Le Sénégal rassemblera toujours ses poussins à l’abri des milans (Par Mamadou aicha Ndiaye)

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Heureusement pour nous. Il m’a été donné de constater des compatriotes touchés et atteints dans leur âme, dans leur chair et dans leur conscience. J’ai aussi remarqué d’autres sénégalais mécontents et fâchés d’une apocalypse inaccomplie. C’est absurde.

Ce que je ne comprends pas, c’est aussi, l’entêtement de certains amis à nuire autrui. 

Un proverbe affirme : « Si la vertu ne suffit pas à assurer le bonheur, la méchanceté suffit à rendre malheureux ». L’heure est venue de se reparler les yeux sur nos écrans.

J’ai vu des malheureux de la paix se lamentaient d’un retour au calme. Ils s’offusquaient et souffraient de ces prières, de ces médiations et appels au dépassement. De leur fumante forfaiture, de nombreuses consciences regrettent déjà.

Le Sénégal, notre patrimoine commun est dans une crise plurielle. Mon pays, hélas adulé et respecté qui, humait l’air d’une aube d’émergence sur un environnement des affaires exonéré, est vite retombé dans une épouvantable pauvreté. La réputation est désormais écornée et les causes connues. Cependant, sans se voiler la face, on a des plaies à panser et des modes de pensées à éradiquer. Sans donner de leçons, je suis au banquet des coupables, peut-être, et des interpellés comme tous.

Plongé dans un chômage endémique et une pandémie bouleversante, notre peuple (Le Sénégal), mérite plus qu’un sursaut. Pour la première fois, au 8 mars, je n’ai pas pu célébrer la Femme comme mon cœur l’enchantait. Certes, les temps sont durs et la faim demeure cyclique ravageuse et voleuse. Ces états de fait ont pondu des maux et des mots qui ne devraient pas faire tuer ces jeunes comme de piètres sacrifiés.

Ces évènements ne devaient pas non plus, faire amputer des membres à nos vaillants protecteurs. Entendre crépiter les claviers, gâchettes et les plus sereins cantonnements, est inacceptable. Ces alibis invraisemblablement avérés ou fallacieux sont dorénavant empreints d’amertume. J’hallucine encore face à ces actes téléportés, au grand dam de l’irrespect, de l’insouciance, de la régulation, de la force, de la haine et des affabulations. Ce chapelet de turpitudes est autant mobile de trahison. Confessons.

Embourbé dans une sécheresse d’éthique, mon hospitalier lopin de terre est atteint.

Son marasme de valeurs et sa décadence sanitaire me laissent baba. Oui, je reste coi, face à ce malaise politique qui a fini d’emboîter le pas au chaos économique. In fine, certains sont fiers d’un tumulte social, d’autres, restent mécontents d’un coup de foutaise avorté ou différé. Nous sortîmes tous honteux, traumatisés et surpris de cette balafre.

Qui ose jubiler ?

À l’appel de l’honneur, vainqueurs et vaincus se regardent en interloqués. Le cocktail de facteurs usurpé à ma jeunesse et relayé par des mains radicalistes, « caïds intellectuels » et « politicards pyromanes », a mis notre étendard en berne puis à terre. Relevons-le et plus jamais ça.

Je compte sur des esprits sains et cherche des pompiers pour relever, coudre et laver le symbole national. Le sursaut est possible.

Je pleure nos morts et regrette leur fin. J’interpelle les hommes et les femmes de valeurs, de « Jom » *(dignité) pour consolider nos us, ciments et coutumes. Je conseille à nos fils et filles de s’éloigner de ces démons qui pillent et effritent la raison et la sagesse. Ces marchands d’illusions de tout accotement attisent le feu de l’instabilité, s’amusent avec notre concorde nationale. Évitons et isolons-les.

Marginalisons-les sans les brutaliser. Bouclons nos cœurs, nos quartiers, nos écoles, nos universités, nos services, nos rédactions, nos outils informatiques contre ces « bipèdes », afin que les fibres de notre cœur vert ne s’abîment point sur la steppe et la forêt des revendications syndicalistes, séparatistes, obscurantistes et mercantilistes. De grâce qu’on ne nous parle plus de politique politicienne en longueur de programmes radioscopiques.

Vantez notre paix, notre sérénité, notre laïcité, notre agriculture, que sais-je encore ? Parlez de ces trains qui arrivent à l’heure, de ce qui est bien, de ce qui progresse, de qui ne va pas bien.

Crions haro sur le sadisme, sur le sexe et le sang et faisons place aux success stories*, (réussites personnelle ou entrepreneuriale). Parlons de nos jeunes et de leurs entreprises innovantes, (Start-up), sauvegardons le culte de la mesure et de la pondération.

Citons les bonnes personnes, les performeurs et arrêtons de partager les futilités et balivernes. Que l’on nous laisse avec nos forces de dissuasion et nos faiblesses de cousinage à plaisanterie. Qu’on nous épargne de ces déclarations sans « Kersa » *(pudeur) et nos rires d’adversaires. Que l’on nous comprenne dans nos différences, nous protège délicatement, et nous immunise de ces terreurs sordides et cauchemardesques de réseaux sociaux. Je tousse souvent entre une « fake news », (fausse nouvelle), et un « deep fake » (hypertrucage), tellement c’est époumonant et destructeur.

Je m’éternue à la nauséabonde de ces grotesques mensonges et ignobles manigances cousues de fil blanc sur l’épiderme d’honnêtes citoyens. Qu’on ne nous scie pas nos branches ethniques aux limbes tranquilles.

Nos lactoses de lait « Joola », « Wolof », « Sérer », « Peulh », « Maure » ou « Sosé » ont la même couleur. Nos albumines, plasmas et autres globules sont les similaires piliers sur lesquels, notre nation s’est enracinée.

Que souffle maintenant le vent d’un « Printemps sénégalais » paisible sur les prairies de « Coumba Castel » et de Mame Ndiarré », totems protecteurs, d’une capitale meurtrie.

Je plains ce pédant connaisseur, (expert en tout), attitré en quolibet et règlement de comptes qui, piaille et philomèle tel un rossignol, au gré d’un hypothétique avantage. Il oublie parfois que la parole est un média froid. Que l’on ferme désormais, le micro, et cache notre conducteur de radio, loin des échos à ces débiles mentaux, plagiaires de la « RTLM » (Radiotélévision libre des Mille collines). Ce groupe médiatique qui a encouragé le génocide au Rwanda est dans les tristes annales de l’histoire. Le médium est un message pas une arme de destruction massive.

Ce n’est pas la première fois que le glas sonna au Sénégal, mais, cette sonnerie est trop alarmante, trop stridente et déchirante. Voilà maintenant 30 ans que je côtoie des jeunes, des innovateurs dans des écoles, dans des amphithéâtres de tout ordre d’enseignement mais je n’ai jamais vu un tel scénario.

Voilà 25 ans, aussi, que je trotte et me frotte à des journalistes de tout bord et tends mon microphone à des politiques, à d’autres interlocuteurs dans différents continents sans être atterré.

Jamais, je persiste, « never*» (jamais), le verbe n’a été aussi arrogant, aussi acerbe, aussi grossier, aussi insurrectionnel voire nul au sein de ma famille.

Non, je ne mange pas de ce mets, car, mon pays a besoin d’autre chose, beaucoup plus digeste. Mon option d’équidistant avec les élus politiques et autres managers m’a toujours permis d’être critique et objectif vis-à-vis de mes semblables. À mon humble avis, je pense qu’on peut communiquer sans se heurter. Oui nous pouvons débattre sans nous diffamer et révolutionner sans nous donner la moindre effusion de sang.

N’est-ce-pas juste que notre histoire nous a appris que Mamadou Dia et Léopold Sédar Senghor ont eu des incompréhensions ? Jadis, l’unité de notre pays en avait souffert. Les présidents Abdou Diouf et Abdoulaye Wade avaient un quiproquo avant de se retrouver par la suite pour travailler ensemble. Aujourd’hui, nos politiques se crêpent les chignons. Mouvance présidentielle et opposition s’accusent dans des situations démocratiques troubles, mais, j’espère qu’un consensus va réunir, sous peu, ces leaders.

Je reviendrai prochainement sur les hommes politiques et leurs projets. Je m’épanche plutôt sur l’aspect social et m’adresse à ma jeunesse. Je prends la parole en tant serviteur, en tant que journaliste, enseignant-chercheur et membre à part entière de la défense des intérêts de la communauté universitaire de l’Afrique et du monde.

Notre nation est capable de confirmer la réputation honorable se relever de ses blessures et relever des défis grâce à sa richesse : Sa jeunesse, ses étudiants, ses enseignants, ses fils et filles capables d’innover et de travailler pour ces changements favorables.

J’ai mal de voir la main amputée de Mohamet KÂ, gendarme exemplaire à qui je rends un hommage républicain. Je suis aussi désolé d’apprendre que des citoyens, étudiants sont maltraités, emprisonnés, des édifices incendiés, des commerces vandalisés et des cours et examens perturbés. Tout cela me ronge.

Notre Sénégal ne mérite pas cette mésaventure. Notre héritage ne doit pas être saqué.

C’est le moment pour moi de lancer un vibrant appel à mes compatriotes de tout bord pour sauver notre nation. Le monde évolue et notre pays n’est pas en reste. Il faut aller à l’essentiel.

À chaque génération une mission lui est assignée. Après avoir vécu ici, et ailleurs des grèves, des contestations, des prouesses, performances et déceptions on peut être fier ou être déçu. Peu importe le sentiment que l’on éprouve, mais, avançons. Pour avancer il faut des leaders, des preneurs d’initiatives, des pionniers et je mise sur nos étudiants à qui je décerne une reconnaissance et un grand respect. Vous avez été éduqués, instruits, formés, c’est le moment ou jamais de prouver que vous méritez ces lettres de noblesse. Que vous appartenez à des partis politiques, des syndicats, des amicales, des associations religieuses ou culturelles, je parie sur vous que c’est l’occasion rêvée pour porter l’espoir de cette jeunesse. Oui, c’est l’heure de la vraie bataille comportementale, de la vraie révolution, intellectuelle et pacifique pour porter les préoccupations de nos frères et sœurs au firmament du développement.  

Que l’on soit du bord des hommes politiques ou pas, transcendons les appartenances, unissons-nous, rassemblons-nous, prenons les belles initiatives pour hisser les valeurs auxquelles, notre Sénégal, s’est toujours distingué.

Aux étudiantes et étudiants de mon pays et d’ailleurs, militants de la paix et du travail

Voilà une mission, un champ que nous devons défricher. À cet engagement, je vous réitère ma disponibilité doublée de ma conviction.

Je crois en vous et compte sur vous.

Les heures de calvaire et de difficultés vécues dans les campus, dans nos zones rurales, ont fait de vous de vrais citoyens et de vrais combattants. Nous connaissons la faim, la soif, la fatigue, les nuits blanches, le partage et la solidarité. Nous savons aussi nous défendre, et défendre les intérêts de nos pairs qui nous ont choisis. Nous maîtrisons les techniques de contestations, les modes de grèves, les astuces de bras de fer de négociations, maintenant innovons dans ces moments de doute, de douleur, et d’inquiétude.

Le dessein d’un bonheur éternel nous est donné. Un sursaut de prestige est à notre portée de main. Je m’incline devant la mémoire de nos jeunes tombés, drapeau national enrôlé au terreau de la revendication pour un avenir meilleur. Des fils et filles qui souhaitaient être entendus sont passés de vie à trépas. Paix à leurs âmes.

Je reste optimiste que notre cri est entendu. J’ai compris que toutes les sociétés à un moment de leur existence connaissent, mutations et recompositions mais pas de ce tempo. Que cette ère qui souffle puisse donner le fruit de nos rêves, de nos attentes en termes d’emplois, de santé, de réussite, de bonheur, de développement et de maturité.

Distinguons la bonne graine de l’ivraie, la raison de l’influence et la vérité de l’intoxication. Chers étudiants, enseignants, forces de défense et de sécurité, professionnels de la santé, secteurs formel ou informel, privé ou public, fonctionnaires, entrepreneurs, ouvriers et ingénieurs, paysans et éleveurs, pêcheurs ou mareyeurs, donnons-nous une main de sincérité et de loyauté pour bouter calomnie, complot, quolibet loin de nos tabloïds, de nos médias de nos activités et de nos discussions.

Les images de raffermissement entre hommes de tenues et manifestants en colère m’ont tétanisées et enchantées. Le sang ciblé sur le terroir des parcelles assainies m’a ahuri comme l’incendie survenu dans des habitats de compatriotes. Je déteste la violence verbale comme physique car j’en ai pris et appris à mes dépens.

Nous sommes dans une course contre la montre où l’espoir ne doit pas fondre comme du beurre sous le soleil. Ne consumons pas nos années de labeur au gré des vicissitudes de la vie et des affres de la haine et de l’extrémisme. Heureusement que je ne suis pas militant d’aucune obédience politicienne, mais tiens ardemment à mon intégrité intellectuelle, morale et patriotique.

Par ce billet, je tenais à compatir suite aux manifestations meurtrières et destruction de biens matériels de nos entreprises de presse, de nos parents et amis. Je réaffirme ma loyauté et mon soutien sans faille au peuple méritant. Que le Sénégal rassemble toujours ses poussins à l’abri des milans et remette l’épée dans le fourreau de la paix.

Mamadou aicha Ndiaye

Journaliste

Canada, le 10 mars 2021.

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