Lettre ouverte au Président de la République du Sénégal (Par Coura Sy)

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Monsieur le Président,
Je vais vous raconter l’histoire de cette dame qui a décidé de se battre pour voir naître une institution sur mesure. Qui se fera le plus proche de la maison tout en gardant religieusement les normes de l’éducation classique pour le bien-être et l’équilibre des enfants.

Je vais vous raconter l’histoire de 17 employés qui ont accompagné ce rêve, cette vision nouvelle avec espoir et engouement.

Trois années d’existence, 3 années de combat, de sacrifice et d’espoir pour créer l’école de demain : une crèche maternelle tradi-moderne.

Notre concept se voulait complet et pour ce faire, nous avons cherché ce qui manquait à ce système éducatif :
Pourquoi, nous parents, avons toujours l’impression que nos enfants nous « échappaient » ?

N’avons-nous pas trop copié un modèle occidental au détriment de nos réalités africaines ?

Ainsi, nous avons décidé d’allier modernité et tradition pour que les repères culturels ne soient pas perdus.
Dans ce monde d’apprentissage classique importé, copié d’un système implanté depuis des décennies, nous intégrons les valeurs africaines qui sont le « damp », le « rouy », le « mbotou », le « took ci ndap, » le « diap bol » qui, malheureusement, étaient de plus en plus négligées, bafouées ou même oubliées.

Pourtant, ces valeurs, vous les avez pratiquées Monsieur le Président et elles ont contribué, nous en sommes convaincus, à faire de vous ce que vous êtes et qui vous êtes aujourd’hui.
Avez-vous une fois vu Monsieur le président, une crèche ouvrir ses portes à 6h 00mn et fermer à 19h ?

Eh oui ! Nous l’avons fait. Pour soulager les parents, les accompagner dans leur travail et planning du quotidien. Le monde est fait de réalités, de contraintes et nous avons voulu soulager les parents à aller au travail sans le stress d’un retard et revenir prendre leurs enfants sans le stress de « je dois y être avant… »

Nous avons développé dans notre structure une alimentation purement bio. Le marché est fait tous les jours, sans aucun conservateur dans les aliments servis. Les menus sont à 90% composés de plats riches, équilibrés et locaux. Si vous venez faire un tour chez nous, Monsieur le Président de la République, vous verrez du Mbakhal, du Ngourbane, du Ndambé entre autres.
Notre école n’est donc pas une entreprise ou une école classique, mais une continuité de ce qui se fait à la maison.

Quelle ne fut notre surprise d’apprendre notre inéligibilité à bénéficier de l’aide de l’Etat. Après 3 ans d’exercice, l’État ne peut pas nous aider parce que nous ne répondons pas entièrement aux critères définis ?

Raison pour laquelle nous faisons appel à votre haute considération et à l’intérêt particulier accordé à la petite enfance.
Qu’allons-nous faire maintenant de ces enfants qui ont toujours été avec nous depuis leurs deux premiers mois jusqu’à 5 ans, avec toute la logistique, tout le confort et toute l’organisation qui sied.

Que leur dirions-nous ? Que cette école va fermer après les avoir accueillis et bercés pendant 3 ans parce que l’État ne nous avait pas accompagné.

Monsieur le Président, qu’allons-nous dire à ces parents qui avaient l’habitude de se rendre au travail et de le quitter sans le stress du retard grâce à l’instauration d’une large plage horaire ?

Monsieur le Président, que vais-je dire à ces 17 braves employés qui ont chéri, éduqué, aimé ces enfants pendant ces 3 belles années ? Mais aussi qui ont construit des rêves, des espoirs, des projets avec cette structure ? Qu’allons-nous leur dire Monsieur le Président ?

Nous nous sommes endettés, sacrifiés et battus. Nous avons éduqué, soigné, aimé, orienté, soulagé et créé des emplois mais nous restons tout de même inéligibles pour bénéficier de l’aide de L’État.

Monsieur le Président, nous reconnaissons que cette situation est inédite. Nous voyons le travail abattu par votre équipe et applaudissons certaines mesures prises. Mais nous restons convaincus qu’il y a des oubliés et des désavantagés.

Monsieur le Président, demandez à votre équipe d’aller jusqu’au bout de leurs investigations car chaque décision a une conséquence sur des vies, des projets et des rêves.

Nous sommes une toute petite entreprise par rapport à tout ce dont vous êtes confronté au quotidien mais nous existons et méritons votre attention.

Monsieur le président, c’était là mon histoire de chef de petite entreprise, désespérée et ayant plus que jamais besoin de votre soutien pour ne pas voir réduit à néant tous ces efforts.

Coura Sy
Directrice d’une crèche et école maternelle
courosy2019@yahoo.com

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