Les attaques à la périphérie contre Mouhamadou Makhtar Cissé proviennent du centre. Elles traduisent le désarroi des profilers dont les prévisions risquent de s’effondrer en direction de la présidentielle de 2024.
Des inimitiés nées sur les bancs l’école poursuivent toujours Mouhamadou Makhtar Cissé : l’Émir du Pétrole et Prince du Oualo était un brillant énarque et un Casanova de qualité ; lui qui damait le pion à ses camarades les a retrouvés à un certain échelon de commandement, sous les lambris dorés qui éclairent les reniements et les intrigues de Palais.
Ce fort en thèmes est perçu comme se prenant la tête qui prend aussi les choses de haut : Inspecteur général d’État, il tient à son rang et l’Iso de la Sénélec a renforcé l’animosité de ses détracteurs ; sa démarche nonchalante achève la caricature que l’on veut faire de lui : il roule des épaules, fait la roue, tel un paon.Nfally Camara, enseignant-chercheur au Département de Droit public de la Faculté des Sciences juridiques et politiques à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, a croisé le fer avec un certain Seybani Sougou, moins pour voler au secours de Mouhamadou Makhtar Cissé que pour faire honneur au Droit positif ; la réponse tournait autour de l’esthétique et de la casuistique d’une mention obligatoire à faire paraître (ou pas) au Journal officiel.
Pour Mouhamadou Makhtar Cissé, Sougou s’était livré à une diatribe réellement sévère mais dont les conclusions étaient fausses pour au moins deux raisons principales : bien que paraissant sur des affiches de campagne et accompagnant des candidats de la localité de Dagana, l’Émir du Pétrole et Prince du Oualo se veut résolument Inspecteur général d’Étatplus soucieux de mener à bien un dossier aussi prenant que celui du pétrole qui nécessite une présence absolue là où se prennent les décisions, loin du territoire national ; par ailleurs, Sougou appliquait déjà une hausse sur l’électricité au moment même de la prise de décision, ce qui nécessitait une accélération dans le temps favorable aux fake news de l’époque. Lui-même (MMC, comme il signe) passe souvent son temps de parole à l’Assemblée nationale à enfoncer des portes ouvertes en répondant à des parlementaires à l’argumentaire téléguidé : l’Émir a-t-il berné son monde pour atterrir au ministère des Énergies, comme le prétend un député marabout ? (« Tu veux remplacer Macky Sall en 2024… »). Pour ce faire, il faut exciper de la nationalité sénégalaise exclusive du potentiel candidat. Rien de plus simple : le 27 janvier, un honorable le trouve « so british » lui qui fait plus Nba devant Sa Gracieuse majesté qui garde biens ses sujets mais disloque sa famille exaspérée par une longévité au pouvoir.
Cela avait commencé par des discussions de salon qu’un hebdomadaire parisien a rendus sur la place publique en avançant des noms. Ceux de la bande des cinq. Depuis, tout le monde se fait recadrer, à commencer par une ancienne Premier ministre, après un entretien avec le quotidien « Le Soleil », début septembre 2019, quand les faucons du palais se sont irrités de ce qui leur semble être des velléités présidentialistes de l’ancienne Première ministre.Ainsi, tout le monde est sur ses gardes, du ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’Extérieur, à l’Émir du pétrole et prince du Oualo en particulier : ils sont régulièrement cités et accusés, notamment pendant le vote du budget du ministère des Énergies, le 28 novembre et le 27 janvier derniers ; les démentis ne semblent malheureusement avoir aucune prise sur une donnée fondamentale souvent passée inaperçue dans la logique des sondeurs : l’opinion publique. Elle s’était amourachée d’un certain Macky Sall en 2012, contre toute attente et les tentatives de mise sur orbite de potentiels successeurs ne semblent pas prendre pied. Dans la réalité en effet, il semble désormais établi que le Sénégal va changer de président en 2024. Et les profilers qui ont sorti leur boule de cristal paraissent bloqués par deux noms qu’il faut effacer de la mémoire des Sénégalais. Eux-mêmes essaient de se faire le plus discret possible, quitte à indisposer l’environnement social. Ainsi de ce papier qui disparaît soudain des médias sociaux (« 404-Page non trouvée ! Nous sommes désolés, etc ») en même temps que des sites d’information en maintenance continue avant leur disparition ; la succession de Macky Sall vire au vaudeville : les alliés sont soudain devenus frileux contre eux-mêmes et les autres. C’est la période des délations et des suspicions généralisées : c’est la faute à un Tel, pique assiette invétéré qui visite tel prince pour mieux l’espionner. Certains n’amusent plus le président malgré leurs circonvolutions pour être agréables au Prince qui ne veut cependant pas leur faire de la publicité en s’en débarrassant.
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