En tant que militant de la Convergence Libérale et Démocratique / Bokk Gis Gis, j’ai lu avec beaucoup d’intérêt l’article consacré au Président Pape Diop dans “L’Observateur” du jeudi 15 octobre 2020. Sous le titre : “Pape Diop, les derniers heurts d’une carrière politique”, l’article évoque ce qu’il considère comme son “record d’absentéisme” à l’hémicycle et son supposé retrait de la scène politico-médiatique et en tire deux conclusions.
Premièrement, l’auteur de l’article prétend qu’en vertu des articles 40 et 104 du Règlement intérieur de l’Assemblée Nationale, le Président Pape Diop devrait être viré de la dite institution pour absences répétées. Deuxièmement, il considère qu’il s’est fait rare dans l’espace politico-médiatique et en déduit, par un curieux raccourci, que la Convergence Libérale et Démocratique / Bokk Gis Gis serait “en état de décomposition avancée”.
Or, à supposer même que son président soit muet comme une carpe – ce qui est loin d’être le cas et je le démontrerai dans les lignes qui suivent – , comment peut-on en conclure à l’état de “décomposition avancée” de Bokk Gis Gis ? Depuis quand le dynamisme et la vitalité d’un parti politique se mesurent au penchant de son leader à se montrer bavard et volubile ?A moins de dénier à Bokk Gis Gis et son Président le droit de faire la politique autrement et de se différencier des autres.
Combien y a-t-il de partis politiques dont la résonnance médiatique est manifestement disproportionnée par rapport à la représentativité réelle sur le terrain ? Par contre, Bokk Gis Gis, lui, a choisi de ne pas faire la politique du microphone. Qu’on ne s’étonne donc pas de ne pas voir ou d’entendre son Président s’épancher dans les médias pour dire tout et son contraire, comme on en voit hélas de plus en plus dans le landerneau politique. Il n’ y a en tout cas rien de plus hardi et de plus hâtif d’en conclure que le Bokk Gis Gis serait en déliquescence simplement pour avoir opté d’être dans la réalité du terrain politique et non dans la virtualité de la résonnance médiatique. Encore que le Président Pape Diop n’a jamais cessé de porter à la connaissance des populations, par le verbe ou la plume, les positions du parti à chaque fois que de besoin. Y compris durant cette période de pandémie où aucune de nos instances ne s’est réunie pour des raisons évidentes de respect des mesures barrières.
L’article de “L’Observateur” le reconnait du reste. “Ses rares messages au peuple se font par le biais de communiqués”, écrit son auteur. Alors, n’est-ce pas contradictoire de conclure malgré tout à son absence supposée dans l’espace politico-médiatique ?
A ce propos, je rappelle simplement que le Président Pape Diop a été un des premiers chefs de parti à s’adresser solennellement aux Sénégalais dès l’apparition de la pandémie à coronavirus. Les invitant à la prise de conscience collective face à la menace, au sens des responsabilités, à la solidarité et au respect des mesures barrières édictées par le corps médical. Puis, il signa une deuxième déclaration dans la foulée de son audience avec le Président Macky Sall, avant d’adresser deux autres messages aux populations. D’abord à travers son fameux “Appel aux Sénégalais”, ensuite par le biais de son message du 4 juin 2020, tous deux largement relayés par la presse.
Mais, il y a eu surtout ce message dans lequel, il a eu à formuler toute une série de propositions concrètes pour relancer notre économie après la fin de la pandémie. Seulement, toutes ces déclarations n’ont eu rien de politicien et étaient toutes axées sur des questions d’intérêt national. A l’instar de sa dernière sortie médiatique à Touba à la veille du Magal, en marge de sa rencontre avec le khalife général des mourides à qui il a remis, pour la circonstance, 100.000 masques et un important lot de gel hydro alcoolique pour contribuer au respect des gestes barrières par les talibés.
Interrogé sur le statut de l’opposition et de son chef à sa sortie de chez le khalife, le Président Pape Diop a d’ailleurs répondu qu’il ne souhaitait pas évoquer les sujets politiques et qu’après tout, cette question n’était pas une priorité pour les Sénégalais. Et qu’il y a d’autres urgences autour desquelles, nous devrions tous nous mobiliser.
On le voit à travers tous ces rappels : aucun leader politique ne s’est adressé plus que le Président Pape Diop aux Sénégalais durant cette période de crise sanitaire et économique. Où est donc ce déficit de communication dont on l’accuse ?
A moins de lui reprocher de ne pas faire dans le discours polémiste, nihiliste et incendiaire, je ne vois pas comment on peut lui reprocher d’avoir été aphone. Il se trouve simplement qu’on subit tellement la tyrannie de ceux qui parlent beaucoup pour ne rien dire qu’on croit en définitive que tout le monde devrait faire comme eux. Seulement, pour avoir été la deuxième personnalité du pays sous Wade, le Président Pape Diop ne peut se permettre de parler à tort et à travers.
D’abord, ce n’est pas dans sa nature d’homme attaché au respect de l’autre et à la démarche empreinte de civilités, de tenue et de retenue vis-à-vis même de ses adversaires. Ensuite, des sorties médiatiques à l’emporte-pièce ne seraient pas non plus conformes à la réputation d’homme d’Etat dont il jouit auprès de l’opinion.
Quant au Bokk Gis Gis, il est loin d’être en voie de délitement. Au contraire, il a réussi depuis sa création à étendre ses tentacules partout dans le pays et demeure à ce jour le deuxième parti de l’opposition derrière le Pds le plus représenté à l’Assemblée avec pas moins de cinq sièges.
Quid de la présence du Président Pape Diop à l’hémicycle ? Dire qu’il a la propension à s’absenter à toutes ses séances par “forte aversion, extrême répugnance ou folie de grandeur”, c’est franchement méconnaître la seule motivation qui l’a amené à siéger à nouveau à l’Assemblée.
En acceptant de retourner à l’hémicycle après y avoir occupé le perchoir pendant cinq ans, le Président Pape Diop fait plutôt preuve de modestie et surtout pas de “folie de grandeur”. Ce come back comme “simple” député, témoigne surtout de son profond attachement au culte de l’Etat et de son grand respect pour ses institutions. De même qu’il a aussi tenu à honorer son serment vis-à-vis de tous ces Sénégalais qui lui ont accordé leurs suffrages pour qu’il les représente à l’Assemblée Nationale.
Aussi, devrait-on plutôt saluer le fait qu’il n’ait pas mis en avant son égo, mu simplement par le désir de se mettre au service de son pays et de ses institutions. En cela, le Président Pape Diop est un parfait exemple du don de soi.
Ce qui n’est malheureusement plus assez courant au sein de la classe politique.
D’ailleurs, a-t-on réellement besoin d’être constamment à l’hémicycle et de se montrer très virulent lors des séances plénières pour faire correctement son travail de parlementaire ? Bien sûr que non !
Toujours est-il que le rôle actif du Président Pape Diop au sein du groupe “Démocratie et Liberté”, les conseils avisés et l’accompagnement qu’il apporte à ses collègues sont hautement appréciés par ces derniers. Enfin, pour avoir été le Président de l’Assemblée Nationale de 2002 à 2007, puis le Président du Sénat, il se fait naturellement un point d’honneur de ne pas agir comme un député en mal de notoriété ou en manque d’expérience.
Je terminerai en soulignant ce qui fait sa particularité et que les Sénégalais devraient d’ailleurs exiger de tous nos responsables politiques. Le Président Pape Diop n’est pas de ceux qui ont fait de la politique un métier. Il n’est pas non plus de ceux qui pensent qu’il faut constamment donner de la voix pour exister. Contrairement à beaucoup, il s’était déjà réalisé en tant qu’opérateur économique et homme d’affaires bien avant son entrée en politique. Aussi, ne fait-il pas partie non plus de ceux qui pensent qu’en politique, la fin justifie tous les moyens et qu’il faut tout faire pour assurer sa survie, quitte à se montrer ridicule. On a vu ce que cela a donné ces derniers jours avec le triste spectacle donné par certains acteurs politiques. Toute la différence est là avec le Président Pape Diop.
Reconnaissons-le : si tous nos ténors politiques étaient comme lui, la sphère politique serait un cadre de confrontation d’idées, de propositions concrètes et de projets de société. Si tous étaient comme lui, le landerneau politique ne serait pas perpétuellement un champ de batailles puériles et stériles et le pays ne s’en porterait que mieux.
Adama Momar Diene SECK
Economiste financier
Membre du comité Directeur BOKK GIS GIS
Secrétaire national chargé des questions économiques et financières! Dakar Sénégal !
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