La radioscopie de la nouvelle configuration politique (M. A Tounkara)

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MON OPINION :
Enfin, il vient de le dire. Il va partir. Juste le temps de terminer son dernier mandat. Il va nous quitter. Après son discours historique du 03 juillet 2023, le Président Macky SALL annonce officiellement son départ de la tête de l’État, prenant à défaut nombre de ses partisans, d’observateurs politiques, mais aussi le citoyen lambda tant il a entretenu le flou au sujet de sa troisième candidature ou son second quinquennat, c’est selon.

Car le « ni oui », « ni non » servi à tous dès lors qu’il fut interpelé sur le sujet, en dit long. Toutefois, il faut le reconnaitre, il entre dans l’Histoire. Il l’enjambe d’un vol d’oiseau. Oui, Il devient historique !
Le Président M. SALL vient de libérer le peuple, du moins sa frange la plus importante, en lui extirpant ce goulot d’étranglement. Hommes politiques, pour ne pas dire ses partisans ou ses contempteurs, jeunes et vieux, hommes et femmes, citoyens de tout bord, se sont abandonnés à ce débat, qui a enlisé tout le pays dans les incertitudes du lendemain, à fortiori lorsque l’opposition la plus significative a failli ravir la vedette au régime de BBY, à l’Assemblée nationale. Confirmant la réalité de notre démocratie.
Que de tohu-bohu, avons-nous vécu avant cette délivrance ! Notre cher Sénégal a souffert dans sa chair et dans son âme. Il a été défiguré par des actes de vandalisme d’un autre temps. L’affaire « Ousmane SONKO-Adji SARR » aura plongé le pays dans les abysses d’un foutoir. Temple du Savoir saccagé, grandes surfaces pillées, ambulances malmenées, véhicules de transport brûlés etc, au point de susciter inquiétude, honte et désolation quant à notre avenir et aux yeux de la communauté internationale où nous avons toujours joui d’un statut de démocrates de haut rang, de porte-étendard de l’Afrique, sous plusieurs angles, tels que nous l’avons toujours été et tels que nous l’avons toujours prouvé au firmament de l’Histoire.
C’est pour dire qu’après avoir suscité désarroi et scepticisme au sein du peuple par les actes à lui posés, durant tout ce temps truffé de nos légitimes interrogations ; de la répétition urbi et orbi l’article 27 de la Constitution : « La durée du mandat du Président de la République est de cinq ans. Nul ne peut faire plus de deux mandats consécutifs. », au limogeage de ministres de l’APR à qui l’on prêterait l’intention de vouloir lui succéder, en passant par la révocation de toute autorité nommée par décret, si peu qu’elle ait parlé de cette éventualité ou le slogan du second quinquennat chanté à tue-tête par ses thuriféraires, nul ne pouvait projeter cette feinte, qui a dérouté plus d’un. À moins qu’il ne soit dans le secret des dieux.
En dépit de son bilan matériel ô combien reluisant, – il faut l’avouer-, son bilan immatériel dont l’irrespect de son fameux slogan : « La patrie avant le parti. » et le flou entretenu autour de la candidature de trop, ont été le levain de ce désamour grandissant, issu du peuple dont les premiers facteurs ne furent rien d’autres que les résultats des dernières élections législatives, qui ont consacré à l’opposition cette entrée fracassante à l’Assemblée nationale et la perte des grandes villes du pays par le BBY aux dernières élections municipales et départementales, tout comme Dakar, qui est resté dans l’escarcelle de l’opposition.
En matière de bilan immatériel, comment ne pas évoquer l’arrogance des gens de BBY, qui, une fois promus à certains postes, peut-être rêvés, aveuglés par les lustres du pouvoir, se sont mus dans l’environnement d’un narcissisme à nul autre pareil, confirmant, par ricochet, l’enivrement du pouvoir, qui, dit-on, rend fou. Cette folie, qui fait vivre dans les nuages de la jouissance, qui extirpe de la conscience et du subconscient de ce dernier les jalons posés durant les différents combats, qui les o dnt hissés à ce niveau de responsabilité.
Cette folie qui enfante la suffisance chez certains, oubliant leurs devoirs de serviteurs du peuple – délégataires de pouvoirs – et pour qui, ils sont nommés. Oubliant que « le pouvoir est fait pour servir. », pour parler comme le président Kéba MBAYE ; oubliant qu’ils ont le privilège d’être choisis parmi leurs pairs, parfois plus méritants qu’eux ; oubliant, aussi, que les échanges épistolaires demeurent un socle essentiel des rapports : administrateurs-administrés. Phénomène compréhensible, du fait de complexes à connotations diverses, d’une incompétence voilée, d’un manque de culture citoyenne, du sens de l’État, de loyauté envers leurs mandants, et tutti quanti. Et cerise sur le gâteau, ils arrivent à l’outrecuidance de sélectionner et maintenir un black-out sur les messages et appels téléphoniques reçus.
Jacques Attali s’écrit dans Verbatim, page 12 : « L’exercice du pouvoir grossit les caractères des êtres comme la loupe ceux de l’imprimerie. Il est une drogue qui rend fou quiconque y touche, qui corrompt quiconque s’y installe, qui détruit quiconque s’y complait. Aveuglées par les phares de la renommée, les chenilles dévorées ont tôt fait de se métamorphoser en vaniteux papillons. »
Il poursuit : « J’ai découvert que le pouvoir politique donne à celui qui y accède l’illusion de disposer de quelque chose comme un gage d’éternité : insouciance, impunité, flagornerie, tout concourt à laisser l’homme de pouvoir se croire affranchi des contraintes de l’humain, donc de la loi et de la morale. À le pousser à confondre renommée et réputation, gloire et célébrité, reconnaissance et révérence, curiosité et admiration. À cesser de douter, à perdre l’esprit critique, à ne plus être soi, bref au sens propre du mot aliéné. ».
L’appel du Président M. SALL se ressasse encore dans nos oreilles : « Ouvrez vos téléphones et répondez aux interpellations des citoyens. ». J’ai eu à donner dans une contribution l’exemple d’une grande-sœur née le 18 juin 1945 et qui, en 1970, avait adressé un courrier au Général De Gaulle, suivie d’une réponse manuscrite de ce grand homme. Quid du doyen Amadou Makhtar MBOW, ancien Directeur général de l’UNESCO, un modèle pour le Sénégal, pour l’Afrique, voire pour toute l’humanité, qui, par la pédagogie par l’exemple enseigne que rien n’est plus discourtois que de tenter snober un appelant dès lors qu’il est un être humain. En bon communicant et par politesse, malgré le poids de l’âge et chevillé sur le principe du devoir de devoir de répondre à l’autre, ce centenaire a toujours accordé du prix à cet échange. Malheur à ceux qui se croient supérieurs à leurs prochains ! Que Dieu les aide !
C’est pourquoi, il faut que notre pays se départisse de ce genre de comportements qui n’honore pas les hommes politiques et qui les fait classer par le citoyen lambda dans la sphère des bonimenteurs, alors que l’exercice politique n’est que le reflet de la personnalité de l’individu. Ce comportement de complexés doit être remis dans les placards de l’antiquité. Sûr que je suis que cette question peut bien être solutionnée par le peuple sénégalais armé de ses puissantes cartes d’électeurs, qui ne cesse de nous démontrer sa grandeur dans le silence du bureau de vote, à chaque fois que de besoin.
La date du 23 juin 2011 est encore fraîche dans nos mémoires. On se rappelle très bien de ce combat dudit peuple, debout comme un seul homme, bravant tout interdit, aux fins de contraindre le Président WADE à reculer dans sa démarche insinuant une transmission voilée du pouvoir, de père en fils. Ce vaillant peuple, dans sa légendaire souveraineté et sa diversité, venait de se singulariser comme une armée de gladiateurs dopés et obnubilés par le non- vote de ce projet de loi, convergeant vers le siège de l’Assemblée nationale. D’où, sa victoire !
Le Dialogue national convoqué par le Président de la République – dans le sillage de celui du 28 mai 2016 –, s’est tenu sans un segment significatif de l’opposition, une bonne partie de Yéwi Askan wi; ce que je considère comme relevant de l’inexpérience politique, car l’option de la chaise vide est lourde de conséquences néfastes, en politique. Les boycotteurs des élections législatives de 2007 en ont pris pour leurs grades. L’absent, dans le cadre du différend qui l’oppose à un régime, se rendra à l’évidence de son erreur, lors de l’applications des conclusions de ce conclave. C’est un truisme de dire que même les guerres se terminent autour de la table de négociation, encore qu’ici, il ne s’agit que de défendre des positions de principes. D’où le sens de la ritournelle : « En politique, certaines erreurs se paient cash. ».
Souvenons-nous du temps du régime socialiste, alors que Maitre Abdoulaye WADE, tout-puissant leader de l’opposition, a rejoint le Gouvernement de majorité présidentielle élargie, suite à un dialogue. Il me revient à l’esprit sa déclaration médiatique, aux côtés de Maitre Ousmane NGOM, sur le parvis du palais de la République, au sortir de son audience avec le Président DIOUF, disant : « Nous avons discuté de tout avec un grand (T).
En conséquence, les conclusions du dialogue justifient les positions de Taxawu Sénégal et du PDS, en ce sens que les prémices de l’éligibilité de leurs candidats sont une réalité. Et là, leur expérience politique aura prévalu. L’ acteur politique ne doit jamais boycotter l’appel au dialogue du protagoniste, à fortiori s’il s’agit du Président de la République, qui qu’il soit, et de quelque obédience qu’il soit, car, c’est le seul lieu de prises de décisions, l’instance d’arbitrage, de concessions, de certifications d’accord ou non, d’opposition de préalables à tout échange dès lors qu’on veuille désamorcer toute bombe dont l’explosion est synonyme de discorde, à fortiori quand on parle du cas de l’évolution politique de notre cher Sénégal.
C’est pour dire que la position de cette partie de l’opposition appellera, tôt ou tard, un dialogue, car, sans négociation, rien de probant. C’est le sens de la vie des peuples, de leur évolution, de l’Histoire, de l’évolution des sociétés. Déroger à cette règle équivaut à s’engouffrer dans un tunnel sans issue. Pour ma part, ce dialogue n’est rien d’autre que la suite logique de notre si cher arbre à palabres, valeur intrinsèque de notre patrimoine culturel. Quoiqu’on nous ait appris que la démocratie est née à Athènes, en Grèce, mais pour autant, l’Afrique l’a pratiquée, déjà au XIIIeme siècle, avec la Constitution du Mandé, classée par l’UNESCO, Patrimoine Culturel Immatériel de l’humanité.
Alors que l’opposant charismatique Ousmane SONKO, est doublement condamné dans un premier procès l’ayant opposé au ministre Mame M. NIANG et à un second, intenté par la fille Adji SARR, risque de ne pas prendre part à l’élection présidentielle du 25 février 2024, qui sera organisée par le Président non-candidat, une première dans notre Histoire politique. Un nouveau symbole pour notre démocratie !
Oui, le Président M. SALL est entré dans l’Histoire quoiqu’on puisse dire. Sans verser dans la flagornerie ou la jalousie, par cette décision, il écrit une nouvelle page de l’Histoire. Les félicitations reçues aussi bien de ses compatriotes que de la communauté internationale en témoignent éloquemment. Le tout pourrait se résumer par celles du Secrétaire général des Nations Unies : « Vous êtes un modèle pour votre pays et pour le monde. »
N’ayant jamais déclaré sa candidature malgré tous les actes à lui posés, pour ne citer que sa récente tournée européenne, ou son entretien avec tous les exécutifs locaux du BBY comme pour exhiber l’état de son parrainage, il est resté cohérent et fidèle à son propos de non-candidature, comme il l’a révélé dans son livre : « Le Sénégal au cœur. ». En tout cas, le moins que l’on puisse dire est qu’il a été déroutant au point d’avoir driblé bien de ses partisans embourbés dans l’optique de sa réélection. Les faits sont patents.
Aujourd’hui, avec ce candidat de moins, le jeu est très ouvert. Une mosaïque nouvelle s’impose. L’alchimie des alliances peut tout engendrer. Le Président sortant organisera cette élection particulière. Le nombre de candidats de l’opposition suscite bien des probabilités. Au moment où le BBY, à l’issue de son conclave du lundi 10 juillet 2023, donnait carte blanche à son leader pour le choix tant attendu ; ce qui me semble antidémocratique, car c’est une coalition de sous-coalitions. Une concertation de plénipotentiaires de ses entités autour du Président serait plus judicieuse.
Quelle que puisse être la difficulté du choix, une avalanche de critères devraient commander le profil du candidat. De mon observatoire, des potentiels présidentiables connus de tous, – Ali Ngouille NDIAYE, Abdoulaye D. DIALLO, Amadou Makhtar CISSÉ, Mamadou Moustapha BẬ, Amadou BẬ -, l’actuel Premier ministre devrait sortir du lot au regard des fondamentaux qui font un homme d’État, à plus forte raison la maitrise du Plan Sénégal Emergent. Les potentiels candidats issus des partis alliés quand bien même auraient-ils une compétence supérieure, ne serviront que de faire-valoir. Comme d’habitude. Pour rien au monde, le Président Macky SALL ne porterait son dévolu hors de son parti. Et gare au « Sabar gu tass », si jamais moult candidats se présenteraient dans le BBY. Sa chute serait vertigineuse.
De la multiplicité des candidats – le numéro 2 de la présidentielle de 2019, Idrissa SECK, qui prédisait d’arrêter la politique en 2022, le candidat de Taxawu Sénégal, Khalifa Ababacar SALL, le candidat du PDS, Karim WADE, Bougane GUEYE, Boubacar CAMARA, Déthié FALL, Alioune SARR, Aminata TOURÉ, Aida MBODJ, etc –, l’ex Maire de Dakar devrait jouer un rôle prépondérant, voire décisif dans le choix du peuple.
Voilà le simple point de vue d’un citoyen, ou sa radioscopie de la nouvelle configuration politique qui, à coup sûr, soumettra à notre grand peuple différents programmes, au-delà de cette foultitude de profils et critères à passer au peigne-fin, afin d’élire le nouveau Président de la République, cet homme d’État qui se voudra très expérimenté, au talent de rassembleur et de pacificateur dont la Nation a plus que jamais besoin. Tout en donnant au Chef de l’opposition sa place statutaire dans le sillage de la perfection démocratique.
Vive la République !
Mame Abdoulaye TOUNKARA
Citoyen sénégalais

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