Le Sénégal est pratiquement dans l’impasse malgré les sourires et la sérénité de façade affichés par les principaux protagonistes de l’espace politique. Pendant ce temps, le Chef de l’Etat qui expédie les affaires courantes annonce en grande pompe la formation imminente d’un nouveau gouvernement. Quelle est la pertinence d’une telle opération à quatre mois du scrutin présidentiel ? Une interrogation loin d’être saugrenue surtout qu’on constate que le Premier ministre récemment désigné candidat de Benno au forceps tient apparemment à ce poste stratégique de chef du gouvernement. Comme si les nombreuses sollicitations politiciennes liées à son rendez-vous avec le peuple sénégalais lui donnaient un quelconque répit. A l’image de son mentor de Président, Amadou Ba donne l’impression de quelqu’un qui a de l’énergie à revendre via un don d’ubiquité prononcé. Il est au four et au moulin surfant entre ses obligations gouvernementales et les inaugurations et autres rencontres à caractère politicien avec les militants. Et puis, lorsque le Chef de l’Etat annonce des changements en profondeur dans le nouvel attelage gouvernemental, on peut se poser des questions légitimes sur l’impact de telles mesures pour un “gouvernement en sursis”. Cela en dit long aussi sur l’état d’esprit de ceux qui incarnent le pouvoir au Sénégal. Dans leur for intérieur, la continuité est actée et la candidature d’Amadou Ba passera pour sûr comme lettre à la poste. C’est mésestimer les subtilités d’un électorat versatile et exigeant à la fois. Nul ne sait encore pour quel candidat iront les faveurs du vote citoyen massif qui pointe à l’horizon. En effet, c’est plutôt le vote de ces millions d’indécis ayant fini de désavouer le militantisme partisan pur et dur qui va finalement départager les candidats qui auront réussi à franchir le cap délicat et fatidique des parrainages.
Avec le recul, il faut faire remarquer que des profils comme Amadou Ba, Guy Marius Sagna ou encore Aliou Mamadou Dia du PUR de Moustapha Sy peuvent être considérés comme de véritables candidats par procuration. Forcément chacun d’entre eux passera pour un Président de la République par défaut en cas d’élection au regard des circonstances délicates de leur choix. C’est d’ailleurs tout le caractère inédit de ce qui se passe actuellement sous nos yeux. L’atout majeur ce ces trois candidats, c’est qu’ils peuvent tous compter sur l’appareil, sorte de rouleau compresseur dont dispose leur parti ou coalition de partis. Un avantage comparatif considérable dans le contexte de cette présidentielle qui s’annonce comme la plus ouverte et la plus indécise de notre Histoire politique.
En revanche, le groupe des politiciens classiques voire professionnels composé notamment de Khalifa Sall, Idrissa Seck ou encore Karim Wade ce candidat fantôme dont l’arrivée imminente relève quelque part de l’arlésienne, semble en perte de vitesse. Avec une communication peu percutante et surtout un discours ronronnant qui a du mal à se renouveler, ces politiciens amortis ne sont pas encore au bout de leurs peines pour séduire et convaincre l’électorat. Autant dire que le désir de changement et cette envie-obsession de trouver un homme neuf qui charrient les espoirs d’une jeunesse déboussolée auront du mal à se réaliser.Le système sait conserver la vie dure !
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