Au Sénégal, il est exceptionnel de voir des responsables démissionner après un scandale. Pour le sociologue, Abdou Khadr Sanokho, cette situation est surtout liée aux pesanteurs sociales. Mais, pour lui, l’honneur n’a pas de prix.
« C’est tout à fait normal. Dans cette société-là, on s’éloigne davantage des principes porteurs et préservateurs de la dignité humaine. On dit en français, bonne renommée vaut mieux que ceinture dorée. C’est-à-dire quel que la dignité d’un individu doit passer avant d’abord, quel que soit le fait que nous soyons enclins à pouvoir espérer amasser de l’argent et de la richesse.
Malheureusement, dans ce pays, seul le clinquant, seul l’argent, seul le parcours, seul le métier, seul le prestige comptent. D’ailleurs même quand tu as la culture de la démission, c’est ta famille qui te considère comme étant un fou. Tu es marginalisé. Jamais, ta famille ne va te soutenir. Tes parents vont te jeter l’anathème et l’opprobre. Or, comme on dit, le travail libère de nous l’envie, le vol et le vice. Mais, si le travail ne parvient pas à protéger notre ennui, s’il n’arrive pas à vous éloigner du vol et du vice, ça ne vaut plus la peine de travailler. Quand on travaille, à la base, il faut retrouver son épanouissement, sa dignité. Mieux, il faut faire de sorte que vous ne soyez pas la risée des uns et des autres. Quand on commet une erreur quelconque, une faute professionnelle, en principe, on ne doit même pas attendre qu’on te démette de tes fonctions », a-t-il dit.
Selon lui, la société sénégalaise s’éloigne des principes porteurs et préservateurs de la dignité humaine par le simple fait qu’aujourd’hui, en travaillant, on a un semblant de confort à préserver. On a un salaire. D’ailleurs, les gens te disent, je préserve mon salaire.
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