Mr le Président ! Encore une fois de plus, Pour la fourmi la rosée est une inondation! (Par M. B. Fofana )

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Mr le Président, dites à vos ministres et Dg d’arrêter de violer les articles 314, 315, 316, 317,318 et 319 qui consacrent l’habitat et l’urbanisme, l’aménagement du territoire et la planification comme des missions des collectivités locales dans le code général des collectivités locales validé sous votre magistère.

Mr le Président dites à votre ministre des finances qu’une décentralisation sérieuse ne peut disposer de moins de 4% du budget quand la moyenne mondiale est de 25%, les pays émergents de 35 % et ceux de l’OCDE 50%.

Mr le président votre régime doit comprendre que les collectivités locales doivent demeurer les ouvriers et les sentinelles d’un développement urbain durable par une intégration de la gestion du risque dans une planification urbaine totalement assumée et acceptée par les collectivités territoriales.

Mr le président après des années d’étalement urbain et d’accumulation d’actes irréfléchis, nous amorçons le seuil critique des conséquences néfastes de notre manque de prévoyance et de nos difficultés à cohabiter durablement avec notre environnement. Nous devons nous arrêter, faire amende honorable et consentir à l’adoption d’une logique à la fois corrective et préventive. Le premier pas vers la résolution des inondations consistera à amener les administrés et les autorités municipales à une meilleure conscience de l’importance d’une occupation durable de l’espace public.

Ma vision est que la collectivité territoriale doit se doter d’une planification urbanistique opposable au tiers, conforme au PPT et par la suite basée sur une analyse des composantes telles que l’urbanisation existante, les projets à venir, le régime des pluies et la nature des sols. Ainsi, dans le long terme, nous devons évoluer vers des solutions de planification urbaine, de gestion des eaux pluviales et de règlementation de l’habitat.

Le pouvoir exécutif de l’État planificateur et entrepreneur dont je rêve pour notre nation, doit comprendre les dynamiques, les forces et les formes de chaque territoire pour en utiliser pleinement les atouts tout en maitrisant les risques. Il faut un cadre juridique opposable au tiers (autrement dit une loi technique sur l’aménagement du territoire et sur l’urbanisme municipal et dans une logique de développement territorial et de gestion des risques). Ce nouveau cadre s’appuie sur des structures de prospection qui matérialisent l’orientation de l’État en matière d’aménagement des terres, de planification des infrastructures, de protection de l’environnement, de développement territorial et du cadre d’habitat.

C’est donc par des Plans de Planification Territoriale à l’échelle de chaque territoire et portées par des maires que nous allons pouvoir organiser le territoire en zone, suivant les potentialités et les risques avec un zonage suivant :

Zone A : agricole et environnementale
Zone B : zone d’habitation
Zone C : commerciale, Industrielle, touristique
Zone D : zone de transit et projets spéciaux (infrastructures structurantes allant jusqu’à l’aménagement d’une infrastructure numérique des territoires). Malheureusement avec votre bénédiction des ministres et DG qui pour ce faire de la publicité et conserver leur place au mangeoire, usurpent la fonction et les missions de plus de 600 municipalités !

L’échec que nous tous pouvons constater dans la lutte contre les inondations provient de la corruption dans les travaux, la politique politicienne, avec la distribution en grande pompe de motopompes (excuser la répétition) et de bons de carburant. C’est à dire une action politique sans véritable volonté d’éradiquer définitivement la source et les conséquences du problème. Tout est question d’effet immédiat, d’effet médiatique et de voyeurisme politique, surtout à l’approche des élections.

La planification spatiale doit identifier les territoires du Sénégal et indiquer le bon usage de chaque territoire à travers un cadre juridique, règlementaire et organisationnel (PPT). L’urbanisme intervient par la suite à l’échelle communale avec la collectivité territoriale comme chef de projet du Plan d’Urbanisme (PU) et du plan de zonage. La détermination de la zone (B) habitable, donc à urbaniser, permet d’éviter les problèmes des inondations, car le cadastre ne peut autoriser l’occupation à des fins d’habitation pour un site zoné inondable, humide, agricole, commerciale ou industrielle. Le PU et le Plan de Zonage doivent être des documents juridiques qu’on oppose aux citoyens et que la municipalité doit strictement respecter une fois validés et déclarés conformes au PPT.

Je termine en rappelant que si gouverner c’est d’abord prévoir, c’est aussi agir par la suite pour avoir des résultats attendus par les populations. La planification de l’espace, des organisations, de l’action stratégique et des finances sont les composantes d’une Planification Étatique qui permet d’anticiper les risques, de comprendre les enjeux et pour ensuite faire une programmation de l’action publique permettant d’éviter nos éternels échecs dans la mise en œuvre et c’est sur ce point que nos gouvernants pèchent depuis les indépendances !

Quand la vision politique est dans le brouillard, quand les cafouillages dans la communication politique deviennent chroniques et que les résultats se font désirer, on réunit sans conteste les symptômes d’une carence en planification étatique, en programmation des programmes d’action et projets et par voie de conséquence on aboutit à une incapacité à exécuter une gestion axée sur les résultats.

La planification bonifie la vision politique. Quand la vision est claire, la programmation devient possible et sa mise en œuvre passe comme une lettre à la poste.
Je terminerai ce texte en rappelant cette définition de la planification qui résume son importance : « La Planification (…) relève de la philosophie de la science, elle renvoie à l’utilisation de la science dans l’encadrement des actions à effectuer. » (CAMHIS, 1979).

Par Moussa Balla Fofana

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