“La Constitution ne permet pas la dissolution du Parlement mais elle permet le gel de ses activités”, a déclaré Kaïs Saïed, s’appuyant sur l’article 80 qui permet ce type de mesure en cas de “péril imminent”.
Le président a annoncé qu’il se chargeait du pouvoir exécutif, avec “l’aide du gouvernement” qui sera dirigé par un nouveau chef qu’il désignera.
Il a en outre annoncé la « levée de l’immunité parlementaire des députés »
Il est donc clair que, si le Président s’était limité à la suspension des travaux du Parlement pour 30 jours, selon les prérogatives que lui confère la Constitution de 2014, il l’aurait tout juste empêché de légiférer durant la période pour adopter de nouvelles lois, ou pour voter une motion de défiance contre le gouvernent, qui est décrié par sa mauvaise gestion de la pandémie de Covid-19 et de ses variants, qui ont déjà causé 18 000 morts pour 12 millions d’habitants !
Mais, il en a profité pour régler ses comptes avec le principal parti parlementaire Ennahda avec qui il a entamé, depuis des mois, un bras de fer, prendre le pouvoir exécutif, et lever l’immunité parlementaire des Députés, qui est pourtant, une prérogative exclusive du Parlement !
I ce coup d’Etat institutionnel est avalisé par la Commission de l’Union Africaine pour les mêmes considérations de stabilité du pays comme elle l’a fait pour le Tchad, elle n’aura plus aucune légitimité de maintenir ses sanctions comme le gouvernement provisoire du Mali.
Ce faisant, elle perd toute crédibilité en matière de vigile pour la sauvegarde des Institutions légalement édifiées en conformité aux dispositions constitutionnelles d’un pays.
En Tunisie, où un Parti islamiste, « Ennhahda » a pris le pouvoir démocratiquement et gouverne selon les dispositions de la Constitution de 2014, un tel renoncement au respect strict des dispositions constitutionnelles, risque de créer, dans ce pays, le « syndrome de guerre civile » de type Algérien où le « Front de Salut Islamique » (FIS) a été sevré de sa victoire lors d’élections municipales, qui l’a amené à prendre les armes pour faire respecter ses droits constitutionnels.
La suite de ce coup de force du gouvernement Algérien est connue :
Ce sont des milliers de morts de morts de citoyens Algériens, et l’expansion du terrorisme djihadiste dans le Sahel depuis la destitution violente du Président Libyen, Kadhafi et son assassinat dans une intervention militaire conjointe de la France, de la Grande Bretagne et des Etats Unis.
Il est donc à craindre qu’une complicité de la Commission de l’Union Africaine avec ce coup d’Etat institutionnel en Tunisie, n’entraîne des massacres massifs de citoyens de ce pays, et l’expansion encore plus grande du terrorisme djihadiste dans le Sahel.
Les Pan africanismes de tous les pays et de tous bords, devraient se mobiliser pour exiger de la Commission de l’Union Africaine, la condamnation de ce coup d’Etat constitutionnel, et le rétablissement immédiat du Parlement et des Députés dans leurs droits constitutionnels
Ibrahima SENE PIT/SENEGAL
Dakar le 26 juillet 2021
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