Lettre-hommage à Papa Madieyna Diouf

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Papa, ton legs, notre viatique. Mon très cher papa,
Je rends grâce à Allah Subhanahuho Wa Ta’ala qui m’a fait la faveur insigne de te rendre hommage quand te recouvre la terre tienne, celle de Kaolack, du Saloum et du Sine, celle du Sénégal et de l’Afrique.
Te rendre hommage, en tant que ta fille que tu as chérie de toutes tes forces, comme du reste tous tes enfants, ta famille.

Je rends grâce à Dieu le Tout-Puissant, Le Maitre Unique, Créateur de la Terre et des Cieux, dont les décrets seuls font foi. Et je me plie à Sa Volonté de t’arracher à nous et de nous laisser ainsi le choix seul d’accepter et de Lui rendre grâce ! C’est peu que de dire que ton départ définitif a surpris plus d’un, ceux qui t’ont vu ou parlé juste avant. Rien, comme c’est souvent le cas, ne laissait présager ce départ brutal. Il aura suffi d’un malaise. Euphémisme redoutable pour susciter une détresse.

En franchissant cependant, le pas qui mène vers Allah, Le Très Sublime, tu as encore réussi, par un génie qui t’est singulier, à nous lier davantage à toi et à te lier davantage à nous, dans un mouvement qui épouse les contours insondables de l’Eternité. Et en ce moment de douleur immense, qu’il nous faudra surmonter avec le courage de ceux qui croient, je veux te parler et je ne doute guère, le sourire filial sous mes larmes comprimées, que tu m’entendes de l’oreille attendrie du père qui a toutes les raisons d’être fier de son passage sur cette terre, passage que l’on signe soi-même de ses pensées, de ses comportements et de ses actions.

Ma plume qui te parle aujourd’hui, je l’ai trempée dans l’encrier de mon sang, du sang que tu m’as transmis, du bon sang qui ne saurait ni faiblir, ni mentir, ni dégénérer.

Papa, l’avis de tous sur toi est unanimement positif. D’où mon sourire, nos sourires de joie – au sens religieux du mot – d’exaltation même, quand nous apparaissent la grandeur de tes gestes et l’ampleur du legs que nous avons maintenant le devoir de tenir flamboyant, pour toujours. Pour que, te retrouvant plus tard, nous n’ayons à souffrir d’avoir manqué à nos devoirs, conformément à tes enseignements.

Devoir de dignité et d’honneur en tout temps et en tout lieu, devoir de fidélité aux valeurs supérieures qui t’ont forgé, dont tu as hérité et fait fructifier avec la même affable constance.

Tu es un Père aimant et attentionné, un Ami fidèle, un Confident sûr, lumière toi-même et dispensateur de lumières.

Sois tranquille, très cher papa, et je sais que le doute ne traverse pas ton esprit, qu’il ne peut prospérer chez toi car, simplement, tu es un homme de foi, un homme de conviction !

Tu n’as pas seulement appris « à lier le bois au bois », comme le petit Samba du Pays Diallobé et à ramener de tes études en Europe, les parchemins qui t’ont consacré homme de sciences. Tu as porté en toi et partout, la foi irréductible du musulman trempé d’une piété raisonnée et totale, arrimée donc à l’esprit qui est le don de Dieu pour les hommes, afin qu’ils pensent et discernent.

Tu nous as toujours enseigné Dieu, Allah SWT, à travers une démarche et des formules scientifiques, au regard de l’harmonie du Cosmos et de l’équilibre de l’Univers, par l’observance des infinis et par la quête d’une Totalité inscrite dans l’Unicité de Dieu.

Gloire à Dieu Le Tout-Puissant et que nous guide, Son Prophète Seydina Mouhamed Aleyhi Salam. Tu t’es toujours suffi de LUI, le rempart unique, le Début et la Fin. Et tu nous y as éduqués. Merci, très cher Papa. Merci …

Nous avons toujours été fascinés – et d’abord ta famille – par ta hauteur de pensée, ta lucidité et ton incomparable capacité de discernement. La sagesse incarnée ! La reconnaissance pour tous et pour tout ! Le don de soi aux autres, dans la douceur d’un cœur tout porté vers l’humain. Dans la vie de tous les jours, dans tes activités de pédagogue et de chercheur, dans ton engagement politique, partout, on clame ta finesse et ton sens du dépassement, la mesure dans la mise, dans la parole et dans le geste, ta générosité qui commence par le don de soi, ton souci profond de la justice, de l’équité, de l’avenir des jeunes et du Sénégal.

Ta famille, tes amis, tes camarades d’ici et d’ailleurs, tes proches, tous sont fiers de toi et prient dans la confiance.

Nous sommes fiers de toi, Papa ! Nous t’aimons tous, autant que tu nous as aimés tous. Je sais, et c’est heureux, que tu appartenais, au-delà de ta famille, au Sénégal tout entier. Depuis trois jours que tu es parti, le pays bat au rythme de ta mémoire, au rythme de ta gloire. Et me revient ce vers de Senghor que je m’autorise à paraphraser pour qu’il te serve aussi d’épitaphe : « Ci-gît Madieyna Diouf, (digne fils du Saloum et du Sine), qui tant aima (les siens et sa terre), qu’à la fin, son cœur se rompit. »

Comme toi, Allah seul nous suffit. Pour tout et pour toujours ! Et tarissent nos larmes muées en goutes d’étoiles sur un ciel constellé d’espoir. Repose en paix, très cher père !

Amy Madieyna Diouf

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