Resserrement des critères d’admissibilité au Programme de l’expérience québécoise (PEQ) : recul partiel du gouvernement. (Par Doudou Sow)

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En vigueur depuis le 14 février 2010 sous l’ère de l’ancien gouvernement Charest, le Programme de l’expérience québécoise (PEQ) est un programme accéléré de sélection de travailleurs qualifiés (réception, en 20 jours ouvrables seulement son certificat de sélection, contrairement à des délais plus longs (deux voire plusieurs années) pour le traitement d’un dossier d’immigration pour une demande régulière).
Ce programme innovateur et populaire qui est destiné aux diplômés du Québec et aux travailleurs étrangers comporte certaines nouvelles conditions d’admissibilité. Le nouveau gouvernement Legault, au pouvoir depuis un an, a reculé sur l’application de sa réforme controversée en instaurant la clause des droits acquis suite à la pression populaire, du milieu des affaires, des associations étudiantes (la Fédération étudiante du Québec , l’Union
étudiante du Québec, etc.) et des trois partis d’opposition (Parti libéral du Québec, Parti québécois et Québec solidaire) unis sur un même dossier, un fait rarissime.
Recul partiel du gouvernement sur la réforme du PEQ Les étudiants étrangers diplômés du Québec et les travailleurs étrangers temporaires déjà
établis au Québec et répondant aux anciens critères d’admissibilité au PEQ (ouvert à toutes les formations, programmes, étudiants étrangers et emplois selon certaines conditions*), ne seront pas concernés par les nouvelles modifications réglementaires en date du 1 er  novembre dernier. En d’autres termes, les étudiants étrangers et les travailleurs temporaires qui étaient déjà installés au Québec en date du 1 er  novembre bénéficieront d’une clause de droits acquis et n’auront pas à satisfaire aux nouveaux critères du PEQ en immigration.
Malgré le recul partiel du gouvernement, les milieux des affaires et de l’éducation continuent à maintenir la pression. Un texte collectif du milieu des affaires a été publié hier dans le journal Le Devoir par le président-directeur général (p.-d.g) de la Fédération des chambres de commerce du Québec, le p.-d.g. du Conseil du patronat du Québec, le directeur principal
de la recherche nationale à la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante, président et chef de la direction à la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, la présidente et chef de la direction à la Chambre de commerce et d’industrie de Québec et le p.-d.g. de Manufacturiers Exportateurs du Québec). Il y a des inquiétudes dans les cégeps et régions du Québec exprimés hier, surtout, par les députés du Parti québécois à l’Assemblée nationale du Québec et résumées aujourd’hui dans un article de la presse québécoise.  Un texte collectif des acteurs des milieux collégial et universitaire a également demandé un changement de fond des règles du programme de l’expérience québécoise.
Le gouvernement cherche à sélectionner des étudiants et travailleurs temporaires dans des domaines d’emploi et de formation qu’il aura déjà définis en fonction des besoins de main-d’œuvre. 140 420 postes sont à pourvoir au Québec au deuxième trimestre. Le Québec vit une très bonne santé économique et on note sur le terrain un changement de paradigme des
employeurs qui sont de plus en plus ouverts à accueillir la main-d’œuvre immigrante et issue de la diversité dans un contexte de rareté et de pénurie de main-d’œuvre. De nombreux titres des journaux québécois et canadiens démontrent la vitalité économique du Québec.
Les journalistes et chroniqueurs économiques n’hésitent pas à décrire, chiffres à l’appui, la bonne santé économique du Québec. Déjà le 12 juin dernier, Michel Rochefort d’ICI-Radio Canada titrait Le Québec, champion de la pénurie de main-d’œuvre au Canada. Michel Girard du Journal de Montréal n’hésite pas à parler du miracle économique de l’emploi au Québec et Francis Vailles du Journal La Presse nous revenait avec un texte toujours documenté Économie du Québec: non, ce n’est pas un accident de parcours.

Hier à l’Assemblée nationale, lors de la période des affaires courantes, le premier ministre François Legault a admis avoir mal évalué les impacts de la nouvelle réforme sur les personnes admissibles déjà présentes au Québec ainsi que leurs familles.
Malgré le recul partiel du gouvernement, la grogne continue chez les étudiants étrangers qui réclament une annulation complète ou totale de la réforme du Programme de l’expérience québécoise (PEQ).
Le Québec est gagnant sur toute la ligne avec le programme des étudiants étrangers Le recrutement des étudiants étrangers pour la société québécoise comporte de nombreux avantages (élargissement du réseau, bonne connaissance de la culture organisationnelle, adéquation compétences et exigences des employeurs, etc.). L’immigration temporaire
apparaît aux yeux de certains acteurs comme un bassin de recrutement et pourrait soutenir les PME dans ce sens.
Les immigrants tout comme les étudiants étrangers constituent une manne financière pour les collèges et les universités. En d’autres termes, l’immigration économique profite à la société toute entière. Plus de 48 000 étudiants internationaux ont choisi le Québec pour y perfectionner leurs études et espérer y rester avec la possibilité d’obtenir une résidence
permanente, un incitatif de marketing vanté, à juste titre, par les différents gouvernements précédents (PLQ, PQ). Les étudiants étrangers constituent une manne financière pour l’économie québécoise (universités, cégep, etc.) et le Québec est gagnant sur toute la ligne avec ces talents qui sont, avec les travailleurs étrangers temporaires, les profils les plus susceptibles de s’intégrer rapidement sur le marché du travail et la société québécoise.
Le Québec est gagnant sur toute la ligne avec le programme des étudiants étrangers qui confirme son rayonnement international. Il peut recruter les étudiants étrangers ayant un solide dossier et souligner leur intérêt à rester sur son territoire. Il pourra également bénéficier d’une bonne visibilité internationale. En clair, les étudiants étrangers deviennent des ambassadeurs du Québec à leur retour dans leur pays d’origine (transfert de connaissances et compétences, coopération interuniversitaire, possibilités de faire des affaires, etc.).
Le diplôme québécois est un diplôme souvent demandé par les employeurs dans des domaines techniques. Même si on parle plus d’expérience et de compétences transférables que d’obtention d’un diplôme, il demeure certain que les immigrants formés au Québec s’intègrent plus facilement que ceux formés à l’étranger, en raison notamment d’une meilleure connaissance du marché du travail, mais aussi de l’établissement d’un réseau qu’ils développent et entretiennent continuellement. À titre d’information, plus de 80 % des emplois au Québec sont obtenus par des contacts directs. De plus, les immigrants formés au Québec se sont créé des réseaux de contacts, maîtrisent les us et coutumes ainsi que la culture organisationnelle québécoise et ont eu le temps de cerner le marché du travail. 
Même s’il y a une volonté d’arrimer l’immigration aux besoins de main-d’œuvre, la politique de baisse de seuil de l’immigration n’est pas également étrangère à la réforme du programme PEQ. La mobilité internationale incite les pays d’immigration pragmatiques à
recruter et à retenir les talents mondiaux, peu importe leur origine.
Pour prendre connaissance des anciennes et nouvelles conditions à remplir à titre de diplômé ou de futur diplômé du Québec, lire l’article original ici.
Doudou Sow, Collaboration spéciale

Expert en intégration professionnelle (emploi, entrepreneuriat, mentorat et régionalisation)
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