Le mariage du cœur et de la raison n’est jamais heureux que lorsque celle-ci tient la chandelle (Jean-Marie Biagui)

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Qu’est-ce que c’est que le négationnisme sinon le déni de faits historiques, malgré la présence de preuves flagrantes rapportées notamment par les historiens, à des fins généralement racistes ou politiques ?

C’est du moins ce que je conçois comme sa définition dans son acception la plus large et la plus inclusive, et que je considère, ici, comme un postulat, en tant que le pendant d’un autre postulat, selon lequel : toutes les œuvres qui symbolisent, ou qui glorifient par le symbole, la colonisation, sont le fait nécessairement exclusif du colonisateur ; ce dernier postulat tenant pour sa part sa validité et sa pertinence de ce qu’il ne saurait être concevable que le colonisé puisse jamais célébrer la colonisation avec ses faits et méfaits.

Comment dès lors pouvons-nous, nous ex-colonisés ou descendants de colonisés, avoir quelque problème, si minime soit-il, avec une statue ou un pont ‘‘Faidherbe’’, avec une rue ou une avenue ou encore un boulevard ‘‘Colbert’’, et que sais-je encore ?

A moins que ceux-ci ne portent la signature d’un Senghor au Sénégal ou d’un Houphouët-Boigny en Côte-d’Ivoire, ou bien d’un Modibo Keïta au Mali ou d’un Nkrumah (celui-là même qui porte vraiment son nom) au Ghana, ou encore d’un Bourguiba en Tunisie ou d’un Ben Bella en Algérie…Bref ! j’ai nommé quelques-uns seulement des pères de l’indépendance africaine.

Auquel cas, oui ! auquel cas, déboulons-les, ou détruisons-les.

Sinon, gardons-nous bien de nous en séparer. Car, tout muets qu’ils sont, ces vestiges coloniaux nous parlent, et nous témoignent, autant de l’histoire du colonisateur que de celle du colonisé.

Au fait, de qui ou de quoi Gorée, avec notamment la Maison des esclaves que l’île abrite, est-elle le symbole ? De qui la ville de Saint-Louis tient-elle son nom ? Et la ville de Ziguinchor ?… pour ne citer que ces dernières. N’est-ce donc pas du bon vouloir de celui-là même – (c’est surtout vrai pour Saint-Louis, car Ziguinchor fut « portugaise » avant de devenir « française ») – qui fut jadis le père de la Haute-Volta, au corps défendant de celle-ci, devenue le Burkina Faso, c’est-à-dire redevenue elle-même, par la seule volonté des Burkinabés ?

Mais il est un autre postulat, aussi arbitraire par l’absurde qu’il est conflictogène : ‘‘Les frontières dont l’Afrique a hérité de la colonisation sont intangibles’’. Signé : l’OUA (Organisation de l’Unité Africaine) puis l’UA (Union Africaine). Comble de paradoxe !

Ce qui nous vaut, en tout cas, à nous autres Casamançais, une guerre de libération nationale de près de 40 ans, avec son innombrable cortège-corolaire de morts, de mutilés et autres blessés, de réfugiés et déplacés.

Ainsi en est-il des vestiges coloniaux, qui veillent (sur) et surveillent précieusement, voire justifient et sacralisent de manière spécieuse, pour la postérité et l’éternité, entre autres, les frontières dont l’Afrique a hérité de la colonisation. Au grand dam des Peuples et Nations africains !

Dakar, le 24 juin 2020.

Jean-Marie François BIAGUI

Président du Parti Social-Fédéraliste (PSF)

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