Près de deux mois après les élections législatives et la démission de Gabriel Attal, le président de la République vient de nommer un homme de droite, aguerri de la politique et du compromis, à Matignon.
in du suspense. Cinquante et un jours après la démission du gouvernement Attal, Emmanuel Macron a annoncé la nomination du nouveau Premier ministre ce jeudi 5 septembre. C’est finalement Michel Barnier, 73 ans, qui devient le nouveau locataire de Matignon, a fait savoir l’Élysée par voie d’un communiqué.
Après avoir refusé la candidature de Lucie Castets, choisie par la coalition des gauches du Nouveau Front populaire (NFP), le président de la République fait ainsi le choix d’un homme de droite, qui a été encarté pratiquement toute sa vie dans les partis gaullistes. Michel Barnier a en effet rejoint l’UDR avant même sa majorité, avant d’être membre du RPR, de l’UMP puis des LR, chez qui il est toujours membre.
Député, sénateur, ministre, commissaire européen…
Conseiller général dès 22 ans en Savoie, cet aguerri du compromis a occupé la plupart des hautes fonctions que compte la France : il a été élu député à plusieurs reprises dans son fief savoyard, la 2e circonscription. En 1993, il est entré pour la première fois au gouvernement, devenant ministre de l’Environnement pour les deux ultimes années de la présidence de François Mitterrand. Sous Jacques Chirac et Alain Juppé, c’est avec le portefeuille délégué aux Affaires européennes qu’il a officié, jusqu’à la dissolution de 1997. L’occasion, pour Michel Barnier, de découvrir l’autre face du Parlement, devenant sénateur.
À LIRE AUSSI Macron : le jeu qui rend fouEn 1999 a débuté la première aventure bruxelloise pour Michel Barnier, nommé commissaire européen à la Politique régionale pendant près de 15 ans, avant un nouveau retour au gouvernement en tant que ministre des Affaires étrangères sous la tutelle de Jean-Pierre Raffarin, puis de l’Agriculture et de la Pêche durant le quinquennat de Nicolas Sarkozy.
Élu député européen après ses dernières fonctions ministérielles, il a renoué avec un nouveau mandat de 4 ans, de 2010 et à 2014, en tant que commissaire européen, ce coup-ci chargé du Marché intérieur et aux Services. Ce fin connaisseur des arcanes bruxellois a ensuite été chargé des délicates négociations avec le Royaume-Uni, à la suite de leur décision de quitter l’Union européenne, le fameux Brexit. Un poste qu’il a occupé jusqu’à la fin mars 2021.
Seule ombre au tableau de cet impressionnant CV, son échec, en décembre 2021, à se qualifier pour le second tour du congrès des Républicains, en vue de représenter la droite à la présidentielle 2022, laissant Éric Ciotti et Valérie Pécresse s’affronter en finale.
Des interminables consultations
Avec cette nomination, Emmanuel Macron met un terme à deux semaines de longues consultations, ayant reçu la quasi-intégralité des forces politiques à l’Élysée, du Nouveau Front populaire au Rassemblement national. Une séquence où le chef de l’État a même fait appel à ses prédécesseurs Nicolas Sarkozy et François Hollande, mais aussi à des proches comme François Bayrou, ou encore une personnalité syndicale comme l’ancien dirigeant de la CFDT, Laurent Berger.
S’il a bien reçu d’emblée Lucie Castets, cette haute fonctionnaire désignée par le NFP, avant de l’écarter dans la foulée, d’autres noms ont été régulièrement sortis du chapeau. Après la piste de Thierry Beaudet, inconnu du grand public, rapidement évoquée lundi 2 septembre, la balance a ensuite oscillé entre deux personnalités de droite et de gauche : Xavier Bertrand, président de la région Hauts-de-France, et l’ex-Premier ministre socialiste Bernard Cazeneuve. Le nom de David Lisnard, maire de Cannes (Les Républicains) et président de l’Association des maires de France, avait également circulé en fin d’après-midi ce mercredi.
Avec la fin de cette séquence, des questions demeurent, et pas des moindres : Michel Barnier va-t-il être en mesure de former un gouvernement, et avec qui ? Surtout, peut-il échapper à une censure immédiate, tant les différents partis n’ont eu de cesse de brandir cette menace durant cet été bien particulier. Fort de sa riche expérience en négociations, le nouveau Premier ministre va très vite pouvoir mettre ses compétences en action.
Lepoint.fr
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