La situation est confuse, à Bamako, quelques heures après que des tirs ont été entendus mardi matin au camp militaire de Kati, tout proche de Bamako. Les autorités ne se sont pas encore officiellement exprimées, tandis que la Cedeao rappelle « sa ferme opposition à tout changement politique anticonstitutionnel ».
La situation est confuse à Bamako. Des coups de feu ont été entendus dans la matinée au camp militaire Soundiata-Keïta de Kati, situé à 15 km au nord de Bamako. Des hommes armés ont fait irruption dans le camp à bord de pick-up, avant que des tirs ne soient échangés avec les militaires présents sur le site.
« Des pick-up en provenance de Bamako, lourdement armés, ont pénétré dans le camp Soundiata-Keïta et les hommes à bord ont tiré en l’air. Il y a eu riposte de militaires présents, qui ont cru à une attaque », a affirmé à Jeune Afrique un officier malien, sous couvert d’anonymat. Les échanges de tirs ont ensuite cessé.
Le premier groupe aurait ensuite été rejoint par « dix autres pick-up », selon notre source au sein du ministère malien de la Sécurité intérieure. « Les magasins d’armes ont été ouverts et les armes distribuées aux militaires présents dans le camp », a précisé à JA l’officier.
Des manifestants sur la place de l’Indépendance
Selon nos informations, les personnels non essentiels de plusieurs administrations publiques, y compris plusieurs ministères, ont été évacués. C’est notamment le cas à l’Office de radio et télévision du Mali (ORTM).
En milieu de journée, plusieurs dizaines de jeunes se sont rassemblés sur la place de l’Indépendance, scandant des slogans favorables aux militaires mutins de Kati. Certains, parmi eux, ont appelé à la retenue et enjoint à éviter les pillages. L’ancien député Oumar Mariko, membre du Mouvement du 5 Juin – Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP), les y a rejoints.
A la mi-journée, les autorités n’avaient fait aucune communication officielle sur la situation. Selon nos sources, le président Ibrahim Boubacar Keïta est actuellement dans sa résidence de Sebenikoro, en compagnie du Premier ministre Boubou Cissé. Karim Keïta, député et fils du président, est également présent.
La Cedeao appelle les militaires à « rentrer dans les casernes »
Dans un communiqué rendu public vers 14h30 GMT, la Cedeao déclare suivre « avec une grande préoccupation les développements en cours au Mali depuis la matinée de ce 18 août 2020, avec une mutinerie déclenchée dans un contexte sociopolitique déjà très complexe ». L’organisation régionale « appelle les militaires à regagner sans délai leurs casernes », et rappelle « sa ferme opposition à tout changement politique anticonstitutionnel ».
« La France partage pleinement la position exprimée par la Cedeao », a fait savoir peu de temps après le ministère français des Affaires étrangères dans un communiqué, relayant l’appel « au maintien de l’ordre constitutionnel » et exhortant « les militaires à regagner sans délai leurs casernes ».
Plusieurs représentations diplomatiques présentes au Mali ont émis des messages d’alerte dès le début de matinée. L’ambassade de France « recommande instamment » à ses ressortissants de rester chez eux « compte tenu des tensions rapportées ce mardi à Kati et à Bamako ». L’ambassade de Norvège a demandé aux siens de « faire preuve de prudence » car elle a « été informée d’une mutinerie dans les forces armées et de troupes [qui] sont en route vers Bamako ».
La section sécurité de la Minusma a quant à elle diffusé un message recommandant au personnel des Nations unies « d’éviter la zone de Kati et tous mouvements routiers non nécessaires à Bamako jusqu’à nouvel ordre ». La mission onusienne « a suspendu tous les mouvements du personnel de l’ONU à Bamako et Kati » et a convoqué une réunion de l’équipe de gestion de crise, avant une « réunion spéciale de l’équipe de gestion de la sécurité avec l’équipe de pays des Nations unies ».
« Nous suivons avec inquiétude l’évolution de la situation aujourd’hui au Mali. Les États-Unis s’opposent à tout changement extra-constitutionnel de gouvernement, que ce soit par ceux qui sont dans la rue ou par les forces de défense et de sécurité », a écrit sur Twitter J. Peter Pham, l’émissaire des États-Unis pour le Sahel.
Jeuneafrique
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