Réunion sur la sécurité alimentaire: Le discours intégral du Président de la République, Macky Sall

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Je voudrais saluer et remercier les co organisateurs de cette importante rencontre sur la crise alimentaire mondiale, l’Union Européenne, l’Espagne et les Etats Unis d’Amérique.
Je remercie également nos invités dont la présence traduit nos préoccupations communes face à ce défi majeur

D’une certaine façon et sans vouloir dramatiser, la situation actuelle rappelle quelque peu la conjoncture internationale à la fin de la seconde guerre mondiale, qui avait alors conduit l’Assemblée générale des Nations Unies à adopter, le 14 février 1946, la Résolution intitulée Pénurie mondiale des céréales et autres denrées alimentaires.

Comme si l’histoire se répétait, il ressort du dernier Rapport de la FAO sur l’état de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde que plus de 800 millions de personnes souffrent de la faim ; soit une hausse de 150 millions depuis l’apparition de la pandémie de covid-19.
La situation s’est davantage aggravée avec l’impact de la guerre en Ukraine qui a entrainé une flambée des prix des produits alimentaires, de l’engrais (devenu trois fois plus cher qu’en 2021), des hydrocarbures, du transport et de la logistique.

A cela s’ajoutent les effets du changement climatique.

Quand une crise d’une telle ampleur frappe le monde, tous les pays en souffrent, encore davantage les plus vulnérables ; d’où l’intérêt de travailler ensemble pour trouver des solutions concertées.
Ce qui urge aujourd’hui, c’est d’agir de concert pour assurer l’ouverture et la transparence des marchés des céréales et des engrais, afin que tous les pays puissent y accéder, conformément aux règles commerciales internationales.

Ensuite, au-delà des solutions conjoncturelles, il faut créer les conditions d’une production agricole durable, par une approche volontariste et des moyens conséquents.
Si je prends l’exemple du Sénégal, malgré la crise, en deux ans, nous avons relevé de 75% le budget de notre campagne agricole qui correspond à la période d’hivernage, en plus d’autres programmes de soutien à l’agriculture, engageant les jeunes et les femmes pour accélérer notre processus de souveraineté alimentaire.

A l’échelle continentale, l’Afrique dispose depuis 2004 d’un cadre stratégique, avec le Programme détaillé pour le développement de l’agriculture africaine.
Et en mai dernier, la BAD a lancé un plan africain d’urgence pour la production alimentaire à hauteur d’un milliard cinq cents millions de dollars, avec l’objectif de produire 37,6 millions de tonnes de cultures vivrières.
Je dois saluer ici la diligence de la Banque, puisqu’en quelques mois seulement, elle a approuvé un total de 1,13 milliard de dollars en faveur de 26 pays au titre de ce plan d’urgence.
C’est un exemple à suivre parce que devant une situation d’urgence, on ne doit pas faire du business as usual.

Pour plus de cohésion et d’impact, il serait indiqué de voir comment les initiatives française FARM (Food and Agriculture Resilience Mission) et allemande, (Global Alliance for Food Security), pourraient être harmonisées avec celle de la BAD qui est déjà en cours d’exécution.
Enfin, s’agissant en particulier de la coopération avec l’Afrique dans le domaine de l’Agriculture, il me semble important de changer de paradigmes, en allant au-delà de la logique d’aide publique au développement et d’assistance humanitaire.

Avec 30 millions de km2, plus de 60% des terres arables de la planète et d’abondantes ressources hydriques, l’Afrique a le potentiel nécessaire pour se nourrir et aider à nourrir le monde.
Ce qu’il faut, aussi bien pour l’agriculture que pour l’engrais, c’est bâtir des partenariats rénovés, fondés sur nos complémentarités en ressources naturelles, investissement et technologie, pour produire plus, transformer et créer une prospérité partagée.
Je vous remercie.

New York, 20 septembre 2022

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