Ousmane Sonko risque le mandat d’amener et…le mandat de dépôt

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Le leader de Pastef Ousmane Sonko ne déférera pas à une convocation du juge d’instruction suite à la levée certaine de son immunité parlementaire par l’Assemblée nationale prévue aujourd’hui.

Il l’a fait savoir hier, lors de d’une déclaration de presse faite en français et en ouolof.

Dans un style de combattant, le jeune leader politique a évoqué des ‘’vices’’ de procédure qui lui donne le droit de penser que même après sa levée, son immunité parlementaire reste intacte et qu’il compte en profiter.

Ainsi, il ne comprend pas pourquoi le Procureur met fin à une enquête qui allait démasquer l’avocate et le médecin impliqués dans ce qui lui parait comme un ‘’complot’’.

Le second ‘’vice’’ de procédure qu’il a invoqué, est que la Commission ad hoc doit être composée de onze membres et non de neuf après la démission de Guirassy et de Cheikh Bamba Dièye.

En tout état de cause, il s’en est pris au juge d’instruction Mamadou Seck, en doutant notamment de son indépendance et de sa capacité à faire face aux pressions.

Il a non seulement indexé le juge d’instruction, mais aussi le procureur Serigne Bassirou Guèye et le Doyen des juges Samba Sall. Il les taxe d’être le bras droit de l’Exécutif, notamment de son chef, dans son dessein de liquider des adversaires politiques.

Or, ces derniers incarnent tout le système judiciaire que rejette alors, le jeune leader.

C’est pourquoi, il risque le mandat d’amener dans un premier temps et le mandat de dépôt par la suite.

Pourquoi le mandat d’amener ? Eh bien parce que ce dernier est un ordre donné à la force publique (police ou gendarmerie) par un juge d’instruction, de conduire immédiatement devant lui une personne définie pour l’entendre.

Car, ici, Sonko ne donne pas une autre alternative au juge d’autant plus que tout le monde sait que la machine judiciaire ne va s’arrêter parce qu’il n’a pas voulu reconnaitre la levée de son immunité. Mieux, après avoir entendu Adji Sarr hier, le juge d’instruction voudra entendre le leader politique et organiser même, s’il le faut, une confrontation.

Or, manifestement, du fait de la prise de position de la personne mise en cause, le juge n’aura alors d’autre alternative que de le faire cueillir manu militari, ce qui, bien entendu, pourrait avoir des conséquences sur la sécurité publique.

Pis, si on arrive à mettre la main sur lui, c’est le mandat de dépôt qui pourrait s’ensuivre. Car, au regard de son attitude de rébellion contre tout le système judiciaire, il n’offre plus de garanties de représentativité.

Il sera hors de question alors pour le juge d’instruction de le laisser en liberté, du fait des conséquences sur l’ordre public et sur le dossier qui pourraient en découler.

A l’analyse alors, on se rend compte que Sonko est prêt à rejoindre ses proches en détention. Une manière pour lui, d’alerter l’opinion nationale et internationale sur la nature du ‘’complot’’ dont il est accusé et la ‘’dictature’’ en gestation dans notre pays.

Il a montré qu’il ne compte nullement sur ses avocats pour le défendre, mais sur le peuple, la classe politique, la jeunesse, la société civile, etc.

En clair, dans ce combat dont il réfute le caractère judiciaire pour ne regarder que celui politique, Sonko a misé toutes ses cartes sur une éventuelle ‘’révolution’’, c’est-à-dire une résistance du peuple.

Dans tous les cas, il dit donner l’exemple en s’appuyant sur la constitution qui permet à tout citoyen, de résister à l’oppression.

La suite sera forcément difficile à gérer pour tous les acteurs concernés. Car traduire en justice un leader qui ne le souhaite pas, ne sera pas facile.

Assane Samb (Rewmi)

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