Au sortir de cette 127ème édition du Magal de Touba, j’aurai aimé consacrer cette 10ème Chronique du Talaata à l’œuvre de Cheikh Ahmadou Bamba, mais l’actualité qui précède cet évènement spirituel est d’une gravité telle, que l’occulter serait trahir ce pourquoi nous sommes engagés. Je suis certain que d’autres sont plus à même que moi de relater l’œuvre infini de Khadimou Rassoul.
De jour en jour, les faussaires rivalisent d’ingéniosité dans notre pays et cela ne choque personne ! Mais dans quelle République sommes-nous ? De qui se moque-t-on ? Nous sommes meurtris quand on voit que le principal frein au développement de notre continent, mais particulièrement du Sénégal, n’est autre que l’accumulation de pratiques qui mettent à mal notre démocratie, sapent la cohésion de la nation et hypothèquent l’avenir de nos générations futures. Vous le savez, nous aurions aimé évoquer notre pays d’une manière plus glorieuse.
Seulement comment nous y prendre, au regard de tout ce qui, depuis quelques semaines, défraie la chronique (sans jeu de mots). Il faut avoir le courage de le dire, notre pays demeure scarifié par la corruption, l’impunité, les passe-droits, les pots-de-vin, le laisser-aller… et j’en passe. J’en veux pour preuve le détournement de l’essence même des documents officiels de notre État, un acte gravissime ! Le constat est amer : notre République est atteinte jusqu’à la moelle et si nous n’y prenons pas garde, elle sera à terre et la relever sera une tâche titanesque.
D’autre part, qui peut croire que ces parlementaires et activistes (encore présumés innocents) agissent seuls, sans la complicité de personne, en toute impunité ? Il faut naitre de la dernière pluie pour ne pas comprendre qu’il n’y a rien d’innocent dans toute cette mascarade à grande échelle. Il est certain que si l’aspirateur éclabousse la poussière sous le tapis, les dégâts collatéraux seront destructeurs, car ils toucheraient certainement beaucoup d’autres pans de notre appareil étatique et administratif, à en croire les déclarations de l’ancien Président de l’Assemblée nationale, Pape Diop.
Au regard des dires de l’ancien Président de l’Assemblée nationale, comment le Procureur de la République a pu laisser passer 24 heures sans le convoquer pour l’entendre ? D’ailleurs, ce faisceau d’indices me permet de douter, comme tous les sénégalais lucides, du fait que la procédure de levée de l’immunité des parlementaires incriminés puisse aller jusqu’à son terme. En effet, tout ceci revient à crédibiliser le sentiment d’impunité qui anime nos concitoyens, sans qu’aucune autorité n’ait la volonté de le corriger ; ou du moins il est corrigé à géométrie variable. Certains sont protégés du fait du «seigneur», et d’autres sont jetés aux orties parce qu’ils ne sont pas du bon côté de l’échiquier politique (Coumba am ndey, Coumba amul ndey).
Faudrait-il rappeler qu’a la République des Valeurs/Réewum ngor, nos dires sont souvent étayés par des preuves scientifiques. C’est en ce sens qu’à l’aune de la récente enquête d’AfroBarometer, nous voyons bien que l’affaire dites des «passeports diplomatiques», n’est que la face visible de l’Iceberg. Cette enquête révèle que 75 % de nos compatriotes affirment que la corruption a augmenté dans le pays au cours des 12 derniers mois. Ce chiffre fait froid dans le dos. C’est d’une énorme gravité, sans que l’autorité ne s’en émeuve. On devra d’ailleurs se poser la question à savoir ce qu’est devenu l’Office National de Lutte Contre la Fraude et la Corruption (OFNAC). La baisse considérable du signalement des cas de corruption devrait alerter tous nous alerter. De 618 cas signalés en 2015, on est passé à 73 cas signalés en 2018.
Comme j’ai l’habitude de le dire dans cette Chronique du Talaata, les chiffres sont têtus. C’est maintenant qu’il faille que la population prenne ses responsabilités, si tant est que l’État n’ait guère la capacité de le faire. Nous devons immédiatement nous débarrasser de cet esprit de « lijanti » et nous désolidariser vigoureusement tout acte de corruption, en le dénonçant publiquement. Parce qu’il est évident que sans corrupteur, il n’y a pas de corrompu. Par ailleurs, tout citoyen auteur d’un quelconque acte contraire à la loi, devra voir sa responsabilité engagée devant les juridictions, quelque que soit son rang social ou son aura.
Si nous ne prenons pas sérieusement ce chemin, je crains que notre pays ne s’enfonce davantage dans le marasme socioéconomique et dans la dérive sociétale latente. En définitive, L’esprit «Nañu ko lijanti» doit totalement disparaitre de notre pays ! Que toutes les prières formulées à l’occasion de ce 127ème Magal se déversent sur le Sénégal, pour nous permettre de redresser la barre et refonder notre pacte républicain !
Voilà le projet que porte la République des Valeurs/Réewum Ngor.
Nos régulateurs sociaux, Yalna ñu fi Yaag te wer.
Aly BathIly Spécialiste de la communication politique Membre de la cellule des Cadres – République des Valeurs (Réewum Ngor)
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