L’expert indépendant sur les droits humains mandaté par les Nations unies, le Sénégalais Alioune Tine, a présenté mardi 16 août ses conclusions, à l’issue d’une visite d’une dizaine de jours au Mali. Durant son séjour, il a rencontré plusieurs ministres du gouvernement malien de transition, ainsi que des représentants de la société civile et des diplomates. Alioune Tine a encore une fois déploré l’augmentation des violences faites aux civils et la restriction des libertés civiques. RFI
Alioune Tine le dit clairement : ce sont les groupes terroristes jihadistes qui sont les premiers responsables des atteintes aux droits humains au Mali. 1 304 atteintes aux droits de l’Homme ont été enregistrées entre janvier et la fin du mois de juin, près de 50% de plus qu’au cours des six mois précédents. Mais l’expert onusien s’inquiète aussi des très nombreuses accusations d’exactions visant l’armée malienne et ses supplétifs russes, pourtant censés protéger la population :
« J’ai vu de mes propres yeux des victimes portant sur leur corps des traces de tortures atroces. En vue d’obtenir des aveux, les auteurs présumés de ces actes auraient soumis leurs victimes à des actes tels que la simulation de la noyade et auraient forcé d’autres à se coucher nues sur des tôles chauffées au soleil, avec comme effet pervers de brûler les victimes de manière atroce. »
Alioune Tine souhaite que la Minusma puisse enquêter sur ces allégations d’exactions de l’armée et demande à la justice malienne de rendre publiques les conclusions de ses propres enquêtes. Par ailleurs, l’expert sénégalais des droits de l’Homme se dit « consterné » par le « rétrécissement continu » des libertés civiques. Il a ciblé « notamment la censure qui s’exerce sur des médias, et l’autocensure que les journalistes avouent exercer par peur de représailles ».
« Les institutions de défense des droits humains se trouvent sous une espèce de chape de plomb. Il est difficile de s’exprimer librement quand on porte une parole critique ou dissidente. Certains acteurs ont même déclaré avoir été victimes de menaces de détention, avoir subi des agressions physiques en raison de leurs opinions. Ce climat délétère conduit à l’autocensure par crainte de représailles des autorités maliennes ou de leurs sympathisants », déplore l’expert.
Rfi
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