L’argent public et le foncier sous scanner… (Par Mamadou Lamine Diatta)

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Le Président Bassirou Diomaye Faye dégage l’impression d’un Leader qui ne perd pas son temps. Sitôt installé, il a carrément enfilé le bleu de chauffe de l’homme de terrain pour procéder hic et nunc à ce qui a fini de prendre les atours d’un véritable audit de 24 ans de gestion libérale au-delà de la mise sous scanner du régime Macky Sall. 

Autrement dit, ce Président sur qui pèsent des attentes quasi-irrationnelles a fini d’habiter sa fonction de sauveur de la nation voire de messie avec en bandoulière un style direct et dépouillé dénué de fioritures. Pied au plancher, ses visites inopinées sur le théâtre des opérations ne laissent aucun répit à une administration territoriale déboussolée et obligée de s’adapter avec à la clé moins de marge de manœuvre au moment d’être soumis au feu roulant des questions du Chef. C’était le cas de ce qu’on pourrait appeler le débarquement de Thiès, une cité visiblement dans le viseur du Président et désormais estampillé haut –lieu d’un banditisme foncier innommable.

Cependant, dans la communication du Chef de l’Etat, on sent en filigrane une volonté de jeter en pâture quelques pontes du régime Macky Sall vertement accusés de braquage foncier avec dans leur escarcelle pas moins de 300 hectares pour l’un d’entre eux. Le Président a même poussé le bouchon jusqu’à affirmer qu’un des mastodontes impliqués dans cette bamboula a eu le toupet de solliciter les suffrages des Sénégalais. L’allusion est claire comme l’eau de roche et renseigne sur les relents politiciens de cette croisade. Il ne faut pas se voiler la face, un homme politique reste un homme politique fût-il un Président de la République et tout porte à croire que le nouveau pouvoir ne se privera pas de sévir sévèrement contre les anciens dignitaires du régime Sall qui ont commis la bourde monumentale de prêter le flanc. Bassirou Diomaye Faye et Ousmane Sonko sont d’ailleurs confortés par les sorties d’une armée de partisans qui avance urbi et orbi que cette opération coup de poing relève simplement d’une forte demande sociale au regard du fait notoire que les délinquants fonciers à col blanc sûrement identifiés par les services domaniaux ont pris des libertés avec le bien public.

À l’analyse, dans l’approche et sur les méthodes usitées, on pourrait dire trivialement que « Macky moye Wade », entendez « Macky c’est Wade » et vice-versa tant l’empreinte du père de Karim a beaucoup déteint sur la façon de faire du quatrième Chef de l’Etat de la République du Sénégal. Un long compagnonnage sur fond de complicité et de mentorat laisse toujours des traces. C’est humain ! Entre les deux régimes, il y avait plus qu’un système de vases communicants d’autant que Macky Sall était quasiment le clone du Pape du Sopi.

Finalement, au-delà de la reddition des comptes et de la subite hyperactivité de l’OFNAC de Serigne Bassirou Guèye et des autres corps de contrôle, l’actuel pouvoir veut mettre sur gril un quart de siècle de gestion libérale.

Macky Sall était pratiquement le prolongement de son prédécesseur notamment pour leur forte propension à mettre en exergue des investissements massifs, sortes de dépenses de prestige. Il en est ainsi du monument de la renaissance, la concession controversée de l’autoroute à péage à Eiffage, le tunnel de Soumbédioune pour les Wade ou encore de la plate-forme de Diamniadio, l’affaire Bictogo (université Amadou Makhtar Mbow), l’affaire du Turc Selim Bora (Aibd), l’APROSI, les affaires PRODAC, PETROTIM, les 1000 milliards Covid … pour le pouvoir déchu.

Autant dire que le nouveau régime est quelque part en train de passer au crible la gestion des libéraux au pouvoir depuis 2000.Nous devons à la vérité de reconnaître que pendant ces 24 dernières années, la boulimie foncière s’est complètement exacerbée avec la complicité active des services de l’Etat.

Le problème avec le foncier, c’est qu’il s’agit du domaine par excellence de l’argent facile et du blanchiment de sommes astronomiques.

Un pays ne se développe jamais avec un boom aussi peu vertueux. Au contraire, c’est plutôt avec la jonction agriculture-industrie-commerce que le Sénégal devrait amorcer un début de décollage économique.

C’est tout le sens et l’intérêt des nouveaux chantiers d’une République engagée sur les sentiers délicats de la rectification et de la rupture.

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