Lettre ouverte au Président de la République (Par Souleymane Anta Ndiaye)

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Monsieur le Président de la République,
recevez mes vives félicitations à la suite de la nomination d’un Premier ministre, acte tant attendu, suivi de la formation du gouvernement dirigé par Monsieur Amadou Ba, ancien ministre des finances, ancien ministre des affaires étrangères.
Avant la naissance de cette équipe gouvernementale, le Sénégal a connu des moments inédits ou presque, avec les scènes de confrontations physiques entre certains de nos élus et l’incroyable décision de faire intervenir les gendarmes dans l’hémicycle. Les images de cette épisode regrettable font encore le tour du Monde.
La volonté de votre camp, habitué à toujours imposer ses conditions aux autres, a , cette fois-ci, rencontré la forte résistance d’une nouvelle opposition jeune et “impertinente”.
Ce qui peut sauver demain notre démocratie passera forcément par la stricte observation des règles que nous avons librement choisies, nous, peuple sénégalais. Aucune dérogation au non respect des termes de nos textes législatifs ne devrait être faite à une quelconque partie au détriment d’une autre.
Les dernières élections successives qui se sont tenues dans notre pays, indiquent un tableau où l’opposition avance de façon fulgurante, récupérant particulièrement les grandes agglomérations. Tout (inflation galopante, inondations, frustrations diverses, scandales touchant des membres de votre camp sans sanctions contre les fautifs…), tout montre que cette tendance ira crescendo.
Vous avez nommé un Premier ministre qui, dans une sortie télévisée, avait choqué nos compatriotes en laissant entendre son souhait de vous voir diriger le pays jusqu’en 2035.
Quel dérapage! Quel choc provoqué ! Quelle outrecuidante attitude!
Le peuple n’en revient toujours pas.
Les Sénégalais n’accepteront même pas la perspective de vous voir rempiler en 2024 pour diverses raisons objectives et subjectives.C’est ma conviction.
Monsieur le Président de la République,
personne dans ce pays ne pourra nier les efforts que vous avez fournis pour, notamment, continuer à doter le pays d’infrastructures utiles, processus enclenché par votre prédécesseur, notre leader commun, le Président Abdoulaye Wade.
Vous avez, dans bien d’autres domaines, beaucoup fait, c’est indéniable. Mais vous avez énormément péché dans votre gouvernance caractérisée essentiellement par un clanisme multifacial qui a installé le pays dans une psychose du “Coumba am ndèye, Coumba amoul Ndèye ” traumatisante.
Les tensions permanentes et les relations heurtées que vous entretenez avec votre opposition ainsi que la pratique hostile et condamnable qui consiste à emprisonner les activistes récalcitrants et les opposants présidentiables, resteront à jamais une tâche noire indélébile de votre passage à la magistrature suprême de notre pays. Malheureusement !
L’acharnement inouï contre l’icône de la jeunesse, le nouvel espoir de beaucoup de Sénégalais, je veux nommer Ousmane Sonko ( je ne suis pas de son parti), est une faute grave. Par décence et par respect de nos valeurs partagées, il urge d’arrêter de l’intimider, de menacer de l’anéantir par le biais de subterfuges judiciaires. Ce compatriote (qu’on l’aime ou pas) est une personnalité politique atypique qui a bouleversé les modes de pensée et de fonctionnement dans l’arène politique nationale. C’est un don pour notre démocratie.
À votre place, je laisserais désormais les jeux ouverts en choisissant publiquement ou intimement un dauphin à qui j’accorderai tout mon soutien pour faire face au (x) candidat(s) de l’opposition.
Votre retrait en 2024 redonnerait à notre pays la place de vitrine de la démocratie dans le continent qu’il a perdue depuis votre avènement.
Le retour au département de la Justice du “tailleur constitutionnel” autoproclamé et la nomination d’un Premier ministre qui soutient l’idée que nous avons évoquée plus haut, n’augurent rien de bon à mon avis.Beaucoup de Sénégalais pensent la même chose. Je souhaite vivement que cela ne soit qu’une appréhension et que demain, à l’heure de Vérité, vous nous rendiez notre Fierté.
Que Dieu protège notre pays, Monsieur le Président !

Dr.Souleymane Anta Ndiaye
Ex Chef du Bureau économique du Sénégal à Moscou.

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