Dans la région sahélienne où les bouleversements écologiques survenus ces cinq dernières décennies dépassent de loin les prévisions les plus pessimistes, il est désormais plus approprié de parler de combustion climatique que de changement climatique. En effet, l’harmattan, ce vent chaud et sec venu des entrailles du volcan saharien, souffle bien plus longtemps et plus fort son feu de chalumeau qui porte souvent, de mars à juillet, les températures diurnes des localités non côtières vers les 50 degrés celsius. Ces conditions climatiques extrêmes, aggravées par les défrichement massif des dernières réserves forestières pour des activités agropastorales, favorisent une évaporation excessive des cours d’eau et des lacs, un dessèchement intense des terres et soumettent ainsi les maigres écosystèmes de la région à une cuisson profonde et continue.
L’effondrement généralisé des écosystèmes du Sahel engendre des effets négatifs considérables sur les activités économiques, socioculturelles et même religieuses; il brise les dynamiques de production de richesse, rompt les liens de solidarité, engendre des déplacements massifs des populations surtout jeunes vers le centres urbains à la recherche de travail. Il pousse aussi de plus en plus les personnes âgées à aller, à l’approche du Ramadan, vers les villes côtières où les températures sont plus clémentes et favorables à la pratique du jeûn. Aucun aspect de la vie des Sahéliens n’est désormais épargné par la crise écologique sévère qui sévit dans la région depuis des décennies.
Face à l’inquiétante poussée de fievre environnementale et aux convulsions socio-économiques de la région sahélienne notées ces dernères années, le Réseau pour l’Emergence et le Développement des Ecovillages au Sahel (REDES), de concert avec ses partenaires locaux et étrangers, travaille avec persévérance et foi, à la mise en oeuvre de stratégies et de programmes susceptibles de favoriser le développement de synergies communautaires de grande envergure, capables de renverser la désertification, l’érosion des sols et l’appauvrissement des populations. Dans ce sens, le REDES oeuvre avec les municipalités de Gamadji Saré (Senegal) et de Dar El Barka (Mauritanie) pour la mise en place d’un pôle transfrontalier d’écovillages, fort d’une centaine de villages, cinquante de chaque côté de la frontière. Dans le cadre du devéloppement de ce pôle, le REDES s’illustre, entre autres, par des campagnes transfrontalières de sensibilisation, l’organisation de caravanes vertes et d’ateliers de fomation, le forage de puits mais également par la réalisation de vergers communautaires et scolaires.
Avec un triple appui financier, technique et logistique de son partenaire stratégique, Trees for Future, le REDES entre dans une phase d’élargisssement et d’intensification de son action contre l’avancée du désert. D’ici la fin de l’année 2021, le REDES réalisera, grâce à ce partenariat fécond avec Trees, une grande pépinière de 200 000 plants, destinés aux activités de reboisement dans une vingtaine de villages de la vallée du Sénégal. Le déroulement de cet important programme a commencé par une formation des formateurs volontaires issus des villages membres du Réseau. Cette formation s’est tenue du 6 au 9 avril au centre intercommunautaire de Lahel, lieu d’implantation de la pépnière.
Le REDES exhorte vivement les autorités locales et nationales, les acteurs, les associations de jeunesse et les coopératives paysannes et les groupements de femmes du Sahel à oeuvrer davantage ensemble afin de réaliser le projet de la Grande Muraille verte, projet très prometteur mais dont la réalisation dépendra très largement de l’implication effective des communautés de base de la région sahélienne. Les ecovillages de Diarra (Senegal) et de Loboudou (Mauritanie), membres du REDES, sont modèles de réussite dont il convient de s’inspirer. Le REDES perçoit la Grande Muraille verte comme une suite ininterrompue d’écovillages s’étendant de la côte Sénégalo-Mauritanienne jusqu’à la corne du Continent, ou en d’autres termes, comme un vaste espace écologique régénéré et prospère où l’abondance, la paix et le bonheur redeviennent enfin les aspects saillants du quotidien des populations du Sahel.
Dr Ousmane Aly PAME, Président du REDES
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