Emprisonnement de Pape Alé Niang – Ce que les autorités sénégalaises doivent bien entendre !
Le journaliste Pape Alé Niang, raflé en pleine rue depuis le 6 novembre 2022, est incarcéré à la prison de Sébikhotane suite à une machination ourdie et exécutée au plus haut sommet de l’Etat du Sénégal par des autorités politiques et judiciaires bien identifiées. Les chefs d’inculpation suivants lui sont opposés : « diffusion d’informations militaires non autorisées par la hiérarchie, recel de documents administratifs et militaires, diffusion de fausses nouvelles de nature à jeter le discrédit sur les institutions publiques. »
Dans un mémorandum exhaustif rendu public le 14 novembre, la Coordination des associations de presse du Sénégal (CAP) a démontré le caractère grotesque des « infractions » qui ont servi à bricoler une accusation truffée d’incohérences et de mensonges dans le but de neutraliser un journaliste qui dérange.
La Coordination des associations de presse du Sénégal exige – encore une fois – la libération immédiate et inconditionnelle de Pape Alé Niang emprisonné dans l’exercice normal de ses fonctions de journaliste. Elle rappelle au gouvernement du Sénégal que la liberté de presse n’est ni négociable, ni à marchander. Cette liberté n’a donc pas vocation à être administrée par un Etat dont on voit ce que peuvent être les penchants dans des affaires présumées privées.
Depuis le 6 novembre, le Sénégal est sous surveillance mondiale. De grandes organisations de droits humains et de médias dénoncent l’emprisonnement autoritaire et anachronique de Pape Alé Niang et réclament son élargissement sans délai. A cet effet, le très influent Comité pour la protection des journalistes (CPJ) basé aux Etats Unis, a d’ores et déjà annoncé la rétrogradation du Sénégal – à partir du 1er décembre 2022 – dans le groupe peu glorieux des pays qui mettent les journalistes en danger physique et/ou de mort si Pape Alé Niang n’est pas libéré à cette date. Le gouvernement du Sénégal s’en moque peut-être, mais les portes d’une approche réformiste de ses rapports avec la presse et les citoyens épris de libertés lui sont encore ouvertes. Seul l’intérêt supérieur du Sénégal doit être l’alpha et l’oméga de nos actions respectives.
C’est en mettant un terme net à cette fuite en avant dans l’agression permanente contre les libertés que les plus hautes autorités de ce pays aideraient à asseoir un New deal dans l’espace public. C’est sur d’autres fronts qu’elles sont donc appelées à exercer leurs expertises si tant est qu’elles sont conformes à l’intérêt général.
Les organisations des journalistes et techniciens des médias – dans la diversité de leurs préoccupations – ont déjà documenté et transmis aux autorités compétentes les attentes de la corporation.
L’affaire Pape Alé Niang est un miroir. Elle nous renvoie l’état de la démocratie dans notre pays et la qualité de la contribution respective des acteurs à la consolidation de nos acquis. Autant les professionnels des médias font preuve très souvent d’une grande responsabilité dans l’exercice de leur métier. A ce jour, nul en effet ne peut leur reprocher d’avoir mis une seule fois en danger la sécurité du pays et de ses institutions. Autant les politiciens s’acharnent sans cesse et comme ils peuvent à rétrécir chaque jour les espaces d’expression professionnelle et citoyenne. C’est inacceptable, mais cela vaut aujourd’hui privation de liberté au journaliste Pape Alé Niang. Et c’est cela que l’Etat du Sénégal doit entendre et accepter une fois pour toutes. Aujourd’hui, sa libération immédiate et inconditionnelle est une urgence nationale et même internationale.
Libérez Pape Alé Niang !
PAN ! A bas le monstre !
CAP (Coordination des associations de presse)
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