L’Air de rien, mine de rien (Par Issa Thioro Gueye, Éditorialiste)

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L’expérience c’est du vécu.
Ce n’est pas quelque chose qui s’apprend…
Ce n’est pas non plus une alchimie de la réussite.
C’est un mélange d’échecs et de succès.
L’expérience c’est également un vade-mecum, pouvant servir de livre-chevalet à tous les jeunes, même si on aime avoir l’air de rien après le parcours d’une pensée écrite bien ficelée ou bien signée.
Les romans, les essais, les classiques ne retiennent plus l’attention du grand public.
Tout ou presque vire de plus en plus à la dépossession. Mine de rien.

Les politiques d’hier étaient autant de grands acteurs du social que des esprits à la pensée fertile.
Ils incarnaient un vrai contre-pouvoir et n’étaient pas hors sol.
Ils connaissaient bien le terrain et vous apprenaient l’histoire.
C’étaient des baronnies qui faisaient vivre la démocratie locale, de vrais amortisseurs, de grands cumulards.
Ils sentaient les crises et savaient rendre les contestaires consolables.
Ils avaient de l’allure politique.
Ils formaient une dream team de grands hommes…
On ne les oublie jamais.
Ils passaient beaucoup de temps avec les journalistes et le public.
Ils étaient mieux connus et compris.
Ne les faisait jamais reculer le mal sénégalais c’est-à-dire la jalousie et le rapport à l’argent.
J’avoue que se fait rare cette classe de politiques racés, corrects, policés, intelligents.

Aujourd’hui, et comme on s’en rend compte, il n’y a pas qu’un changement d’époque.
Le changement de monde… se vit et se lit partout.

Le premier élément explicatif est le passage du modèle du guide à un modèle du guidé.
Les gens ne s’identifient plus au terroir et aux valeurs des origines, ils identifient plutôt le profit pour eux-mêmes et leur clan.
La quête de l’avoir a tué l’être en politique.

Le deuxième se mesure à la fin presque des permanences.
Les acteurs ne se nourrissent plus d’idéologie et ne sont presque pas formés.
C’est la société du bavardage sans fin.
Tout est formateur, informateur, réformateur et même déformateur du fait des opportunités immenses qu’offrent les réseaux sociaux en terme de mobilisation des masses et de large diffusion des messages.

Tout y coule.
Tout y ruisselle.

Le murmure des salons d’hier est devenu le grand bruit des écrans d’aujourd’hui.

Plus de filtre.
Plus de tamis, tout passe… Et, vite d’ailleurs.
Aujourd’hui, la raison passe très souvent après l’émotion.
Les gens ne savent plus croire. Ils font et ne sont pas.
Ils fondent leur appétit là où se fonde le désespoir.
On dirait une science qui s’est perdue.
Certes, il faut bien que la classe se renouvelle.
Mais, force est de noter qu’elle se modernise mal… très mal.
C’est à la fois un basculement dans une aventure et un renversement des acquis.
Rien n’est matriculé.
Tout est possédé, pourtant.
Et c’est tout le sens de la si grosse polémique au sujet de la possession.
Qui a ?
Pourquoi il a ?
Comment il a eu ?
Les réponses se posent mais s’opposent en même temps. Ce qui nous ramène toujours aux contestations politiques et angles morts, avec des équations jamais résolues… Mine de rien.

IG – BIRAGO, Rufisque le 17 décembre 2022

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