On évoquait ici les échanges entre Serigne Touba et Mame Cheikh Ibrahima Fall lors de leur rencontre.
C’était le vingtième jour du mois de Ramadan.
Serigne Moussa Ka précise dans son poème.
Niaar fukki fan thi werru koor
Bissub dibéer la mbirma wóor
Seex Ibra yaa rëyi pexe
Une rencontre racontée par Serigne Bassirou Mbacké, fils de Bamba, père de l’actuel Khalife. C’est dans son oeuvre ” Minanou Bâkhil Khadim ” (Les Bienfaits de l’Eternel). C’était bien avant l’exil, les épreuves, le triomphe…
Cheikh Ibra Fall qui avait “tout abandonné, tout quitté, renoncé à tout, pour chercher un Maître qui peut m’assurer l’accès au voisinage du Seigneur.
“Si d’aventure je ne le trouverais pas en vie, je chercherai à identifier son mausolée.”, avait-il dit. Son unique préoccupation étant “DIEU et ma demeure dans l’Au-delà”.
Serigne Touba qui avait réaffirmé son attachement indéfectible au Prophète (PSL), son guide, son phare, a agréé son allégeance, non sans condition : “Seul DIEU occupera tes pensées et remplira tes intentions…. “
Le pacte est scellé. C’est parti pour un beau, long et pénible compagnonnage qui n’a même pas pris fin à la disparition de Cheikh Ahmadou Bamba en 1927 à Diourbel.
“Mu daldi ñgoy thi Mustafaa
Ngir xam ne am na listifaa
Mag ñép dem moom mu ne faa”, écrit Moussa Ka.
Il est ainsi resté très attaché au fils aîné Mouhamadou Moustapha conscient de ses talents et de ses vertus. Tous les autres sont ont préféré partir. Quelle fidélité !
Un soutien actif, désintéressé, utile à tout point de vue. Serigne Moussa Ka le décrit avec brio :
Amngay ngërëm ba am dërëm
Fab nga dërëm njënde ngërëm
Loo masa am tabbal kërëm
Ay junni daal nga daan joxe
(Tu as l’agrément, et tu as de la fortune. Tu as échangé la fortune contre l’agrément
Tout ce qui tu as possédé tu l’as investi dans sa maison. Ce sont des milliers [de francs] que tu donnais)
C’est le culte du travail de l’engagement, de la rigueur qui est célébré dans les vers qui suivent :
Yendoo lëgéey fanaanee root
Gaa yay nelaw banaa xuréet
Ba ganaar ne kurkuréet
Moo ko xewal daawul ñox ñoxi
(Passer le jour à travailler et la nuit à puiser de l’eau
Les gens dormant en faisant khouret
Jusqu’à ce que les coqs poussent leur cocorico
C’est lui qui l’a inauguré, il n’a jamais faibli.)
Serigne Musa Ka n’a pas manqué de souligner le rôle de Lamp Fall dans la vivication des enseignements de Khadim Rassoul, allant jusqu’à convaincre les plus réfractaires à l’Islam. Ceux-ci étant très attachés à leurs croyances ancestrales.
“Yaa yobbu Mbaaxaan ci Xafóor
Yaa tax ba xolba dóotu fuur
Yaa tax mu sanni yatu nguur
Fab yatu gëm di laaj texe
(C’est toi qui as changé Mbakhane en Hafûr
C’est grâce à toi que son cœur ne bouillonne plus C’est grâce à toi qu’il a jeté son sceptre
Et a pris le bâton de la foi en quête de salut )
Plus loin dans son “marsya” Serigne Mousa Ka renchérit :
Yaa tax ba Abdulaay Xaar
Taxaw fi bunt di fa xaar
Woyaf lu bay lekk daqaar
Ngir sopp Bamba miy joxe
C’est grâce à toi que Abdoulaye Khar /Attend devant une porte. Et est devenu si humble qu’il mange du tamarin grâce à son amour pour Bamba qui pourvoie [des faveurs]).
Cheikh Ibrahima Fall a été d’un apport inestimable pour le mouridisme. Serigne Fallou deuxième Khalife général, l’a si bien compris. C’est ainsi qu’il a donné le nom du plus haut minaret de la mosquée de Touba à Lamp Fall.
Au-delà, de ce symbole, des autres gestes de reconnaissance, il serait bon, dans ce monde marqué par des déchirures, des coups bas, des ruptures et des trahisons, de méditer sur cette relation exemplaire entre deux hommes. Un duo qui est, sans nul doute, à l’origine du brio succès chanté partout.
Diaraama Seex Ibra !
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