À quelques heures de la traditionnelle adresse à la Nation, quelle direction le capitaine voudra prendre pour conduire le navire Sénégal à bon port ? Les écueils sont nombreux et ne sont pas que politiques.
Le Président Macky Sall va-t-il tout mettre à plat et faire un virage à 180 degrés ? Au lieu de nous présenter un bilan de réalisations, qu’il nous raconte son rêve ! Pas besoin d’être Martin Luther King pour cela ! Cela serait la plus belle surprise de l’année. Rêver, cela ne nous a pas été vraiment donné durant l’année qui vient de s’écouler.
C’est vrai qu’au début, on avait craint des fortes turbulences, du fait de la période électorale du début de l’année. Cela a toujours été une période de fortes tensions et de crainte de dérives plus ou moins graves. L’année du départ du président Wade avait vu 17 personnes perdre la vie ; la dernière année de Abdou Diouf, les menuisiers métalliques avaient vu leurs chiffres d’affaires grimper à la hausse, à force de commandes pour des portails en fer.
Néanmoins et c’est l’autre caractéristique de ce pays, toute la fièvre électorale retombe dès le lendemain du vote, et chacun retourne à ses occupations comme si de rien n’était. Fait notable, février 2019 n’a pas été une période d’embrasement au Sénégal, si l’on excepte l’incident mortel de Tamba entre la caravane du candidat Issa Sall et des partisans de la coalition au pouvoir. La réélection de Macky Sall n’a toutefois pas fait de la période qui a suivi un long fleuve tranquille et les prévisions d’un mandat tout en douceur n’ont pas tardé à se dissiper du fait de plusieurs affaires, dont certaines touchant à sa famille.
Ce qui fait que l’on se demande aujourd’hui, à quelques heures de la traditionnelle adresse à la Nation, quelle direction le capitaine voudra prendre pour conduire le navire Sénégal à bon port. Les écueils sont nombreux et ne sont pas que politiques. Le Dialogue national qui a fini de se mettre en place confine pour le moment en un face-à-face entre politiciens et ne préoccupe pas la majorité de la population. Le peu d’espoirs que l’on pouvait y placer a été déçu par le boycott des ténors de l’opposition politique qui n’ont, à ce jour, pas daigné y répondre.
On ne voit donc pas ce qui pourrait en sortir de bon. Et cela conforte ceux qui pensent qu’une petite caste de politiciens prend en otage ce pays, mettant de côté les véritables priorités du Peuple. Mais le véritable souci de ce pays et de son Peuple n’a pas changé, malgré le temps qui passe.
C’est d’abord et avant tout l’économie et surtout la création d’emplois. Les promesses présidentielles et les chiffres officiels, très optimistes, peinent à convaincre les jeunes qui le manifestent en continuant à chercher l’Eldorado par-delà les mers, souvent au péril de leur vie. Et ceux qui veulent y croire malgré tout ne veulent plus rester passifs face à des situations qui les révoltent et qui poussent certains à écouter la voix des sirènes qui les appellent à manifester d’une manière pacifique ou autre.
L’autre préoccupation est la faiblesse des institutions qui fait que toucher à une personne en revient à fragiliser les institutions, ce qui pousse à une personnalisation de l’Etat et le fragilise. Tout cela n’est pas nouveau et l’on peut même dire que certains de ces problèmes ont facilité la venue au pouvoir de Macky Sall. On doit pouvoir rêver qu’ils n’aideront pas à élire son successeur qui viendra nous promettre de les résoudre. 2020 ne sera pas la dernière ligne droite du dernier mandat du président et il a donc tout le loisir de prendre des mesures fortes.
Mais c’est maintenant qu’il faut agir pour ne pas avoir à juste compter le temps qui passe avant 2024. Le peuple a besoin de pain, mais il a surtout aussi besoin d’espoir. Que le président Sall fasse de cette nouvelle année une année où nous allons tous enfin espérer mettre notre pays sur les rails de l’Emergence, avec des institutions solides !
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