Une comédie bien de chez nous (Par Jean Marie Biagui)

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Tout récemment, un skipper a été déclaré vainqueur à l’issue d’une course à la voile, non pas parce qu’il était en tête au final, mais parce que le jury compétent a pris en compte le temps qu’il avait perdu quand il se portait au secours d’un concurrent en perdition.

C’est qu’il y avait chez cet homme-là comme un dilemme : celui de poursuivre sa route ou de virer à tribord pour aller secourir son concurrent. Et, en une fraction de seconde, sa conscience de trancher dans le vif du sujet, tandis que son concurrent lui devra sa vie sauve.

Or, chez nous, au même moment, quelque chose survint, qui me choqua : le silence ou l’indifférence individuels et collectifs qui ont accompagné la dernière offensive en date de l’Armée nationale contre les positions de Atika, la branche armée du Mouvement des Forces Démocratiques de la Casamance (MFDC), jusqu’alors « oubliée » de tous, à la faveur notamment du processus de paix alors en cours.

Et Atika d’essuyer sans ménagement les assauts musclés de l’Armée nationale jusqu’à vaciller, à la satisfaction manifeste ou apparente des populations ; lesquelles, concomitamment, se montreront plutôt bruyantes à l’annonce de présumés actes répétitifs de viol avec menaces de mort sur la dame Adji Sarr, de la part du sieur Ousmane Sonko.

Au vu de la ruée multiforme, multicolore et multi-socioculturelle chez le sieur Ousmane Sonko, consécutive à cette annonce, il faut croire que ce dont il est accusé participe des « vices » banalement communs chez nous. Sinon comment comprendre cet engouement au domicile du mis en cause dans cette affaire de présumé viol répétitif avec menaces de mort, alors même que ladite affaire est toute pendante devant la justice ? Même un collectif dit de religieux s’est prêté à ce jeu de manière pitoyable.

La dame Adji Sarr ne saurait être réduite sous aucun prétexte à une paire de fesses. Non !

Qui plus est, celle-ci n’est pas victime d’un accident, ni d’une erreur médicale. Mieux, elle affirme avec responsabilité et gravité être victime d’actes répétitifs de viol avec menaces de mort, dont elle accuse précisément le sieur Ousmane Sonko et contre lequel elle va ester en justice. En l’espèce, en tant qu’elle est formelle, sa plainte est non-négociable.

Alors, honte à vous messieurs du collectif dit de religieux « médiateurs » !

La dame Adji Sarr, faut-il le rappeler, est la fille de sa mère, autant que le sieur Ousmane Sonko est le fils de sa mère.

Autrement dit, les deux mamans sont ici comme en communion, par cela seul qu’elles sont respectivement mères d’une victime et d’un coupable présumés. L’une vaut l’autre, puisque la qualité de fille pour la première vaut celle de fils pour la seconde. Fatalement ! Et alors ?

Alors, que vaut en l’occurrence le « silence » de la première mère depuis son Sine-Saloum natal face au « cri du cœur » assourdissant de la seconde mère depuis sa Casamance natale ?

Entendons-nous bien : je ne veux pas, mais alors pas du tout, de la sainteté sur Terre. Bien au contraire, j’entends vivre mon humanité dans toute sa plénitude, c’est-à-dire avec la condition fatalement humaine y relative ; y compris donc avec le péché. Je suis pour ainsi dire le pécheur même par excellence.

Mais je ne suis pas que cela. Je suis aussi un Rebelle. Pis, je suis un Rebelle casamançais, bien assumé ; qui le revendique, donc, pour en être bougrement fier.

Si j’ai pris le maquis avec d’autres Casamançais, parmi lesquels les plus valeureux ou les plus zélés d’entre nous, qui eux ont pris les armes, c’est au nom et pour le compte exclusif du Peuple casamançais. Là où d’autres ont pris d’autres voies, y compris parfois la route de salons de massage, précisément, exactement, pour leurs propres soins quand ils sont réputés malades, ou bien pour leur bien-être personnel lorsqu’ils sont réputés plutôt bien portants.

Pour cela, je ne veux aucunement entendre, avec mes Ami(e)s et mes Frères et Sœurs Rebelles, que l’affaire dite ‘‘Ousmane Sonko / Adji Sarr’’ puisse être assimilée à une « affaire casamançaise ».

Dakar, le 2 mars 2021.

Jean-Marie François BIAGUI

Président du Parti Social-Fédéraliste (PSF)

Ancien Secrétaire Général du MFDC

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