Macky Sall : De la manufacture des mots à la facture des maux

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Après avoir bien joué au désintéressé-intéressé au poste de Président de la République, Macky Sall est arrivé au pouvoir en 2012 par des pistes indirectes. Il a commencé par écarter les potentiels prétendants à la succession de Wade, dont Idrissa Seck. Pendant les années de conflit ouvert entre Gorgui et Ngorsi, Macky s’est faufilé entre les tranchées des batailles pour gagner la confiance d’Abdoulaye Wade.

Entré en dissidence avec Abdoulaye Wade, aidé par des amis et autres dissidents, il a su dire non à Wade père en convoquant Wade fils à l’assemblée nationale. Il n’en fallait pas plus pour atteindre Wade père dans son honneur, obsédé par le placement de son fils à la tête du pays. De cette manière, il se hisse à la hauteur de Wade père, comme un jeune courageux qui provoque un père protecteur, sensible qu’au sort de son fils.

Quelle autre corde serait aussi ou plus sensible chez Abdoulaye Wade que celle de son fils biologique ? Aucune. C’est là où Macky a touché, irritant le pape du Sopi, le présentant alors comme un homme insatiable. Macky largue A. Wade dans la gueule d’une opinion impréparée à agréer Karim et manipulable à souhait. En 2012, il accède au pouvoir avec l’espoir, une promesse d’une gestion vertueuse et les valeurs dans les baluchons.

Après dix ans d’exercice du pouvoir, Macky a fait preuve de torpeur et d’insensibilité pour ne pas de trahison et qui ont fini de présenter une mauvaise image de lui et de l’exposer comme un homme contraire au profil qu’il a présenté dans le passé. Du courageux, discipliné et supposé porteur de valeurs ; il est passé au peureux, à l’agressif et au promoteur des contre-valeurs républicaines. Une volteface.  

Macky s’est dédit sur la réduction du mandat de sept (7) à cinq (5) ans. Il s’est arrangé à écarter des opposants supposés coriaces contre sa réélection, à un second mandat. Macky Sall qui s’est battu contre le parachutage en a usé et abusé pour réduire les forces de ses premiers soutiens pendant sa courte traversée du désert de 2008 à 2012. Maîtrisant l’art de déchoir quelqu’un pour exister seul, il a humilié et rétabli des militants de premières heures tels que Mimi Touré.

Il est intéressant d’analyser le caractère et les humeurs de celui qui nous a séduit par le pouvoir des mots et qui présente son vrai visage par la récurrence des maux qu’il cause aux sénégalais. Faut-il être faux pour arriver au pouvoir ou est-ce le pouvoir qui rend faux ?. Ma réponse est sans doute les deux. C’est ce que je constate au Sénégal où la tortuosité et la violence semblent baliser le chemin vers le Palais. Chemin balisé par des jeunes et adultes aliénés, manipulés par des hommes et femmes malhonnêtes au profit des prétendants les plus faux.

Car, arrivé au pouvoir, Macky s’est drastiquement métamorphosé. Celui qui s’était présenté comme un « prêtre » s’est révélé pire qu’un traître, pour de nombreux jeunes sénégalais, notamment les jeunes cadres de son parti. Ils sont relégués au second voire au troisième plan, au profit d’opposants recrutés et de transhumants sans scrupule.  Macky, pour masquer ses peurs, est occupé à satisfaire les doléances subjectives de certains opposants emmerdeurs et les exigences des transhumants opportunistes. 

Macky s’est renfermé dans une bulle, minutieusement créée par de lointains-proches, inspirés et guidés par leurs intérêts. Une bulle composée de profiteurs :  marabouts, artistes, journalistes, politiques, hommes et femmes d’affaires ; brefs de capteurs d’opportunités de se remplir les poches au préjudice du pays. Les jeunes sont désabusés. La déception est si grande qu’ils se réservent de le défendre sur les réseaux sociaux. Seuls quelques-uns s’agitent et tentent de préserver leurs prébendes à travers des claviers.

Macky Sall, pour se faire bonne conscience et exposer inconsciemment son vrai visage, a commencé par humilier certains de ses plus proches et fidèles dont le regretté Alioune Badara Cissé, Thierno Alassane Sall et d’autres. Objectif : ne pas s’encombrer de gens qui lui tiennent tête et qui osent dire non quand il le faut. Macky est jaloux de la partielle de pouvoir que les sénégalais ont librement déposée entre ses mains. Pour lui, il n’est pas question de le contester. Ce sera sans doute à son péril.

En mars 2021, lors des évènements sanglants qui ont émaillé le pays, très peu des premiers militants de l’APR ont pipé mot pour venir en aide au soldat Macky Sall isolé, désarmé et atteint dans son honneur. Les jeunes ont tout simplement rangé leurs armes, laissant le Président seul face au destin qu’il s’est tracé avec des opposants gênants et des transhumants inopérants, au point que c’est Idrissa Seck qui est monté au créneau pour le défendre. Les autres, les premiers soutiens, ils étaient où, ils faisaient quoi ?

Où sont les membres de la cellule de communication de la présidence de la république ? Je rappelle qu’elle est composée des unités de presse, de l’audiovisuel, de la photographie et de la communication politique. La cellule a pour mission de définir des stratégies de communication, d’anticiper sur les évènements et sur l’actualité, de coordonner au niveau du Gouvernement avec la Primature et les ministères et de coordonner le travail des unités presse, audiovisuelle, photographie et communication politique.

Je ne comprends pas les dérives de Macky Sall qui reçoit des gens immoraux (insulteurs publics, magouilleurs) traînant une mauvaise image, à même de porter préjudice à l’institution qu’il incarne et qu’il est censé protéger. L’entourage obsolète, préoccupé par des avantages que procurent leurs postes et de nombreux voyages avec des ‘choses’ dans les bagages, Macky Sall a fait le choix de la carence.  Où sont donc les Seydou Gueye et assimilés ? Payés à ne rien faire. Sinon, comment justifier certaines dérives de Macky Sall ?

Ne me dites pas qu’il ne jouit pas de toutes ses facultés mentales. Je refuse d’y croire. Rares sont ceux qui étaient avec lui hier, pendant les années de dure labeur, et qui le défendent aujourd’hui. Certains ont préféré disparaître de la scène, excepté quelques-uns qui réapparaissent par des soubresauts médiatiques, portés par des événements nationaux offrant un plateau d’autopromotion. C’est des signes de décadence du pouvoir, celui prêté aux hommes qui en usent et abusent sans conscience.

Mamadou Lamine BA

Ancien militant de l’APR dans la c

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