Salah Abdeslam, principal accusé au procès des attentats du 13-Novembre, a été condamné mercredi soir par la cour d’assises spéciale de Paris à la réclusion criminelle à perpétuité, avec période de sûreté incompressible, la peine la plus lourde du Code pénal français. Les cinq magistrats professionnels ont suivi les réquisitions du parquet national antiterroriste, qui avait réclamé cette sanction rarissime, rendant infime toute possibilité de libération, à l’encontre du seul membre encore en vie des commandos qui ont fait 130 morts à Paris et Saint-Denis fin 2015.
Une dernière fois, la sonnerie a retenté dans la salle d’audience ; une dernière fois, le président a annoncé que la séance était ouverte, relate notre envoyé spécial au palais de justice de Paris, Nathanaël Vittrant.
Le président de la cour d’assises spéciale a mis fin au suspense assez rapidement, et la cour a répondu « oui » à presque toutes les questions : en dehors de Farid Karkache, tous les accusés sont reconnus coupables de tous les chefs d’accusation.
Un bruissement est remonté dans l’une des salles de retransmission, notamment à l’annonce des faits retenus contre Salah Abdeslam, rapporte notre seconde envoyée spéciale au procès, Pauline Gleize. La cour a suivi le parquet national antiterroriste en considérant qu’il était co-auteur de tous les crimes commis le 13-Novembre.
Pour la cour, il s’agit d’une cible unique, il est donc reconnu coupable de « tentative de meurtre sur personne dépositaire de l’autorité », soit l’une des conditions pour prononcer la perpétuité incompressible requise par les avocats généraux. Et donc, la cour a condamné Salah Abdeslam à la perpétuité incompressible.
La perpétuité incompressible, également appelée « perpétuité réelle », n’avait jusqu’ici été prononcée qu’à quatre reprises, entre 2007 et 2013, à chaque fois pour des meurtres d’enfants accompagnés de viols ou tortures.
D’abord prévue pour ces crimes uniquement, la perpétuité incompressible a été étendue en 2011 aux meurtres ou tentatives de meurtre sur personnes dépositaires de l’autorité publique (forces de l’ordre, magistrats ou encore surveillants de prison). Après la série d’attentats ayant ensanglanté la France en 2015, elle a été élargie aux crimes terroristes en juin 2016, mais cette loi n’est pas rétroactive.
Des excuses réitérées à l’égard des victimes
Les avocats de Salah Abdeslam, qui a affirmé à plusieurs reprises au cours des débats avoir « renoncé » à déclencher sa ceinture explosive le soir du 13 novembre 2015, par « humanité », avaient plaidé contre cette « peine de mort lente ». La cour a considéré que son gilet explosif était « défectueux », remettant « sérieusement en cause » les déclarations de l’intéressé sur son « renoncement ».
Du commando de dix terroristes kamikazes du 13 novembre 2015, seul Salah Abdeslam est encore en vie. Les neuf autres sont morts, tués soit en déclenchant leurs ceintures explosives le soir de l’attaque, soit par les tirs des forces de l’ordre.
Le Français de 32 ans est resté les bras croisés, le regard dur dans le box, pendant toute la durée de la lecture du délibéré, rendu au terme de 148 jours d’audience. « Je ne suis pas un assassin, je ne suis pas un tueur », avait-il soutenu dans ses derniers mots à la cour lundi matin, réitérant ses excuses « sincères » aux victimes.
Rfi
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