“L’exception sénégalaise, ce ne fut jamais des institutions, en réalité imparfaites. Ou un pouvoir, qui s’est révélé souvent autoritaire. Mais ce fut toujours l’attachement à la liberté d’expression”, Boubacar Boris Diop
George Orwell dans 1984 décrit l’enfer du totalitarisme et ses mécanismes de destruction de toutes libertés : de pensée, de parole, en particulier. Il évoque dans le livre les “deux minutes de la haine” sorte de rituel où la masse des partisans du régime dictatorial d’Oceania, nom du pays fictif dans le roman, conchient et clouent au pilori durant deux minutes l’ennemi ou le bouc émissaire du moment
Le Sénégal de 2024, du tandem Faye-Sonko, n’est pas l’enfer totalitaire qu’est Océania, pour le moment tout du moins. Mais les 72h de dénigrement, d’attaques, de harcèlement, que l’armée de l’ombre virtuelle des sympathisants de PASTEF et de M. Sonko, inflige à toute voix critique contre le nouveau régime et sa figure de proue, entrent dans la même logique que les deux minutes de la haine.
Salma de Sen Tv, le lutteur Modou Lô, notre collègue ici à Seneweb, Ameth Ndoye, entre autres, ont été les cibles de ce déchaînement de haine sordide, qui n’a pour seul but que de faire taire les voix critiques et déplaisantes à leurs oreilles. Leur méthode est vieille et éculée. “Traitez vos adversaires de fascistes, pendant qu’ils se justifieront, vous pourrez leur porter de nouveaux coups”, avait théorisé Staline, une des figures tutélaires du totalitarisme. Ici on vous attaque sur votre vie privée, votre passé, on vous insulte ad nauseam, on ment sans vergogne, le tout pour vous faire taire. Et ça marche, de plus en plus de gens, même dans la presse ce qui est un comble, s’autocensurent ou hurlent avec les loups par peur d’être lynchés sur les réseaux sociaux ou perdre en popularité.
Nous ignorons si cette tchéka virtuelle est stipendiée par PASTEF ou actionnée par ses membres pour régler des comptes, mais pour lever toute ambiguïté, il serait temps que ce parti condamne ces pratiques, qui étaient déjà en vigueur durant ces années dans l’opposition.
“Le Sénégal doit renouer avec sa tradition de paix et de tolérance. Ce qui s’est passé lors des 12 dernières années, et plus particulièrement ces cinq dernières années, ce n’est pas ça le Sénégal. Il faut que l’on renoue avec le legs de nos ancêtres : amour, tolérance, fraternité. Que l’on respecte la diversité des opinions”, disait Ousmane Sonko durant la campagne électorale.
Il serait bien que ses zélateurs appliquent cette maxime ou tout du moins que lui-même, M. Sonko, les sensibilise sur les vertus du dialogue et de la contradiction.
Par Adama Ndiaye
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