Juste après les indépendances, l’école sénégalaise semblait prendre une trajectoire reluisante qui mettait en scène ses performances tant sur les résultats que sur la qualité de ses enseignements.
Le Sénégal comptait les meilleures écoles et les meilleurs cadres de par la qualité de son école. Nos diplômes étaient reconnus partout du fait du sérieux de nos enseignements. Bref, la culture de l’excellence et la formation de têtes bien faites et bien pleines étaient son sacerdoce.
Nos confrères africains traînaient devant nos élites le complexe et la crainte non pas par la puissance de nos armées mais par la qualité de leurs formations. Nous avions des leaders compétents et intellectuellement craints. Nous étions le cerveau de l’Afrique et nos intellectuels n’avaient pas besoin de compétir les fonctions internationales. Ceci, grâce à la qualité de nos écoles et de nos enseignants enviées et respectées à travers le monde.
Rappelez-vous que nos parents qui s’arrêtaient en classe de CM2 nous parlaient et écrivaient un français clair et limpide meilleurs que nos docteurs en lettres.
Rappelez-vous que ceux-là pouvaient être promus à des postes de responsabilités dans la fonction publique autres que l’enseignement. Car, l’enseignement était réservé aux meilleurs qui, du coup, devaient être les mieux respectés et rémunérés.
Rappelez-vous que l’enseignant était au cœur du système et des stratégies de développement. Car, l’état avait compris que le développement passe par la qualité des ressources humaines et pas autre chose.
Rappelez-vous que la plupart des ministres qui formaient nos gouvernements étaient soient des enseignants soient de formation enseignante. Car, le pouvoir avait compris le rôle prépondérante de la pédagogie dans la conduite des affaires publiques. Rappelez-vous que l’instituteur avait un meilleur traitement que le gouverneur de la région d’alors avec une meilleure pension de retraite et une meilleure considération dans la société.
Alors, le Sénégal était le premier et le meilleur en Afrique.
Que sommes nous devenus? Et pourquoi ?
Depuis que le statut de l’enseignant a connu la dévalorisation.
Depuis que l’élève ne s’identifie plus au maître.
Depuis que le nombre d’enseignants qui devait être un bon signe de valorisation du savoir est devenu un blocage pour sa valorisation tout court. Depuis que le discrédit et l’anathème sont tous les jours jetés sur la corporation par une campagne de médiatisation étatique.
Depuis que le danseur, le lutteur, le comédien attirent plus de considération que l’enseignant.
Depuis que l’enseignant est soumis au service de l’argent.
Depuis que l’enseignement est devenu un moyen de camoufler son chômage. Depuis que l’enseignant est obligé de cacher son statut en public.
Depuis que des ministres s’autorisent le droit de vilipender et de mettre à nu les salaires des enseignants.
Alors, alors, alors
Les apprenants ont commencé à les toiser et à les tabasser en classe.
Les apprenants ont commencé à les mépriser et à les jeter en pâture dans leurs discussions à l’école comme à la maison.
Les apprenants ont commencé à dévaloriser et à ridiculiser la connaissance .
Les apprenants ont commencé à apprendre pour apprendre. Bref, à perdre espoir dans l’entreprise de l’école.
La tyrannie s’installe!
Nos écoles sont devenues des lieux d’accès dévolus aux étrangers africains. Il vous suffit de lorgner les grandes écoles pour comprendre qu’elles sont devenues les sanctuaires des étrangers. Aussi bien dans l’école qu’à ses alentours.
L’école sénégalaise est victime de sabotage organisé.
Elle ne vaut plus rien pour les sénégalais.
Elle est devenue, par excellence le lieu de justification de dépenses de certaines organisations et ONG.
Elle est devenue privée pour ceux qui veulent y cueillir le savoir.
Elle n’est plus pour le sénégalais moyens.
Bref, l’école sénégalaise est cliniquement morte.
Famara Ibrahima Cissé président de L’ACSIF
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