Les mauvaises nouvelles tombent en cascade, ces derniers temps, et l’hydre du terrorisme semble avoir jeté son dévolu sur le Sahel, région particulièrement fragile avec des Etats aux superficies énormes (Mali, Niger) et de faibles densités de population. La région sahélo-saharienne est devenue un sujet légitime de préoccupation pour tous les pays d’Afrique subsaharienne et l’ensemble de la communauté internationale. Des certaines de victimes militaires et civiles au Burkina Faso et au Niger après les Mali.
C’est dire que ces trois pays sont déjà installés en pleine crise sécuritaire qui menace, de toute évidence, la Mauritanie voisine à l’Ouest et le Tchad à l’Est.
Le retrait des forces françaises s’est traduit par une dégradation rapide de la situation sécuritaire qui a obligé le Président Macron à dépêcher un premier contingent de troupes dans la région et l’a incité à lancer un appel aux autres puissances occidentales et aux Nations Unies pour donner un caractère multilatéral à l’aide extérieure et éviter toute suspicion de vouloir rétablir ou consolider la Françafrique.
Le soutien des troupes des Nations Unies ne pourra avoir de véritable impact que si celles-ci ont un mandat offensif contre les terroristes. C’est dire que la situation reste très incertaine.
En dépit de la relative faiblesse des moyens logistiques des armées des pays concernés, il est certain qu’une coordination efficace de leurs services de renseignements et de leurs interventions armées permettrait d’améliorer la situation de façon significative mais il faut comprendre que les enjeux sécuritaires dépassent les seuls pays actuellement impliqués.
Comment ignorer que le Sénégal et la Mauritanie sont directement visés en tant que cibles potentielles des terroristes si leurs actions prospèrent dans le Sahel.
Comment ignorer que c’est tout l’espace CEDEAO qui est menacé à terme quand on sait que Boko Haram est déjà incrusté dans certaines régions du Nigéria et y multiplie enlèvements et attentats meurtriers.
Que deviendront les ambitions d’intégration des pays de la CEDEAO dans un tel contexte sécuritaire ? Telles sont les questions incontournables auxquelles il faut trouver des réponses si on ne veut pas élaborer des projets irréalistes.
La fin du CFA et le passage à une monnaie CEDEAO unique constituent des ambitions légitimes que tous nos pays accueillent favorablement pour garantir une véritable souveraineté sur leur destin mais nous devons avoir pleinement conscience que tout projet ambitieux, aussi légitime qu’il puisse être, a un coût et celui-ci est généralement élevé même si les effets positifs attendus sont une motivation suffisante.
Le marché unique de la CEDEAO avec la libre circulation des hommes et des marchandises ouvrira sans aucun doute des perspectives nouvelles et bénéfiques pour les pays de la région mais il ne faut pas oublier que ce sont toujours les choix politiques qui déterminent, en fin de compte, les résultats obtenus au plan économique et social.
La balkanisation du continent africain et de l’ex AOF en particulier a été le résultat d’une politique coloniale qui s’est appuyée sur les micros nationalismes des élites africaines pour le malheur des populations. Il est temps de surmonter les maladies infantiles de l’indépendance pour se hisser à la hauteur des attentes de nos populations éprouvées par des décennies de pauvreté et de misère que l’abondance de nos ressources ne justifie nullement. L’Afrique ne peut plus être le « mendiant assis sur une mine d’or » que dénonçait Jean Ziegler. Elle doit se lever et assurer dignement son destin qui est si prometteur. Ensemble, marchons contre le terrorisme criminel et contre le micro-nationalisme diviseur pour promouvoir le développement rapide et durable de notre continent qui se doit se baser sur la constitution de grands ensembles dynamiques viables et durables.
Landing SAVANE
Secrétaire Général And-Jëf/PADS-Authentique
Dakar, le 29 Janvier 2020
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