LE PLUS BEL HOMMAGE QU’ON POURRAIT RENDRE A AMADOU MAKHTAR
Le doyen Amadou Makhtar Mbow a été rappelé à Dieu hier à l’âge de 103 ans. Depuis l’annonce de son décès, les hommages pleuvent de partout. Mais le plus grand et le plus bel hommage que le pays pourrait rendre au patriarche, c’est l’application des Conclusions des Assises nationales qu’il a piloté de main de maître pour un meilleur devenir du Sénégal.
Le professeur Amadou Makhtar Mbow s’est éteint hier à l’âge de 103 ans. Dès l’annonce de cette triste nouvelle, les hommages ont fusé de partout et le parcours de cet homme d’une dimension exceptionnelle a été rappelé par la communauté intellectuelle qui a tenu à lui rendre un hommage mérité. Mais le plus bel hommage que le pays devrait pouvoir rendre à ce combattant inlassable des libertés, ne devrait-il pas être l’application des Conclusions des Assises pour lesquelles il s’était beaucoup investi malgré son âge avancé ? Sollicité pour venir piloter les Assises nationales, Amadou Makhtar Mbow disait dans son allocution d’ouverture le 1er juin 2008 « c’est après mûre réflexion que j’ai donc accepté de présider ces Assises. Au soir d’une vie aussi longue que la mienne au cours de laquelle j’ai participé à tant de combats pour la liberté, la dignité et le progrès des peuples, les miens comme les autres, sans en attendre que la satisfaction d’un devoir accompli, d’une responsabilité assumée, on ne peut se dérober. On ne peut le faire quand des appels aussi unanimes vous sont adressés, quand des espoirs si nombreux sont placés en vous, quand vous sentez chaque jour davantage tant de pauvreté et de misère autour de vous. Rester sourd serait un reniement de soi surtout lorsqu’on a intégré très tôt dans sa vie les valeurs de solidarité si chères aux cultures africaines, confortées par le principe sacré du scoutisme que j’ai pratiqué dans mon adolescence : « toujours prêt à servir ». Avait-il déclaré. « A cela s’ajoute la fidélité à la mémoire de tous ceux de ma génération qui ont lutté pour l’indépendance de ce continent sans jamais chercher à en tirer un profit personnel. Beaucoup d’entre eux l’ont payé parfois de leur vie, souvent de leur liberté. En luttant pour l’indépendance, on ne cherchait pas le pouvoir pour le pouvoir, mais le pouvoir pour que, la liberté acquise et leur dignité recouvrée, nos peuples puissent avoir la maîtrise totale sur leurs ressources afin d’assurer le bien-être dont ils avaient été longtemps privés. » avait encore ajouté le doyen Mbow. Et ce qui est surtout à regretter aujourd’hui est le fait que les Conclusions des Assises n’aient pas été mises en œuvre par le pouvoir sortant qui pourtant les avait paraphées. Parce que leur application aurait pu au moins faire mieux que ce que l’on nous a proposé depuis 2012. Et même si ces Assises n’étaient pas la panacée, elles auraient eu au moins le mérite de nous épargner des nombreuses crises qui ont secoué le pays durant le règne du président Sall et, qui malgré le changement de régime ne sont pas encore totalement réglées. Pour dire le pays n’est pas encore totalement sorti de l’auberge. Etant donné que le candidat Bassirou Diomaye Faye devenu président avait lui aussi signé le pacte à travers son représentant le constitutionnaliste Sidy Alpha Ndiaye, l’espoir est permis de voir un jour ces recommandations mises en œuvre. D’autant qu’il déclarait que les Conclusions des Assises sont pour le candidat Bassirou Diomaye Faye des ressources institutionnelles, normatives et dogmatiques communes qui traversent les programmes des partis politiques visant à consolider l’Etat de droit et à rétablir la République. Aujourd’hui la balle est dans le camp des nouvelles autorités qui sauront exploiter à bon escient ces recommandations. Parce qu’en présidant ces Assises le professeur Mbow disait ceci « d’immenses espoirs sont soulevés par notre initiative à l’intérieur comme à l’extérieur du pays. Nous ne devons pas les décevoir. »
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