« Elle », c’est la « bergère », mégère à ses heures. Elle ne sait rien, mais alors rien du tout. Et elle est ignorante, non pas d’une ignorance passive, mais d’une ignorance active. Ce qui fait d’elle un individu extrêmement dangereux. Elle est pour l’indépendance de la Casamance mais ne sait guère ce que c’est. Elle a la grande gueule, c’est-à-dire le verbe haut, pour professer sa foi dans l’indépendance du Pays-des-Rivières, mais elle ignore la voie pour y parvenir.
Cependant, elle peut tout, et toute seule. Elle a pu, par exemple, devenir l’homme qu’elle est de nos jours – la « bergère » faite homme, Mamadou Nkrumah Sané ; qui peut donc tout, et tout seul, mais d’un pouvoir – concède-t-il à peine – qu’il tient de Dieu ; en vertu duquel il va se faire « secrétaire général à vie du Mouvement des Forces Démocratiques de la Casamance (MFDC) », pour alors en user sans modération, ni pudeur. Et comme tel, à tour de bras, il fait et défait, nomme et dégomme, insulte et diffame, accuse et parjure, juge et condamne, souvent à mort, et sans appel.
C’est ainsi que Souaïbou Kamougué Diatta, jadis l’homme fort du « Maquis casamançais », puis récemment César Atoute Badiate, chef du « Maquis sud », vont le pratiquer ès-qualité, et à leurs dépens : « A la guerre toute ! » leur ordonne-t-il. « Très bien ! mais pour ce faire, nous avons besoin d’un nombre conséquent de combattants. Envoie-nous donc un ou deux de tes braves garçons », lui répondent-ils invariablement. « Mais pourquoi tu me demandes ça ? », réagira-t-il tout aussi invariablement à l’intention du premier puis du second.
Ils sont alors « dégommés », par ses soins ; tandis qu’il ne tardera pas, tout penaud, à jeter son dévolu sur un certain Ibrahima Compasse Diatta, qu’il s’empressera de « nommer commandant en chef d’Atika (la branche armée du MFDC) », le temps, nécessairement éphémère, de jouir à suffisance de ce qu’il croit ainsi être sa sanction à l’encontre de Kamougué puis de Atoute.
Le temps nécessairement éphémère d’une jouissance, disais-je ! Et pour cause, de la main même de Nkrumah, depuis Maisons-Alfort (une banlieue parisienne), quoique prétendument par procuration :
« L’aile militaire d’Attika du Mouvement des Forces Démocratiques de la Casamance (MFDC), communique.
Elle reconnait toujours que Mamadou Nkrumah Abou SANE, est le Secrétaire Général du Mouvement des Forces Démocratiques de la Casamance (MFDC).
Elle demande à cet effet, la levée immédiate et inconditionnelle, des mandats d’arrêt internationaux lancés par le Sénégal, contre les membres du Bureau Politique du Mouvement des Forces Démocratiques de la Casamance (MFDC).
Elle souligne par ailleurs qu’Ibrahima Compasse Diatta est démis de ses fonctions de Commandant en chef du Maquis, à Sikoune et qu’il est remplacé par Adama SANE, nouveau Commandant en chef, du Maquis, à Sikoune.
Fait à Sikoune, le mardi 12 mai 2020. Commandant en chef Adama SANE » (sic)
Ce faisant, la « bergère » se met ainsi à dos le « berger », « Lui », Compasse, puisqu’il s’agit de lui, qui, à son tour et sans plus attendre, réagira en ces termes :
« Le Commandant des ailes armées unifiées du Mouvement des Forces Démocratiques de la Casamance « MFDC », tient à dire au peuple de Casamance et au monde entier que contrairement à ce qu’a dit le Communiqué de presse qui vient de passer sur la radio Zig FM le 15-05-2020, Ibrahima Compasse Diatta n’est pas destitué et n’a pas fuit.
Il a tout tranquillement rejoint le lieu retenu pour abriter l’Etat-Major Général du Commandement Collégial des ailes armées unifiées du MFDC. Et Compasse Diatta contnu à jouer pleinement son rôle de Chef qu’il jouait au paravant
Le Commandement des ailes armées unifiées vous assure que le Comité provisoire des ailes politiques unifiées continuera à travailler comme prévu pour sauver le peuple de Casamance
Depuis 1982 Mamadou Nkruma Abbou Sané ment et divise le mouvement des Forces Démocratiques de la Casamance. Il est responsable de toutes les guerres internes dans le Maquis du MFDC
En milieu Diola le nouveau Roi ne se choisi jamais de lui-même et n’incite personne à lui choisir
Les Combattants du MFDC ne sont pas des marionettes et ne sont pas des marchandises
Le passage au boi sacré en milieu Diola joue un grand rôle dans la transformation de l’Homme. Mais le cas de Mamadou Nkruma Abbou Sané nous fait beaucoup douter.
Le Commandement s’indigne du fait que l’un des grands pays de droit de liberté et de démocratie ait accepter d’abriter le grand criminel de guerre en Casamance le grand menteur Mamadou Nkruma Abbou Sané
Fait au Maquis le 22-05-2020
Signe : Ibrahima Compasse Diatta
(Tampon officiel) » (sic)
« L’honneur, c’est comme les allumettes : ça ne sert qu’une fois » (Pagnol)
Je ne sache pas qu’il y ait jamais eu quelque accointance entre Robert Sagna et Compasse, si l’on sait que toutes les portes du « Maquis casamançais », toutes factions confondues, y compris celle de Salif Sadio, sont fermées à celui-là avec son GRPC depuis octobre 2014. C’est en tout cas l’accusation dont Compasse est affublé par l’aile extérieure du MFDC et pour laquelle il est « démis de ses fonctions de Commandant en chef de Sikoune ».
En réalité, comme à son habitude, depuis toujours, Nkrumah voulant éliminer toute personne qui passe à ses yeux pour un frère-ennemi l’accuse de tous les péchés d’Israël. Car un « Maquis casamançais » uni ou réunifié, avec notamment un Compasse et un Paul Aloukassine avec leurs hommes ainsi que le camp de Diakhaye reconnaissant un César Atoute Badiate comme leur chef, c’est tout ce que Nkrumah ne veut pas voir, ni même simplement entendre. C’est horriblement cauchemardesque pour lui.
Et pourtant, Nkrumah gagnerait certainement à s’honorer, en s’allumant, telle une allumette, ne fût-ce donc qu’une fois, pour alors – enfin ! devrait-on dire – s’éclairer lui-même, tout en éclairant tout alentour. Et peu importe si, dans un tel exercice, il découvre à terme à quel point il a failli dans sa « mission » et qu’il y a laissé ce qu’il lui restait en termes d’honneur et de dignité, si tant est qu’il en ait jamais eu.
Mais, le plus troublant, c’est cette coïncidence qu’il y a entre le funeste dessein de Nkrumah et l’agression perpétrée par l’Armée contre les positions de Compasse et de ses hommes, les 13 et 14 mai puis le 20 mai 2020, respectivement à Bissine/Bilasse et à Diagnon, dans le sud-est de la Casamance.
Que veut-on ? Que cherche-t-on avec ces attaques de l’Armée, au plus fort de la crise sanitaire du Covid-19 ? Et que peut bien signifier cette omerta qui, telle une chape de plomb, couvre, si opportunément, sinon par opportunisme diabolique, cette agression soudaine de l’Armée contre le MFDC ? Pas le moindre cri d’aucune « pleureuse », en effet.
Pis ! Robert Sagna avec son GRPC se tait, et se terre. Lui, dont la supposée accointance d’avec Compasse a pourtant « coûté » son poste à celui-ci.
Dakar, le 28 mai 2020.
Jean-Marie François BIAGUI
Président du Parti Social-Fédéraliste (PSF)
Ancien Secrétaire Général du MFDC
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