En 1992, lorsque le Gouvernement socialiste introduisait le parrainage dans notre système électoral, l’objectif visé n’était point d’interdire aux citoyens sénégalais remplissant les conditions, de pouvoir compétir au même pied d’égalité que leurs compatriotes dont la candidature était promue par des partis politiques ou par une coalition.
L’objectif recherché était plutôt de s’assurer que derrière les candidatures indépendantes, qu’ il y ait une masse de sénégalais provenant de différentes régions du pays et qui partage le projet politique de ces dernières.
Il est clair donc que l’esprit des auteurs du code consensuel de 1992 tranche net d’avec celui du régime de Benno Bokk Yakar. En effet, comme le montrent les éléments de langages des membres de cette coalition, c’est un esprit liberticide fondé sur une logique d’exclusion du processus électoral des sénégalais remplissant pourtant les conditions imposées par la loi électorale pour être candidat qui motive leur parrainage.
L’argument avancé par eux consiste à dire que le parrainage permet de rationaliser les candidatures dans un contexte où l’on note une floraison de partis politiques et de mouvements citoyens.
Cet argument est infondé et fallacieux car, comme nous l’avons démontré, la raison d’être du parrainage n’a jamais été de rationaliser le champs politique par l’exclusion d’acteurs majeurs comme ça a été le cas en 2019 et potentiellement aux élections législatives du 31 juillet 2022.
L’objectif en 1992, était plutôt de jauger le niveau de représentativité géographique et démographique des candidatures indépendantes et de s’assurer que ce ne sont pas des intérêts étrangers qui se cachaient derrière elles.
Le contrôle du nombre de formations politiques en terme de représentativité et de transparence financière étant déjà réglé par la loi de 1981 sur les partis politiques et modifiée par celle de 1986. On voit alors que le parrainage et l’argumentaire politicien qui le maintient dans notre code électoral est une fausse solution à un vrai problème.
Oui un vrai problème, celui de la floraison de partis politiques qui pose de vrais soucis de transparence mais également d’image de la classe politique qui apparaît aux yeux de l’opinion publique comme une nouvelle caste d’entrepreneurs qui, s’ils ne défendent pas des parts de marché, se battent pour garder ou acquérir une place dans l’échiquier politique.
C’est pourquoi le pôle de l’opposition, lors des concertations sur le processus électoral en mai 2019, conscient de la nécessité d’apporter plus de lisibilité sur le champs politique, avait proposé au pôle du pouvoir d’offrir un moratoire au bout duquel, tout parti politique qui ne respecterait pas les conditions imposées par la loi de 1981 soit dissout.
Mieux, nous avions proposé, de commun accord, dans la sous commission chargée de réfléchir sur le financement public des partis politiques, les obligations pour les partis politiques d’organiser périodiquement des Assemblée générales, de se présenter aux élections au moins une fois tous les cinq ans, de rendre compte de la provenance et de l’état de leurs finances, de présenter un plan de formation de leurs militants en plus du rapport financier et narratif qu’ils ont l’obligation de déposer chaque année au Ministère de l’Intérieur,
Aucune suite n’a été donnée, à ce jour, à ces propositions.
Nous voyons donc que des solutions ne manquent pas sur la table du gouvernement pour réformer le système partisan sénégalais et l’adapter aux standards d’une démocratie pluraliste. Ainsi notre pays en avait-il pris l’option au début des années 80 tout en évitant de violer la liberté de candidature qui est un principe sacro-saint de la démocratie tel que l’a rappelé le juge de la Cour de justice de la CEDEAO dans sa décision rendue en avril 2021, donnant suite et décidant en faveur de l’Union Sociale et Libérale qui avait déposé un recours contre la loi sur la parrainage.
Ce qui nous manque, c’est un leadership progressiste en matière de liberté publique et de bonne gouvernance.
C’est là tout l’enjeu de restauration d’un leadership politique qui donne du crédit au dialogue et à la démocratie qui sont à la base des élections législatives à venir et dont une victoire de l’opposition dépendra essentiellement du taux d’inscription des nouveaux majeurs ou primo votants.
C’est pourquoi, nous exhortons nos petites sœurs et petits frères de saisir l’occasion qu’offre cette révision exceptionnelle des listes électorales en vue de s’inscrire massivement pour qu’ensemble nous prouvions au reste du monde que Yewwi Askan Wi est « la véritable clé du renouveau démocratique dans notre pays ».
C’est possible, nous vaincrons !
Aldiouma Sow
Sn Élections du PASTEF
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