Poussé vers la sortie par ses alliés avec le syndrome du second et dernier mandat, Macky Sall du Sénégal ne devra pas compter sur son principal allié extérieur, la France : Emmanuel Macron s’est trouvé une nouvelle mission planétaire, aujourd’hui que l’Europe et l’Union sont en crise, cependant que le tonitruant géant Us est donné battu.
Aminata Touré Mimi, dans l’empressement, Maodo Malick Mbaye du mouvement « Gueum Sa Bopp » and C○ pour la communication et Macky Sall himself en signe de vie ont révélé les difficultés du président de la République dans son second et dernier mandat théorique : la page Macky Sall est désormais tournée et les dauphins qui se bousculent aux portillons font dans l’inertie ; il faut alors les devancer en se mettant soi-même au-devant des putatifs (Aminata Touré, dans un entretien fleuve de trois pages au « Soleil », ce 3 septembre), en se mettant résolument du camp des derniers fidèles (Malick & C° qui veulent remplacer ministres et autres thuriféraires en rendant visibles les travaux du chef de l’État), et en se positionnant enfin comme ce vieux lion mourant mais ayant encore les crocs assez acérés pour mettre tout le monde au pas en les invitant à refréner leurs ardeurs pour le moment parce qu’il est toujours vivant (Macky Sall).
Le président de la République pèche cependant dans les solutions qu’il propose aux Sénégalais : face à un mal-vivre des populations durement touchées par les difficultés économiques, les économies de bouts de chandelle proposées ne remportent pas l’adhésion ; bien au contraire, elles visent a dégrader la grandeur de l’État en sapant son autorité puisque sa munificence : l’eau, l’électricité et les carburants et lubrifiants sont des attributs de la souveraineté d’un État ; ergoter autour, c’est rabaisser cette République dans ses fonctions régaliennes, larbiniser les fonctionnaires et les autres agents de l’État.
Poussé en effet vers la sortie avec le syndrome du dernier mandat complexifié par une situation sociale délicate, Macky Sall veut rapidement retomber sur ses pieds et reprendre les choses en main. La morosité ambiante avec une présidentielle largement gagnée mais qui ne ramène pas la paix dans le cœur des Sénégalais avait poussé vers un dialogue d’autant plus curieux qu’il était faussé dès 2007 avec cette recherche effrénée mais pas réfléchie d’un second mandat qui a tout l’air d’en préparer un troisième. Au demeurant, l’intérêt subit pour un dossier des biens du sous-sol est des plus suspects : le problème avait à peine retenu l’attention des Sénégalais entre 2014 et 2016 quand Petrotim s’est invité pour la première fois dans l’espace médiatique ; il est revenu en « Une » au lendemain de la présidentielle avec les résultats que l’on sait, notamment la liquidation partielle de Alioune Sall et le pouvoir, à défaut de pétrole, s’enlise, bien qu’ayant voulu exciper de sa bonne foi avec la création d’un cadre de concertation élargi autour des biens du sous-sol et la part de demain qu’il faut préserver.
Takhawu Macky
Mais les acteurs de la majorité regardent Macky Sall patauger tout seul, aux yeux de certains qui ont entonné le clairon de la charge pour se positionner auprès du chef de l’État. En déclamant tout haut ce que beaucoup murmurent tout bas, Maodo Malick Mbaye et Aminata Touré, principalement, regrettent la querelle de succession qui l’emporte sur le devoir de loyauté vis-à-vis du chef. Le président de la République lui-même se joint à ce chœur réduit des lamantins : les incessants rappels à l’ordre sur le fast track indiquent une âme en deuil de son idéal de lutte contre l’exclusion, principal programme ; de Aminata Touré Premier ministre (justement un premier septembre de la rentrée) au séminaire gouvernemental des 6 et 7 septembre dernier, en passant par ce souvenir lointain des conseils des ministres décentralisés du début des années Macky Sall, le pouvoir pilote à vue, effrayé par l’ampleur des problèmes à résoudre et avouant implicitement son incapacité à faire du Zéro la réussite de son programme politique. Face à l’impatience des populations sénégalaises et gêné encore une fois dans sa communication, le pouvoir se lance dans un populisme d’autant plus maladroit qu’il s’autoflagelle lui-même, en se privant des moyens économiques et financiers de sa politique et de la grandeur d’un État. Les institutions de Bretton Woods participent de cette dégradation des Nations en imposant des programmes qui n’ont pas encore fait leurs preuves dans l’ancien Tiers-monde presque quart-monde aujourd’hui.
Les solutions économiques ne sont donc pas la panacée aujourd’hui que même l’Union européenne est frappée (Allemagne, Italie, Royaume uni), que l’Europe se replie derrière les populismes et les retraits annoncés (Annegret Kramp-Karrenbauer qui pourrait devenir la prochaine chancelière d’Allemagne à la place de Merkel ; la Grande Bretagne se débat dans son Brexit, etc…). La France de Macron aura la tête ailleurs qu’en Afrique dans les prochaines années quand le président français se trouve une nouvelle vocation internationale pour un second mandat qui lui tend les bras : devant les incertitudes de l’Europe et les hérésies du président américain, jamais occasion n’est aussi favorable pour une France hors récession de donner naissance à une nouvelle vedette internationale. Macron y travaille.
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