Il flotte une forte odeur de pétrole et de gaz sur le Sénégal et cette agitation politicienne débridée n’est que le reflet de cette nouvelle vocation que le pays s’apprête à endosser gaillardement. Même le tout dernier réaménagement ministériel participe de cette volonté du pouvoir à contrôler la situation pour ne pas être dépassé par les profondes mutations attendues.
Ce jeu de chaises musicales peu fortuit sur les ministères régaliens (intérieur, justice, forces armées,…) n’a même pas rencontré l’engouement et l’assentiment de Sénégalais blasés ayant manifesté un détachement déconcertant relativement à ce énième bouleversement gouvernemental.
Sur un air de déjà vu et de déjà entendu, la danse des corbeaux se poursuit allègrement sous les yeux désapprobateurs d’un peuple plutôt étranglé par les affres de la vie chère. Témoin, cette pétition sur les prix prohibitifs de l’électricité initiée par la célèbre journaliste –activiste Oumy Ndour et compagnie et qui a fini de recueillir près de 30 000 signataires…
C’est acté ; il y a une réelle désaffection du grand public relativement à cette politique politicienne qui a atteint ses limites depuis belle lurette.
Naguère, la formation d’un nouveau gouvernement suscitait la curiosité de tout le monde. Ce mercredi, l’indifférence était plutôt de mise.
Les temps changent et le désenchantement est visiblement passé par là.
Trop de promesses non tenues, trop d’espoirs déçus, trop de mensonges accumulés et finalement trop d’amertume dans ce mal- vivre ambiant !
Le paradoxe, c’est que l’humain ne vit que d’espoirs mais ces politiciens à la petite semaine dont le jeu favori demeure ces calculs froids et inadaptés ne peuvent plus vendre un quelconque rêve à ce peuple exigeant trop en avance sur eux malgré leur condescendance réaffirmée au quotidien. Comme le disait avec pertinence Claude Fournier cinéaste et écrivain canadien : « L’admirable avantage d’être politicien c’est de toujours pouvoir se convaincre qu’en avançant soi-même, on fait automatiquement progresser le peuple »
Et puis quelle est la pertinence de cette théâtralisation qui ne dit pas son nom dans le processus de formation et de publication de la liste du tout dernier gouvernement de l’ère Macky Sall ? C’est vrai que le pouvoir reste fascinant et grisant surtout en Afrique où les Chefs d’Etats peuvent tout se permettre sauf transformer un homme en femme.
C’est aussi faire semblant d’oublier que le dernier mot revient au peuple sénégalais unique Employeur de tout détenteur de Pouvoir.
Cet attelage est dit de mission et de combat pour reprendre les éléments de langage du Premier ministre reconduit à ce poste stratégique malgré ses énormes charges liées à son nouveau statut de Candidat à la présidentielle en pleine pré campagne électorale.
Combat contre qui ?
Contre les autres candidats déclarés ?
Contre la vie chère ? Les Sénégalais apprécieront.
Les nominations d’abord d’un politicien professionnel comme Modou Diagne Fada (collectivités territoriales) ou encore celle de Me Antoine Mbengue de Mont Rolland aux transports aériens entrent dans cette stratégie de solidifier et d’élargir les bases d’un pouvoir en fin de cycle mais l’homme propose et Dieu dispose.
Le Sénégal est donc à la croisée des chemins avec une croissance projetée à 8,8 % en 2024 selon le Fmi en conclave il ya quelques jours à Marrakech.
L’annonce en grande pompe de cette bonne nouvelle est sans doute liée à la nouvelle vocation pétrolière et gazière du pays.
C’est un signal fort qui indique que le Sénégal est surveillé de près par les institutions de Bretton Woods…
Une information qui donne encore du piquant à la prochaine consultation électorale .Elle est sans doute une des nombreuses explications de l’inflation de candidats notée pour la présidentielle 2024.
Près de 200 candidats à la candidature. Incroyable ! L’odeur du pétrole et du gaz est trop forte et même des saltimbanques sortis de nulle part veulent contrôler ce pays devenu plus attractif que jamais .Tous ces rapaces ne sont intéressés que par des positionnements précoces en vue de faire partie de ceux qui vont décider du partage pour ne pas rater le festin.
Il faut faire attention et les pouvoirs publics devraient veiller à légiférer pour imposer une caution lors du retrait de la fiche des parrainages.
Dans cette vie d’ici-bas tout est lié…
Finalement l’économie va tirer le landerneau politique…vers le bas. Et c’est le contraire qui devrait se produire.
Or, le pétrole n’a jamais été une panacée, il faut garder les pieds sur terre et rester sereins car les urgences existentielles devraient tourner autour de la souveraineté alimentaire et médicale en veillant notamment à tirer les meilleures leçons de la Covid et de la crise ukrainienne. Les subsides du pétrole et du gaz ne viendront alors qu’en appoint pour assurer une certaine qualité de vie.
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