S’il le faut, il faudra fermer les yeux pour imaginer ces bébés dans l’incendie. Comme pour essayer de se mettre à la place de leurs pauvres parents, le drame des mères qui les ont portés et les pères qui les ont cordialement convoités laissent pantois plus d’un. Les vocables de drame, d’amertume et de compassion ne sauraient suffire à combler nos vœux et vendange de justice sociale. Dans l’état de droit, la responsabilité suit le pouvoir et ses tenants.
Celui qui définit la politique de la nation au Sénégal, c’est le Président de la République. C’est lui seul qui a la haute main sur les ressources budgétaires du pays etqui nomme les ministres et met fin à leurs fonctions. Etonnement, ce dernier a préféré, dans tous les cas similaires, protéger ses ministres. Et pourtant, ses partisans nous reprochent de faire de la récupération politique pour avoir mis le curseur sur les dysfonctionnements du système de santé.
Pour défaut de culture politique ou faute de conscience citoyenne, ces béni-oui-oui perdent de vue que le système démocratique repose sur cette logique simple : un gouvernement gouverne en face d’une opposition qui s’oppose. L’opposition, en dénonçant la politique de l’APR où plutôt son absence de politique de santé efficace et cohérente, est dans son rôle naturel et vital pour la République en marche.
D’ailleurs, force est de reconnaitre que les opposants n’en font que peu. Une Motion de censure serait beaucoup plus indiquée. Ces 11 beaux bébés perdus dans des flammes et fumées devraient pousser à activer les mécanismes les plus solennels et graves que la Constitution met à disposition. C’est cela, à la mesure, qui puisse amener le gouvernement à rendre compte convenablement et à répondre de ses manquements intolérables. L’opposition parlementaire devrait en user sans hésitation. Elle le doit au peuple Sénégalais.
Faute de quoi, elle serait autant responsable que Macky Sall qui a hésité, après plusieurs drames, à situer les responsabilités dans des uns et des autres. L’idée que la Motion de censure appelle devant l’Assemblée nationale tout le gouvernement dirigé par un Premier ministre ne tient pas la route. Il ne revient pas à l’opposition de s’en soucier.
limogeant son ministre de la Santé en le remplaçant par le directeur de la Santé, le président de la République nous rappelle à quel point il pouvait lui être ordinaire de prendre un décret pour nommer un ministre ou un Premier ministre.
Pire encore, le chef de l’Etat a, cette fois-ci, raté une belle occasion de respecter les termes de la Constitution en corrigeant une flagrante forfaiture. En effet, l’absence de Premier ministre, poste restaurée par la dernière réforme votée en procédure d’urgence sous son instigation, ne l’honore pas du tout. Dès lors, la Motion de censure s’impose à tout point de vue ; c’est le minimum que requiert le sens des responsabilités du pouvoir législatif.
Moussa Tine
Président Alliance Démocratique Pencoo
Membre de Yewwi Askan Wi
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