Le verbe, la parole, est déjà un acte” (Par Jean-Marie Biagui)

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Autrement dit, la parole est en soi un acte. De sorte que les invectives, les insultes, les menaces verbales sont des actes et, comme tels, autant d’actes de violence.

Des actes, donc, comme tous les actes humains, à la base desquels il y a la pensée ou à tout le moins la pensée est censée être.

La pensée faite réflexion, s’entend !

Or, quand nous pensons, lorsque nous nous mettons à penser, à réfléchir, nous ne sommes déjà plus dans l’innocence, cependant que nous pouvons penser tout, même si nous ne pouvons ou plutôt nous ne devons dire tout, ni faire tout.

Ce qui s’est produit cette semaine à l’Hémicycle, une bagarre, au bas mot, entre deux députés, était prévisible, tant les signes avant coureurs étaient multiples, qui annonçaient déjà d’inévitables combats de gladiateurs.

Encore qu’il soit heureux que les armes de poing et autres armes blanches et gourdins ne soient point admis dans ce Temple dédié à la Rhétorique, quoique nombre de députés en disposent.

Et pourtant, il n’est guère banal, il ne va pas de soi, de songer seulement à disposer d’une “arme de protection” ; a fortiori d’en disposer réellement.

“A celui qui te frappe sur une joue, présente aussi l’autre…”

Telle est l’attitude, sinon la disposition intellectuelle et morale, que le plus grand Rhétoricien de tous les temps, Jésus, préconise en tant que l’arme d’autodéfense par excellence.

En cela, ne nous méprenons pas, ce message ne s’adresse pas seulement aux petites gens, aux gens d’en-bas, dont je suis, incontestablement, mais aussi et surtout aux gens d’en-haut, dont vous êtes, tout aussi incontestablement, Mesdames et Messieurs les Députés, toutes obédiences confondues.

En fait d’arme d’autodéfense, il s’agit plutôt, dans l’entendement du plus grand Rhétoricien de tous les temps, d’une arme de dissuasion -une éthique !- tendant précisément et justement à dissuader tout agresseur potentiel de passer à l’acte, dans la mesure même où ladite arme de dissuasion installe celui-ci dans la certitude que l’autre, la victime potentielle, ne répondra pas, mais alors pas du tout, coûte que coûte, à son agression.

Mais ça n’est possible que si, et seulement si, on est mû par les idées, d’abord ; pour ensuite verser dans le combat des idées, légitimes tant dans leur essence que du point de vue de leur finalité.

Au lieu, donc, de n’être mû que par son statut, en l’occurrence de député, d’une part ; et, de l’autre, par l’envie irascible de préserver à tout jamais, coûte que coûte, le potentiel ainsi que l’étendue de jouissances auxquels un tel statut prédispose.

Honorables Députés ! dites-vous.”

(Jean-Marie François Biagui)

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