et de Yoff à ne plus aller dans les postes de santé. Attention ! Faire frémir mes pairs de pater au point de boycotter, désormais, le cases de santé synonyme de frein d’une prévention contre la poliomyélite, la rougeole, la fièvre jaune, serait un odieux crime. Qui doit communiquer pour rétablir cette peur née de la psychose vaccinale ? 

Pour les mandataires invités à faire exercer un pouvoir par délégation, c’est la courroie et la bannière. Tout est source de suspicion. Un budget, une ligne de crédit, une commande de fournitures, un fonds de concours, un besoin quelconque en matière peut mettre la famille d’un ordonnateur de dépenses, dans de sales draps d’une revue de presse. Certains managers, dirigeants sont véreux, c’est irréfutable, on s’entend là-dessus, et c’est indiscutable. Mais plusieurs d’entre eux aussi, ont été accusés à tort. L’ancien président de l’assemblée nationale Mamadou Seck, l’ancien élu, député du parti démocratique sénégalais, avait montré une honorabilité inoubliable, en démissionnant de son poste afin de répondre à la dame justice.  

À déplorer que certains compatriotes se fichent des gestes barrières pour protéger les autres de la pandémie, montre la communication n’est pas l’apanage exclusif d’un changement de comportement. Cette communication, certes multiforme a des limites. Elle peut être déplacée, mal vue, incompréhensible et inefficace. Au Sénégal, les médias traditionnels jouent merveilleusement leur partition, les réseaux sociaux aussi, mais le fact checking pêche dans la stratégie globale, et les fausses nouvelles sont nombreuses. Le port de masque est obligatoire, certes mais que dire de sa portabilité. Masque mal fait, mal porté, posé, entretenu peu ou prou, le lavage des mains contesté, la distanciation sociale, le confinement négligés, le virus triomphe.

La communication donc, selon plusieurs spécialistes met en jeu, quatre composantes: L’émetteur, le signal, le canal et le récepteur. Point de dispenser une séquence pédagogique en science de l’information mais, rappeler ces quatre éléments, explicitement, revient à dire que : L’émetteur est la personne qui désire faire passer un message et atteindre le destinataire. 

Le bruit sémantique occasionné par Moussa Thior, intervient déjà car, (lui) l’émetteur et le récepteur (opinion publique) ne parlent ou comprennent pas la même langue utilisée, la langue de Molière, (le français) utilisé dans ce quotidien n’est pas lu par des millions de sénégalais. Le grand penseur et combattant de la non-violence, Mahatma Gandhi disait que: « Le monde a assez pour satisfaire les besoins de tous, mais pas assez pour satisfaire la cupidité de tous ».

Certes, le cadre de référence d’une personne pouvant être son environnement, sa religion, ses aptitudes, ses humeurs, ses convictions politico-sociales, je concède sa liberté d’expression. Comme je ne maîtrise pas les tenants et aboutissants de Monsieur Moussa Thior, lui seul pourrait élucider son propos assez confus pour certains et prétexte polémique pour d’autres.

Mamadou Aicha Ndiaye

 journaliste et chercheur à l’Université Laval – Canada

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