La presse privée est-elle devenue la 5e colonne de l’opposition ?

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La question mérite d’être posée, car il est difficile maintenant de suivre une seule émission d’une télévision sénégalaise, de lire un journal ou d’écouter une radio du secteur privé, sans être frappé par la virulence des propos de journalistes qui s’autoproclament « chroniqueurs » pour mieux cacher leur engagement militant aux côtés de l’opposition.

Commençons par le chef de file de ces groupes de presse dont l’hostilité au pouvoir est de notoriété publique : Walf dont l’opposition au pouvoir s’explique aisément du fait de l’engagement militant de l’épouse du patron, auprès de FRAPP et de PASTEF. Tous les animateurs et journalistes sont asservis à ce positionnement de la première dame de ce groupe. Incroyable ! De Moustapha DIOP à Sa Ndiogou, en passant par Pape Matar DIALLO, Pape NDIAYE, chacun s’y donne à cœur joie, foulant allègrement au pied les règles déontologiques et ontologiques de la profession de journaliste et du code de la presse/

Au groupe D-Média, la situation est plus compréhensible, car le patron de ce groupe est un politicien avéré et déclaré dont l’ambition est d’être le prochain président de la république du Sénégal. Depuis la naissance de cette légitime ambition, le groupe D-Média use de la tension permanente comme ligne éditoriale contre le pouvoir. Alors comme effets pervers, tous les travailleurs de ce groupe sont devenus des voix contre le régime, chacun prêchant pour sa chapelle : Ahmed Aidara, Mansour DIOP, Fatou Abdou NDIAYE, Ndeye DIME, etc.

A la 2STV, c’est une jeune journaliste, Astou DIONE, petite amie d’un leader de PASTEF mais coachée par Pape Alé Niang, qui est parvenue à embrigader un lot de jeunes animateurs et présentateurs d’émissions : Pape Sidy FALL, Bijou NGONÉ, Mamadou MBAYE (fils de Becaye Mbaye). A ce groupe, il faut ajouter Babacar DIONE qui ne fait pas mystère de son amour pour YAW.

Au groupe GFM, il suffit de suivre les émissions matinales pour être édifié sur l’opinion politique des journalistes qui peuplent cette télé : Malick THIANDOUM, Che, Pape Djibril FALL, etc.
Nous rappelons à ces messieurs que la liberté de la presse recouvre deux notions indissociables : le droit d’informer et le droit d’être informé. Si le premier appartient au journaliste, le second est pour le public.

Alors, peut-on dire qu’au Sénégal, avec cette presse privée le droit d’informer est pleinement exercé, quand la majorité des citoyens en sont exclus et que le droit d’être informé est garanti quand il est arbitrairement mutilé. Cette presse privée n’informe pas, elle déforme, elle affabule, elle dénigre, elle transgresse les lois et codes qui fondent le métier de journalisme.

Il faut rappeler avec force que la liberté de la presse n’est illimitée, sous réserve de préserver les autres libertés civiles, que dans la mesure où elle est destinée à garantir le droit à l’information.

La liberté de la presse n’est garantie que dans la mesure où le droit d’informer n’est ni soumis à la tutelle du pouvoir politique ni assujetti aux objectifs cachés des journalistes et autres professionnels de la presse.

Nous sommes d’avis que sans contre-pouvoir, sans information de qualité, sans indépendance de la presse, la liberté n’est qu’une illusion et la démocratie, un idéal inachevé. Tous les titres de presse ne se valent pas. Toutes les pratiques journalistiques ne se valent pas. Le pluralisme et l’information de qualité devraient être des biens communs et faire l’objet d’un consensus démocratique large, trans-partisan. Pour cela, il n’y a rien de plus déontologique que de produire une information vérifiée et d’aller au fond des choses, car un journaliste n’est pas un militant, un sauveur, un justicier ou un chevalier blanc. Un journaliste se doit de produire une information de qualité comme un boulanger se doit de produire du bon pain. « Journaliste engagé » ne signifie pas « journaliste partisan » ! Arrêtons la mascarade encore qu’il est temps pour sauver notre pays des affres de la division et de la violence.

Oui ! Le Sénégal n’a pas besoin de « médias antisystème » ou « alternatifs », de « rebelles » ou de « dissidents ». Notre pays a réellement besoin de médias indépendants des puissances d’argent et des pouvoirs, et ce, quels que soient leurs postulats ou leur ligne éditoriale. La bonne poursuite de la construction nationale est à ce prix !

C’est pourquoi, le CORED, le SYNPICS et le CNRA sont interpellés. Le ver est dans le fruit. Très profondément même. Si l’on n’y prend garde, l’étincelle qui va embraser notre beau pays viendra des médias, car une bonne partie de la presse privée est devenue la 5ème colonne de l’opposition.

     FÉLIX MBOUP

Professeur de Lettres

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