Logique arithmétique et équation arithmétique et équation politique (Par Nioxor Tine)

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À entendre leur pool de communication, on se rend compte que la coalition présidentielle fait dans le déni, en se proclamant victorieuse des élections locales du 23 janvier 2022.
Ce faisant, ces brillants cadres politiques aveuglés par l’esprit partisan, substituent une logique arithmétique à une sérieuse évaluation politique. Pourtant, personne ne peut nier que Benno a subi des reculs importants, aussi bien par rapport à la dernière présidentielle de 2019, qu’en comparaison avec les précédentes locales de 2014.
Au-delà de l’arithmétique électorale, à laquelle semble tant tenir la coalition Benno, ce qu’il faut retenir des locales qui viennent de s’achever, c’est bien le désaveu cinglant de la politique mise en œuvre depuis la deuxième alternance de 2012.
Assurément, notre pays aborde un tournant décisif, correspondant à l’essoufflement de la gouvernance autoritaire adoptée par le président, depuis son accession au pouvoir en 2012.
On assiste, dans le même temps à l’effondrement du mythe du génie politique supposé de Macky Sall, colporté par des thuriféraires et courtisans. Cette réputation surfaite s’explique, en réalité, par l’utilisation de procédés déloyaux soit pour débaucher ses adversaires politiques par le biais de la transhumance honnie, ou pour les écarter des joutes électorales, par la répression impitoyable, le changement des règles du jeu électoral (parrainage citoyen) …etc.
De fait, pour conforter son régime, il a abusé de son pouvoir de nomination à tous les postes civils et militaires avec une pléthore de conseillers (avec ou sans rang de ministre), ainsi que de la mainmise de l’Exécutif sur les pouvoirs législatif et judiciaire.
Il aura donc fallu attendre neuf longues années, depuis l’accession de Macky Sall, au pouvoir, en 2012, pour renouer, lors de ces élections locales, avec un semblant de retour à la “normalité démocratique”. Non pas tant que ces élections se soient déroulées normalement, mais parce que la détermination des masses populaires sénégalaises visible, entre autres, à travers une hausse du taux de participation des jeunes et des femmes, a permis de contourner plusieurs obstacles que le pouvoir a dressés sur la voie d’une expression démocratique du peuple sénégalais.
Nous voulons parler de l’invalidation abusive des listes de l’Opposition par des membres zélés de l’administration territoriale, des transferts massifs et illégaux d’électeurs et des pratiques lamentables de corruption politique venant se greffer sur une gestion politicienne et clientéliste des collectivités territoriales, réduites à n’être que des appendices du Parti-État, voire des machines électorales.
Dans ce nouveau contexte, où la défiance envers le pouvoir va crescendo, le régime apériste ne pourra plus user des vieilles recettes autoritaires et/ou d’essence autocratique.
Nous n’en voulons pour preuve que l’échec des stratégies du pouvoir, comme la théorie du “mbourou ak sow” et l’arbitrage présidentiel sur les candidatures, qui ont été désapprouvées par les électeurs.
Les réformes issues du pseudo-dialogue politique (caution, élection du maire au suffrage universel, maintien du mode de scrutin inique…) ont eu des effets pervers sur le déroulement de l’élection. Elles ont entrainé des querelles de leadership au sein des coalitions politiques, avec la création de plusieurs listes parallèles. Elles ont aussi conduit à l’éviction ou la marginalisation de listes issues de la société civile, reposant sur des valeurs partagées et dont on est en droit d’attendre davantage de cohésion et de cohérence. À contrario, on a observé l’essor de candidatures artificielles et politiciennes, portées par des entrepreneurs politiques, qui cherchaient à réunir sous leur label des groupes ou personnalités issus d’horizons divers.
C’est tout le mérite de la coalition Yewwi Askan Wi, d’avoir essayé d’initier une plateforme programmatique alternative, d’autant plus crédible, que plusieurs de ses initiateurs se sont illustrés dans la résistance contre l’oppression du pouvoir apériste.
Leur démarche centrée sur la primauté d’un projet en gestation a mis en échec la diabolisation dont ils font l’objet et relégué au second plan les tentatives de personnalisation du vote, dans la mesure où, des personnalités locales, peu connues ont été élues maires.
Pour avoir mal compris le message envoyé par la jeunesse en mars 2021, les hommes politiques de Benno Bokk Yakaar font face à une nouvelle équation politique, qui mal résolue, risque de leur être fatale.
Il ne s’agira pas seulement de la restauration de la primature et de la mise sur pied d’un nouveau gouvernement.
Il faudra aussi renoncer publiquement et sans équivoque à toute velléité de solliciter un troisième mandat, permettre à la Justice de faire la lumière sur tous les scandales en cours et enfin s’engager clairement pour la réactualisation et la mise en œuvre des réformes institutionnelles prévues par les Assises Nationales.
NIOXOR TINE

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