Le prix du baril de pétrole a chuté à 31 dollars. Cette chute drastique menace :
1. directement l’équilibre financier de nombreux pays producteurs. Si elle se maintient plusieurs mois, plusieurs pourraient se trouver en défaut de paiement ;
2. la viabilité de l’industrie du pétrole de schiste aux USA ;
3. le développement en eau profonde, car ces projets nécessitent d’importants investissements initiaux et donc une confiance dans les perspectives des prix des matières premières à développer ;
4. les opérateurs aux niveaux de trésorerie faible ;
5. les producteurs endettés.
– Les explications officielles sur le CORONAVIRUS ne suffisent pas pour expliquer la baisse vertigineuse des prix du pétrole ;
– Il est trop tôt pour pouvoir prédire comment la situation actuelle en ce qui concerne le CORONAVIRUS et certaines des conditions évolutives du marché auront un impact sur l’industrie pétrolière dans le long terme ;
– Même si le CORONAVIRUS est maîtrisé sous peu, les analystes prévoient que la demande mondiale de pétrole n’augmentera que de 400000 barils par jour cette année, contre 1,3 million de barils prévus au début de 2020.
– Le CORONAVIRUS a eu un effet amplifiant sur le cours du baril de pétrole, mais en arrière-plan se joue une confrontation entre l’Arabie Saoudite, la Russie et les États-Unis. Dans une économie mondiale qui reste convalescente, la capacité d’absorber un choc pétrolier est très limitée, même un choc de faible ampleur ;
– Lorsque l’épidémie CORONAVIRUS s’est déclarée en Chine fin 2019, le cours du baril était déjà en baisse (61,63 dollars/b) en raison de l’affaiblissement de la demande mondiale de pétrole qui essuyait déjà les contrecoups des faibles performances de l’économie mondiale et de la popularité croissante des énergies renouvelables ;
– Une baisse du cours du pétrole est aussi liée à l’offre importante ;
– Après avoir enregistré une hausse d’environ 20% au premier trimestre de l’année 2019, le prix du baril a connu une baisse continue du mois d’avril 2019 (68,58 dollars/b) à octobre 2019 (57,27 dollars/b) pour connaitre une légère hausse (63,35 dollars/b) en fin d’année 2019, sans atteindre son niveau d’avril 2019.
– La tension entre Washington et Téhéran (le raid américain à l’encontre du général Soleimani), a fait remonter le pétrole à 70 dollars/b. Le marché pétrolier avait réagi en anticipation, craignant des représailles plus intenses venant de l’Iran avec notamment la possibilité de blocage sur le détroit d’Ormuz, où transite près de 20% de la consommation mondiale. L’Iran a déjà menacé à plusieurs reprises de bloquer ce couloir maritime en cas d’escalade des tensions ;
– La baisse vertigineuse des prix du pétrole est la conséquence de l’affrontement direct entre l’Arabie Saoudite – pays producteur membre de l’OPEP- et la Russie, un pays non membre de l’OPEP, et indirectement les USA ;
– L’Arabie saoudite est le principal acteur de l’Organisation des pays producteurs de pétrole dont la Russie n’est qu’un membre associé (OPEP+). Le Kremlin était favorable à une réduction de la production, tandis que ROSNEFT, société d’État russe spécialisée dans l’extraction, la transformation et la distribution de pétrole, le deuxième plus grand producteur de pétrole russe, plaidait pour un chacun pour soi ;
– Cette nouvelle guerre des prix du pétrole est une remise en cause frontale de la stratégie pétrolière de la Russie, mais plus encore des USA. Il semble que l’Arabie saoudite menace de détruire l’industrie américaine du pétrole de schiste (dont la rentabilité suppose un baril à au moins 45 dollars) afin de stopper la tentative américaine de déstabilisation du pays, avec le projet politique de création d’un « Sunnistan » à cheval sur l’Iraq et la Syrie, la partition de l’Arabie saoudite en cinq et du Yémen en deux;
– Deux facteurs économiques (reprise en Chine) et géopolitiques majeurs (troubles géopolitiques au Moyen-Orient) pouvant entraîner une reprise de l’industrie pétrolière et une hausse des prix du pétrole.
La réponse est de se pencher et d’attendre la fin de la guerre des tranchées entre l’Arabie Saoudite, les USA et la Russie, avec en toile de fonds le CORONAVIRUS (anciennement appelé VIRUS CHINOIS en vue de chahuter l’économie chinoise). La pandémie finira par se résoudre et la demande reviendra. Cependant, on ne sait pas combien de temps cela prendra !
Dr Ousmane CISSE
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