A cette date historique et mythique, j’étais Directeur Administratif de TEYLIUM Properties Sénégal mais aussi membre actif de l’Alliance Pour la République, depuis sa naissance et résolument engagé derrière le Président Macky Sall pour son élection.
En ce 23 juin 2021, marquant le dixième anniversaire de cet épisode important du Sénégal libéré, je voudrais partager les anecdotes et faits marquants que j’ai vécu avec beaucoup d’intensité.
En ce mois de juin 2011, je venais de réceptionner un énorme chantier que mon Patron Yerim Sow m’,avait confié avec des objectifs précis, notamment réceptionner l’immeuble Rivonia et y faire déménager toutes les équipes de TEYLIUM dont une partie se trouvait à la VDN et l’autre, que je dirigeais, à l’immeuble HORIZON sis au boulevard de la République et abritant la célèbre étude de Maitre Moustapha Ndiaye, Notaire.
Après avoir réussi la prouesse de réunir les équipes entre le 12e et le 13e étage de cette magnifique œuvre, le challenge était de terminer l’autre aile de l’immeuble qui accueille aujourd’hui le siège de la BNDE et qui initialement, devait être le siège de la BRIDGE Bank.
Bref, j’avais mon bureau au 12e étage, avec une imprenable vue sur l’Assemblée nationale et ses alentours mais aussi, sur l’océan Atlantique ainsi que certains grands édifices.
Le 22 juin 2011, alors que je venais de terminer une réunion de debriefing avec mes équipes, j’ai rejoint mon bureau pour prendre une tasse de café bien méritée quand un homme enchaîné aux grilles de l’Assemblée nationale se fait malmener par un gendarme qui s’affaire à lui ôter les chaînes. Je vis le Député Cheikh Bamba Dièye se débattre dans un spectacle ahurissant. Ces images feront le tour du monde. Quelque chose de pas banal se préparait et je n’en dirais pas plus. En effet, c’était la première forme visible de protestation contre une loi scelerate ayant des relents de dévolution monarchique du pouvoir, que l’Assemblée nationale du Sénégal s’apprêtait à voter.
Étant au courant des manifestations qui se projettaient le lendemain, j’appelle en toute responsabilité, le Secrétaire général du Groupe Teylium Mamadou Asta Diakhaté et lui propose, au regard des informations en ma possession et de l’exposition de notre site au théâtre des manifestations du lendemain, de demander au personnel de rester à la maison le 23 juin 2011, au moins pour la matinée, le temps d’observer et de prendre une décision définitive. J’ai eu la réponse à laquelle je m’attendais.
En effet, c’est un niet catégorique qui m’a été servi par mon supérieur, à juste raison d’ailleurs, parce que je ne fondais mon argumentaire sur rien que je pouvais prouver. Mes certitudes ne pouvaient pas être les siennes parce que lui ne militait pas. Par conséquent, je comprenais sa réaction. “Il ne se passera rien“, m’a t-il dit et “je n’en suis pas si sûr” lui ai-je tranquillement répondu, renonçant par la même occasion au mail All staff que je voulais envoyer pour demander aux employés, en ma qualité de chef du personnel, de rester chez eux.
Le lendemain, comme à mon habitude, j’étais à mon Bureau dès 7h du matin sans grande difficulté, parce qu’à cette heure, point d’embouteillages. J’ai pris mon café, parcouru quelques parapheurs, rédigé quelques mails réponses et envoyé des directives à mes principaux collaborateurs. Bien sûr, j’étais en contact avec les différents groupes à l’origine des grandes initiatives du jour. Les amis se reconnaîtront.
C’est vers 9 heures que mon patron,, M. Diakhaté, très matinal du reste, m’appelle. En sa qualité de PCA du Radisson, il y passait quelques heures dans la matinée avant de rejoindre le siège. Il me dit d’une voix fine: “Je veux rejoindre la ville mais c’est quasi impossible, toutes les voies d’accès sont fermées, on dirait que ça chauffe a l’université“. Je lui réponds simplement que ce 23 juin sera spécial et que les étudiants se préparent à marcher vers la place Soweto, où une activité débordante a lieu à l’instant. Il me demande si je peux libérer le personnel, je le lui déconseille fortement, étant entendu qu’il était désormais plus en sécurité dans l’enceinte de l’immeuble que dehors.
Je jette un regard sur l´ambassade des USA qui était encore à l’,emplacement actuel du Ministère de la Justice, que je surplombe de mon bureau et, je vois des militaires américains armés lourdement installés sur le toit de ladite ambassade. Certains en station debout. D’autres en position couchée.
Le Chairman Yerim Sow m’appelle depuis la Suisse pour s’enquérir de la situation et je le rassure quant aux mesures préventives mais je comprenais ses inquiétudes concernant la tour en verre magnifique que nous venions d’inaugurer et qui pouvait être la victime des jets de pierres qui se sont invités tôt le matin dans les alentours. J’ai d’ailleurs été agréablement surpris de voir que l’Immeuble en question n’a essuyé, à l’issue de la manifestation, aucun dégât.
Je convoque le chef de la sécurité à mon bureau et fais le point avec lui pour qu’il renforce davantage la surveillance du bâtiment. Ensuite, je lui intime l’ordre de ne plus accepter de visiteurs. C’est là que j’enfile mes baskets et prends l’ascenseur, direction le rez-de-chaussée, pour bien sûr, participer à la manifestation.
Je trouve les vigiles en grande discussion avec les journalistes qu’ils ont priés de disparaître du périmètre de l’entrée et c’est là que me vient une idée qui révolutionnera le direct télévision, ce jour mystique.
Je propose ainsi aux journalistes des grandes rédactions, de les installer à la mezzanine de l’actuel siège de la BNDE et c’est ce qui explique les excellentes prises que nous servaient les grandes rédactions, surtout Walf. D’ailleurs après la manifestation, j’avais récupéré deux trépieds oubliés sur les lieux dans le feu de l’action.
Dès que mon Boss Macky Sall a été annoncé à la manifestation, j’ai plongé dans l’antre et vécu mes minutes de folie.
J’ai été témoin du transfert pour secours d’Alioune Tine chez feu Ousmane Diagne, dont la maison est mitoyenne à l’Immeuble Rivonia. Après, cela a été une succession de faits et gestes jusqu’à l’annonce du retrait du projet de loi.
Fier d’avoir vécu cette folle journée qui est le point de départ de la deuxième alternance démocratique au Sénégal, marquant le départ du Président Abdoulaye Wade et l’arrivée du Président Macky Sall.
Par Mamadou Kasse, membre de la Task Force APR, DG de la Sicap SA
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