Il a été reproché à JAMRA de prendre prétexte du retard criard des pluies, de cet hivernage catastrophique qui tire à sa fin, pour se livrer à un prosélytisme de mauvais goût, en «faisant une relation de cause à effet», entre la pluviométrie désastreuse et la dégradation des mœurs. JAMRA fait «intervenir de faux arguments», nous reproche-t-on, au lieu d’avoir une posture plus rationnelle, en s’insurgeant par exemple «contre la désertification».
JAMRA peut alors être fière de ne pas être seule à «faire intervenir ces faux arguments», pour déplorer le retard inquiétant des pluies, relativement à la déprédation des mœurs! Car, c’est effectivement ce «faux argument» qui avait été invoqué par l’honorable Khalife Mame Abdou Aziz Sy Dabakh, lors de la chancelante pluviométrie de 1992. Un sevrage inédit des eaux hivernales avait fini par semer le désarroi dans le monde paysan, frappé par un début sécheresse qui commençait à les priver du minimum vital pour survivre et entretenir le bétail.
L’honorable Khalife Dabakh Malick, alors soutenu dans son cri du cœur par tous les khalifes généraux des autres cités religieuses (et aussi par son ami le Cardinal Hyacinthe Thiandoum), avait insisté, dans sa légitime plaidoirie, délivrée à la Grande Mosquée de Dakar, archi-comble, sur la nécessité d’un repentir collectif, en l’étayant par un rappel, entre autres, de cette solennelle mise-en-garde du Tout-puissant : «En vérité, Allah ne modifie en rien la situation d’un peuple, tant que les gens qui le constituent ne changent pas d’abord en eux-mêmes» (Sourate Arrad verset 11).
L’honorable Khalife Abdoul Aziz Sy Dabakh estimait que le degré alarmant atteint dans le libre-cours donné aux bas-instincts, la prégnance de l’injustice sociale, et autres violations de la Loi de Dieu, n’étaient pas étrangers à cette situation dramatique qui menaçait l’équilibre de l’économie nationale, après avoir tragiquement impacté les paysans. Le Président Abdou Diouf, ne se fit pas prier pour donner droit à la requête du khalife, en instruisant le ministre de l’Intérieur d’alors, Madieng Khary Dieng, de fermer tous les lieux de débauche ou supposé donner libre court aux bas-instincts : bars, salle de jeux d’argent, maisons de passe, etc. Et accessoirement d’autres sites abritant des manifestations mondaines. Pendant que, sur toute l’étendue du territoire national, des milliers de croyants s’attacheraient à des rituels de «zikr» et d’imploration de la Miséricorde divine. Pour une période de 72 heures. Au grand bonheur de tous, particulièrement du monde rural, avant même que certaines mosquées n’eussent procédé au «khadmou» devant clôturer les récitals du Saint Coran, le ciel ouvrit généreusement ses vannes le même jour sur toute l’étendue du territoire nationale!
JAMRA est donc fière d’invoquer, encore aujourd’hui, en 2019, ce «faux argument», face à l’inquiétant retard des pluies. À fortiori dans un contexte sociétal particulier, où le niveau de déliquescence des bonnes mœurs n’est plus à démontrer. Autrement dit, OUI à la lutte contre la désertification, mais NON également à la désertification des nobles valeurs culturelles et religieuses, que nous ont généreusement léguées les grandes figures religieuses qui reposent en terre sénégalaise! On peut certes REBOISER, sans être obligé de DÉBOISER nos valeurs ancestrales.
Que nous rétorque-t-on encore, qu’en Europe «il y a pourtant beaucoup de pluies alors que là-bas c’est pire, en terme de relâchement des mœurs ? Nous savons tous, pourtant, que les peuples pervers de Sodome et Gomorrhe, juste avant leur anéantissement par la colère divine, avaient atteint un niveau de développement agricole et une prospérité économique indéniables. Mais en raison de leurs records historiques dans la promotion des contre-valeurs, notamment l’homosexualité et l’inceste, ils ont été brutalement réveillés par un enchaînement de cataclysmes sans précédent, qui les ont définitivement rayés de la carte de l’univers, dans des circonstances si tragiques qu’elles ont été relatées à l’identique, tant par la Bible que par le Coran.
Donc avoir «beaucoup de pluies», tout en persistant à violer la Loi de Dieu, n’est pas forcément synonyme d’impunité et de… sécurité! D’où ce rappel solennel du devoir de veille qui nous incombe à tous : «Ô Croyants, méfiez-vous d’un de Mes châtiments qui, lorsqu’il s’abattra sur vous, n’atteindra pas seulement ceux qui sont coupables parmi vous» (Coran 8:25).
Qu’Allah veille sur notre cher Sénégal.
Dakar, le 05 Août 2019,
Les Bureaux exécutifs de
JAMRA & Mbañ Gacce
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