L’annulation de la dette : Une solidarité de raison et d’intérêts mutuels (Par Habib Ndao)

Partager l'article

L’appel du Président Macky Sall à l’annulation de la dette africaine n’est pas une compassion vis-à-vis de l’Afrique,  loin s’en faut.

L’économie mondiale,  comme les pandémies, évolue dans un écosystème globalisé, où il existe une imbrication des intérêts. Un développement économique du  continent africain entraîne inéluctablement une croissance dans les Etats de ses créanciers et vice versa. La propagation sans frontière du COVID-19  d’aujourd’hui et celle du terrorisme d’hier  ont apporté la preuve  que le monde ne sera ni  en sécurité économique,  ni en sécurité tout court, tant que l’Afrique sera laissée en rade.

L’Afrique du vingtième siècle croule sous le poids d’un endettement excessif. Une partie de l’élite africaine pense que cette dette a été amplement remboursée et ce depuis fort longtemps.  D’autres se demandent pourquoi annuler la dette des pays africains alors que se pose la légitimité de cette dette; pendant ce temps, le niveau élevé du service de la dette pèse lourdement sur les finances publiques et compromet durablement les efforts titanesques des pays africains déterminés à combler leur retard infrastructurel qui consomme l’essentiel de la dette extérieure.

Au-delà de ce débat, analysons froidement cette problématique.  L’Afrique a la particularité d’être un continent parti sur la route du développement certes avec des handicaps structurels. Cependant,  depuis une demi-douzaine d’années (07 ans pour le Sénégal) est apparu  un nouveau leadership plus conscient des enjeux mondiaux, plus professionnel dans la gestion de nos économies,  maîtrisant de plus en plus la gestion et la valorisation de nos ressources naturelles, ayant la volonté ferme  d’éradiquer de manière progressive et durable  cet injuste paradigme de la « détérioration des termes de l’échange » que dénonçait  le Président Léopold Sédar Senghor. L’Afrique est  un continent avec une population majoritairement jeune dont la  moyenne d’âge tourne autour de 19 ans ; quel fabuleux débouché pour les produits et services du monde entier !

Le continent africain est la deuxième région économique à la croissance la plus rapide, derrière l’Asie, sa population aspire à un mieux être, une meilleure santé, une meilleure nourriture, une meilleure éducation, ainsi qu’à vivre dans un meilleur environnement.

La montée en puissance d’une classe moyenne, la croissance d’une démographie jeune, l’urbanisation et l’adoption rapide des technologies numériques, consacrent l’Afrique comme le marché du siècle, pour les biens et services du monde entier, à condition que l’annulation de sa dette soit perçue comme une formidable impulsion qui va tirer inévitablement la croissance mondiale. C’est une première étape en vue de permettre à nos pays de voler de leurs propres ailes. Nos stratégies de croissance, d’éradication de la pauvreté et de la présente pandémie ont besoin d’un appui financier significatif. Ceci entrainera indiscutablement la rotation de ses ressources autour du globe.

Si l’humanité est attachée à la paix et à la stabilité, nous sommes d’avis que l’allégement de la dette peut contribuer à accélérer la sortie d’une situation de pandémie à un rebond vers un développement durable. Les pays du G-20  ne doivent pas simplement alléger la dette : ils doivent  aussi  appuyer le développement à long terme pour ne pas hypothéquer la croissance de leurs Etats par effet de levier.

Un rappel historique nécessaire : au début des années 1990, le rééchelonnement de la dette n’a pas résolu  les difficultés financières des pays éligibles. Les pays industrialisés, avec l’appui du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale, décidèrent d’opter pour une solution radicale : la quasi-annulation de la dette.

En 2020, c’est une lapalissade de dire que notre continent a changé, avec de nouveaux leaders   « who know what time is It. » plus soucieux de croissance, d’interdépendance économique, mieux gouverné car maitrisant de mieux en mieux les arcanes de l’exploitation de nos matières premières.

Habib NDAO

OBSERVATOIRE DE LA QUALITE DES SERVICES FINANCIERS

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*