L’école sénégalaise n’est pas seulement malade de sa société, elle l’est aussi de son État.
Les enseignants vont en mission dans un sauve- qui – peut désarmant – et attendront des mois pour recevoir l’argent de cette mission. Parfois, par pression syndicale – : chacun se débrouille pour son voyage et son logement.
Dans les différents groupes WhatsApp, qui réunissent les profs de philo, les collègues se démènent comme des diables pour trouver les voies et moyens pour le transport et le logement.
La stratégie de permutation qui facilitait tant de choses aux correcteurs est unilatéralement et arbitrairement éliminée par l’Office du bac, donc par l’État.
L’État semble nous dire : ” Vous êtes en mission pour moi, je vous prête 100.000 francs à cet effet. Débrouillez-vous pour vous transporter, vous loger et vous nourrir avec. De toutes les façons, vous me les rendrez en fin de mission”.
Aucune forme d’organisation et de leviers de sécurité des correcteurs et autres acteurs. Un jour, un superviseur a débarqué dans un centre d’examen par JAKARTA. Un président de jury est rentré tard par JAKARTA. Où sont donc les voitures de la RÉPUBLIQUE ?
Dans beaucoup de centres, les vidéos- projecteurs manquent ou sont en panne. Je ne parle même pas de toutes les bisbilles des correcteurs.
Cheikh Hamidou Kane disait : “le développement d’une Nation ne se mesure pas en fonction de la masse des richesses, mais en fonction de leur répartition”.
Notre conviction est : aucun événement n’est plus citoyen, plus fécond et plus important que la correction du baccalauréat. Alors, il est temps de mettre fin à cette “pédagogie de la pénurie”.
L’État nous exige une “obligation de résultats” et nous refuse les moyens conséquents pour obtenir ces résultats. C’est cela la philosophie du chat, il aime le poisson et déteste la nage. Hiatal, terriblement hiatal.
Association des Professeurs de Philosophie du Sénégal (A.PRO.PHI.SE)
Dakar, juillet 2024
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