Ces deux dernières décennies, les taux de réussite au baccalauréat tournaient autour de 30 % voire 40 %, au niveau national. Ces taux seraient-ils en passe d’être battus cette année ? Il convient d’être prudent à ce stade mais tout indique que, malgré la pandémie de Covid-19 qui avait occasionné la fermeture des écoles pendant trois mois avant une reprise partielle pour les élèves en classe d’examen en juillet, un record pourrait être battu en termes de taux de réussite au baccalauréat. De 30 % à 40 % maximum, ce taux pourrait effectuer un bond de 10 points de plus, selon des syndicalistes d’enseignants qui parlent d’ores et déjà de « pic de 2020 ». Des syndicalistes qui alertent dès à présent sur l’impossibilité d’orienter tous ces nouveaux bacheliers dans nos universités qui n’auraient pas les capacités d’absorber tout ce flux. On n’en est pas encore là !
Au jury 938, Série L’1, du centre Palmarin de Fatick, les résultats rassurent. sur 55 candidats, 38 sont admis d’office et 15 admissibles au second tour. soit un taux de réussite de 96,36 %. Le constat est presque le même à Popenguine. La série L’1 du jury 142 du lycée de Popenguine a connu un taux de réussite de 79,58 %. En effet, 34 candidats sur les 142 à l’examen sont admis d’office et 79 autres élèves iront au second tour. Idem pour la série L2 du même jury. Là, sur 80 candidats, 30 ont obtenu le précieux sésame dès le premier tour, et 28 admissibles. Soit un taux de réussite de 72,05 %. Sans compter les 75 % de réussite notés à la série S2 du même centre où l’on compte 10 admis d’office et 8 admissibles sur les 24 candidats qui composaient. A Dakar, les tendances sont les mêmes.
Au centre Cardinal Yacinthe Thiandoum, la Série L2 du jury 1099 a enregistré 46 admis d’office et 57 admissibles sur les 200 candidats déclarés dont 14 absents. Matam n’a pas fait une exception à la règle. au jury 1058, série L’1, il y a eu 35 admis et 17 admissibles sur les 65 candidats donne un pourcentage honorable. Le constat est unanime chez les syndicalistes de l’enseignement qui continuent de recenser les résultats, jury par jury, au niveau national. Toutefois, Malick Youm du Syndicat autonome des enseignants du moyen et secondaire du Sénégal (Saems) dit ne pas encore avoir un échantillon de masse qui pourrait permettre de faire une analyse fiable de la situation. Mais il reste convaincu que les tendances lourdes montrent des résultats meilleurs que ceux des deux dernières décennies. « D’habitude, la moyenne nationale tournait autour de 30 %, Ou un peu plus. Pour cette année, les tendances montrent qu’on peut aller au-delà, pour arriver jusqu’ à 45 %, ou plus ».
La même prévision est faite par le secrétaire général du Cusems authentique, Dame Mbodj, qui parle d’un bond de 10 points en avant. « Les premiers résultats du baccalauréat 2020 sont partis pour être des résultats inédits par rapport aux 15 dernières années. Pour la moyenne nationale, on aura une augmentation de 10 %. Les années passées, on était toujours dans la trentaine en terme de pourcentage. Cela tournait entre 31 %, 34 % voire 39 % mais pour cette année, on peut aller jusqu’à plus de 50 % ». Comme toujours, cet éternel insatisfait qui tire tout ce qui bouge venant de l’Etat, n’est pas satisfait pour autant. L’Office du Bac, dit-il, n’a donné que des sujets faciles. Des sujets abordables donc pour tous les candidats qu’ils soient les scientifiques, les littéraires ou même les arabisants. Au niveau du Bac arabe, les candidats se sont également surpassés. « Pour le moment, on est à un peu plus de 70 % de réussite », selon le secrétaire général du Snelas/Fc, Mouhamadou Moustapha Signane. Pour ce syndicaliste des « arabisants », en baccalauréat arabe, il n’y a jamais eu moins de 80 % de réussite. Et cette année, les premières estimations, que ce soit le Bac L arabe, le Bac S arabe et le franco-arabe, montrent que les résultats sont bons. « Les examens arabes se font chez les lycéens du franco-arabe qu’on appelle Bac classique et le bac arabe islamique qui a commencé en 2013. Mais elles sont quand même rassurantes, ces premières tendances », a expliqué Oustaz Signane.
Si on se fie donc aux premières tendances et aux impressions des trois syndicalistes du Cusems authentique, du Saems et du Snelas/Fc, les résultats de cette année pourraient être les meilleurs depuis près de 20 ans. d’ailleurs, en évoquant ces prévisions euphoriques, dame Mbodj parle d’un « pic » 2020. Malgré donc la pandémie de la Covid-19 qui avait occasionné la fermeture des écoles pendant plus de trois mois, avant une reprise partielle pour les élèves en classe d’examen (Cm2, troisièmes et terminales), les élèves, on ne sait par quel miracle, ont déjoué les pronostics les pessimistes des syndicalises qui faisaient état de résultats catastrophiques.
Pour expliquer ces résultats quasi-miraculeux, le secrétaire général du Snelas/Fc estime que c’est parce que les élèves, tout comme les professeurs, n’ont « jamais fermé » les cahiers. « Ils n’ont pas été à l’école, mais ils étudiaient à travers le dispositif ‘’APPRENDRE A L’ECOLE’’ qui a été mis en place par le gouvernement. Certains professeurs organisaient aussi des cours avec leurs élèves à travers des groupes sur whatsApp ». Une explication que Dame Mbodj bat en brèche. Selon lui, il y a eu ces « résultats inédits » parce que, tout simplement, « l’Office du Bac a rabaissé les standards en donnant des sujets très faciles aux élèves. Mais le dispositif du ministère qui enseigne à distance n’est pas efficace. Sinon, pourquoi, ils n’ont pas fait composer les élèves des classes intermédiaires ? », demande le patron du Cusems « authentique ».
Selon lui, le gouvernement, à travers le ministère de l’enseignement supérieur et l’Office du Bac, s’est tiré une balle dans la tête. « Ils ont auront des difficultés à orienter tous ces nouveaux bacheliers, parce qu’ils n’en ont pas les capacités d’accueil. Déjà, à l’Université Assane Seck de Ziguinchor, l’année est blanche pour les étudiants de première année ». Dame Mbodj tient donc dès à présent à attirer l’attention sur les difficultés que va rencontrer le gouvernement dans l’orientation de cette future cohorte d’étudiants au niveau des universités qui souffrent déjà en termes de capacités d’accueil. Mais on n’en est pas encore là, assurément !
Le Témoin
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