Quel pied !
Dans le contexte que vit le Sénégal, la brillance du football sénégalais est une belle embellie pour la nation entière.
Comme un symbole, le Sénégal de El Hadj Diouf et de Sadio Mané a surclassé le pays de Pelé et de Neymar : 4 buts à 2. Le Brésil, pays où le foot est une religion. Cette victoire symbolise bien plus qu’une performance sportive car au-delà du prestige d’être la première nation africaine à avoir marqué 4 buts à l’ogre du foot mondial que représente le Brésil de Socrates, il faut se réjouir du caractère rassembleur et apaisant que nous offre le football sénégalais et ses acteurs depuis le 06 février 2022, date à laquelle le Sénégal a remporté enfin une Coupe d’Afrique des nation (Can) à Yaoundé.
Grâce au football, le moral des sénégalais reprend des couleurs
Ces trois dernières années, l’actualité a été déprimante, ennuyeuse et tragique. Déprimante à cause de la covid et ses conséquences désastreuses en 2020. Ennuyeuse et tragique à cause de l’interminable affaire Sweet beauté (30 morts officiellement) ainsi que les accidents dramatiques comme celui de Sikilo en début d’année : 43 morts hélas. L’image du pays n’est pas sortie indemne de ces évènements. Notre stabilité légendaire a titubé. Notre capital réputationnel est écorné à travers le monde. Trois ans que notre pays baigne dans une atmosphère anxiogène, mais à chaque fois la magie du football opère. Le football redonne le sourire aux sénégalais et présage des lendemains meilleurs dans un contexte de tension presque permanente. Tel un moment de grâce, le foot est un appel d’air pour le peuple, un armisticedans la confrontation politico-judiciaire, pourvu que ça dure, je suis tenté de dire. En même temps, cette communion des cœurs autour du ballon rond interroge, tant la division semble atteindre la cale de Sunugal. Par les temps qui courent, jamais le communautarisme, l’ethnicisme, le corporatisme primaire, aveugle et parfois hypocrite, n’ont atteint un niveau aussi élevé. Ceci est très inquiétant pour ne pas dire inadmissible au pays du cousinage à plaisanterie, de l’islam confrérique et du dialogue islamo-chrétien, jadis nos soupapes de sécurité. Le vivre ensemble ne rime pas avec cette archipélisation de la nation. Fort heureusement, notre football fait florès et il faut s’en réjouir encore et encore car ce sport représente à la fois un exutoire pour les sénégalais et le ciment de la cohabitation harmonieuse. Le foot a le vent en poupe. Aux autorités de saisir la balle au bond.
Saisissons la balle au bond, transformons l’essai
Pour être factuel mais surtout pour le plaisir, remémorons-nous les performances inoubliables de nos « Lions ». Champion d’Afrique en 2021, vainqueur de la Can beach soccer (octobre 2022), vainqueur du championnat d’Afrique des nations (fevrier 2023, champion de la Can U20 ( mars 2023), vainqueur de la Can U17( mai 2023). Difficile de faire mieux. Ce vent de réussite, de répit dans un horizon parfois sombre au Sénégal doit servir à la politique de la jeunesse. Le moment est idéal pour surfer sur la vague aux fins de redonner espoir à ces milliers de jeunes sénégalais piégés dans une oisiveté chronique. Face à ce constat, il est urgent de relancer les activités estivales aussi bien sportives que culturelles, recevoir le mouvement navétane comme annoncé par le chef de l’État. « Kou def lou reuy am lou reuy » dixit le président Abdou Diouf. Le football nous vaut des satisfactions, il faut soutenir le football sans délai. À ce propos, le programme national de soutien au football local doit être réalisé en mode fast track pour la jeunesse pratiquante, pour le bonheur des férus de foot et pour l’amour de la nation entière. Et pour engendrer de futurs Sadio Mané. Pourquoi pas ?
Chérif Diop
Journaliste, citoyen sénégalais
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