C’est dans l’ordre des choses qu’un soldat, dans l’exercice de son métier, ou plus exactement dans l’exécution d’une mission, risque la mort. Et, contingence suprême, ou ultime, qu’il soit tué.
C’est normal, quoique cruel, en ce que la normalité, ici, dans la plénitude de sa froideur et de sa gravité, constitue le contraste par excellence de la puissance de la violence légale dont dispose le soldat.
Mais ce qui l’est moins, et même pas du tout, c’est quand un citoyen, ou toute autre personne humaine vivant parmi nous, est arrêté pour l’exercice d’un droit fondamental, consacré comme tel par la Loi Fondamentale : la liberté de pensée, d’opinion, d’expression ou de manifestation. Donc, le droit d’être libre.
C’est-à-dire, ce droit fondamental dont cependant nul, fût-il dépositaire d’on ne saurait quel droit divin, n’est libre d’enfreindre ou non. Il s’impose à tous, parce qu’il est, tout simplement.
Nul, en effet, n’est libre de contrarier ou de ne pas contrarier, à plus forte raison d’interdire ou de ne pas interdire, sous aucun prétexte, l’exercice de ce droit fondamental.
Guy Marius Sagna, puis Adama Gaye, aujourd’hui. Mais aujourd’hui, avec le “régime Macky Sall”, c’était déjà hier, qui se conjugue ainsi au présent de l’injustice et de l’arbitraire, avec commodité et banalité.
Et demain ? Eh bien ! Demain, au Sénégal, appartient déjà au président Macky Sall, là où il appartient à Dieu, ou à la Nature, sous d’autres cieux.
La promptitude avec laquelle nombre de leaders de la majorité, de l’opposition et de la société civile ont condamné – c’est normal voire naturel ! – le crime commis par des malfrats sur la personne du commandant de brigade Tamsir Sané, et engagé par la même occasion la responsabilité du Gouvernement – ça l’est beaucoup moins voire pas du tout parce que irresponsable ! – tranche avec les silences laborieux et autres réactions timides des uns et des autres face à cet arbitraire, légalisé par un Pouvoir aux réflexes épidermiques et légitimé par un Peuple sénégalais définitivement passif, qui s’abat, si arbitrairement donc, sur Guy Marius Sagna et Adama Gaye aujourd’hui et, si l’on n’y prend garde, s’abattra, tout aussi arbitrairement, sur d’autres combattants de la liberté demain.
Il faut que cela cesse !
Le président Macky Sall a autre chose à faire, mais vraiment autre chose à faire, dans l’exercice de ses fonctions, que de faire constamment preuve de frilosité et de susceptibilité inutilement exagérées.
Au fait, le président Macky Sall est-il jamais au courant de ces actes, souvent antirépublicains et antidémocratiques, quelquefois frisant la forfaiture, que des autorités zélées, plus que de raison, posent quotidiennement en son nom ? Où commence sa clairvoyance, et où s’arrête-t-elle, dans la gouvernance du pays dont il préside aux destinées ?
Quand en février et mars 2012, puis le 24 mars 2019, le Peuple était appelé aux urnes, il ne s’agissait pas de choisir entre Macky Sall et la liberté.
D’ailleurs, cette dernière n’est-elle pas conquise, définitivement conquise au Sénégal – excepté peut-être dans le “Contexte casamançais”, tout au moins aux yeux du MFDC – qui plus est, de haute lutte, avant la venue au monde de Macky Sall ?
Certes, était-il question, lors de ces joutes électorales, du moins dans notre entendement, tel que nous le suggérions en son temps, en ce qui concerne notamment la Présidentielle de 2019, de choisir entre Macky Sall et Macky Sall. Mais il s’agissait de le faire, ou de ne pas le faire, dans la liberté, à la fois transcendante et transversale.
C’était donc cela dont il était question, et seulement cela.
Car, souvenons-nous-en, à la fin de la décennie 1950, les Sénégalais ont choisi la liberté, pour être libres. Ni plus, ni moins.
Dakar, le 29 juillet 2019.
Jean-Marie François BIAGUI
Président du Parti Social-Fédéraliste (PSF)
Ancien Secrétaire Général du Mouvement des Forces Démocratiques de la Casamance (MFDC)
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