Si un cessez-le-feu est un pacte de non-agression, son respect commande ou appelle, de manière objective, l’intelligence, l’honnêteté intellectuelle, la sincérité, la loyauté.
Mieux, le respect d’un cessez-le-feu participe de l’art de concilier l’éthique et le devoir d’une part, et l’éthique et l’obligation d’autre part, en toutes circonstances.
Or, le 24 janvier 2022, ce qu’il reste du cessez-le-feu en Casamance (l’armée nationale l’ayant très largement entamé, de manière unilatérale et sans préavis, en janvier et février puis en avril et mai 2021, contre le front sud du MFDC) est subitement rompu.
Les faits, rien que les faits :
(i) Un camion chargé de bois est pris en chasse par des soldats de la Mission de la CEDEAO en Gambie (ECOMIG), en territoire gambien ; et ce, jusqu’à Balem, village frontalier à cheval entre la Gambie et le Sénégal.
(ii) Quand les militaires de l’ECOMIG arrivent à la borne-frontière, le camion pourchassé s’est déjà fondu dans la première forêt sénégalaise.
(iii) Et le chef du village de Balem de prévenir, à l’intention de ces derniers mais en vain, que, passé cette borne-frontière, ils ne seraient déjà plus en territoire gambien. Si l’on sait en outre que la forêt que voilà est comme un sanctuaire du MFDC.
(iv) Aux yeux des soldats de l’ECOMIG, le chef du village passera, pour ce seul fait, pour un complice des « rebelles ». Il le paiera par son arrestation.
(v) Si la mollesse (et c’est un euphémisme !) avec laquelle les militaires de l’ECOMIG tentent d’interpeller le camion incriminé contraste fort curieusement d’avec la manière forte dont ils vont cueillir le chef du village, tout indique, cependant, que la perspective d’un accrochage avec le MFDC est attendue de leur part, voire préparée.
(vi) Seules l’ampleur des combats et l’étendue des dégâts qui s’en suivront seront pour eux une surprise.
(vii) Où l’on (re)découvre, donc, que l’ECOMIG est en Gambie pour le Sénégal face au MFDC ce que Wagner est au Mali pour le Mali contre les djihadistes. Le prétexte, au Sénégal, sinon depuis la Gambie, consistant en l’occurrence dans « une action de sécurisation et de lutte contre les trafics illicites, notamment contre l’exploitation criminelle du bois sur la frange frontalière avec la Gambie ».
(viii) Et pourtant, il est une certitude, une évidence même, en vertu de laquelle : La Casamance sera totalement sécurisée et la lutte contre les trafics illicites définitivement gagnée, quand et seulement quand l’Etat et le Mouvement des Forces Démocratiques de la Casamance (MFDC) auront conclu « La Paix des Braves » définitive.
(ix) Il suffit, pour ce faire, de le vouloir, et d’agir en conséquence. Cela s’appelle une volonté politique.
Dakar, le 02 février 2022.
Jean-Marie François BIAGUI
Président du Parti Social-Fédéraliste (PSF)
Ancien Secrétaire Général du MFDC
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